Partant du principe d'auto-préservation, le gouvernement Charest refuse de laisser son ancien ministre de la Justice, Marc Bellemare, témoigner à Québec devant une commission parlementaire plutôt que seul et à huis clos devant le Directeur général des élections.
Dans un tel cas – puisqu'il n'y a toujours pas de commission d'enquête publique -, la question cruciale devient: comment feront les citoyens pour savoir ce que l'ancien ministre prétend savoir lui-même?
Parce que les allégations de Me Bellemare sont spectaculaires et inquiétantes, la réponse à cette question, au-delà de la joute partisane, est essentielle.
De fait, pour savoir si ses dires sont fondés, il faudrait commencer par en connaître la nature précise.
Car, franchement, de mémoire de femme, je ne me souviens pas d'avoir vu un ex-ministre attaquer aussi publiquement et durement son ancien premier ministre.
Et ce, jusqu'à dire de M. Charest, qu'il «ment comme il respire» – pour reprendre les mots de Me Bellemare, tels que rapportés ce soir.
Parce que ces allégations sont graves et qu'elles touchent le premier ministre, la gestion des fonds publics et le financement des partis politiques, et pour reprendre la «une» du Soleil de la semaine dernière, les Québécois méritent de savoir «qui dit vrai»?
En fait, cette situation surréaliste, laquelle dure maintenant depuis une semaine, est devenue proprement intenable. Ce qu'il reste de la confiance de la population en son premier ministre, son gouvernement et ses institutions, est en jeu.
Ou, Me Bellemare est un mythomane et un fou furieux, qui tire à boulets «rouges» dans toutes les directions sans faits véridiques dans son sac. Ou bien, il a des allégations sérieuses et détaillées à faire.
Car pour tout dire, à regarder se multiplier les échanges acrimonieux entre lui, le premier ministre et certains de ses ministres, par médias interposés, il ne semble plus rester beaucoup d'autres scénarios possibles entre ces deux extrêmes…
La situation est de plus en plus rocambolesque. Le premier ministre du Québec se fait traiter publiquement et à répétition de «menteur» par son ancien ministre de la Justice! Il faut donc que ça cesse. M. Charest ne peut plus laisser flotter une telle chose dans les airs en se contentant d'envoyer ses ministres lancer des attaques personnelles contre Marc Bellemare.
Et la seule manière que ce cirque puisse cesser est de trouver un moyen d'entendre publiquement Me Bellemare tout en lui assurant l'immunité.
Encore une fois, les Québécois ont le droit de savoir «qui dit vrai».
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Voir aussi l'article mis en ligne en fin d'après-midi:
«L'ex-ministre de la Justice Marc Bellemare a assuré, mardi, qu'il dispose de preuves démontrant que le premier ministre Jean Charest a été informé à plusieurs occasions d'irrégularités dans le financement du Parti libéral du Québec. M. Bellemare a affirmé qu'il a discuté plus d'une fois de cette question avec le premier ministre, durant l'année où il a été au gouvernement. Lors d'une entrevue, M. Bellemare a rejeté une nouvelle fois toute possibilité qu'il accepte de témoigner devant les enquêteurs du Directeur général des élections.
Même si le DGE lui garantit que son témoignage sera confidentiel et qu'il ne sera pas poursuivi en vertu de la Loi électorale, M. Bellemare juge ces assurances insuffisantes. L'ex-ministre, qui a quitté ses fonctions en avril 2004, souhaite avoir la même immunité que celle dont les parlementaires disposent puisque les informations qu'il veut révéler pourraient l'exposer à des poursuites. M. Bellemare a déclaré qu'il est totalement disposé à accepter une invitation à venir témoigner devant une commission parlementaire de l'Assemblée nationale, comme le proposera formellement l'Action démocratique, mercredi.
L'ex-ministre de la Justice et procureur général du Québec a accusé M. Charest d'abuser de sa propre immunité parlementaire en affirmant qu'il n'a jamais été mis au courant d'irrégularités dans le financement du PLQ. M. Bellemare a répété que le premier ministre ment et il a soutenu qu'il a des preuves pour le démontrer. Selon l'ex-ministre, il a discuté à plusieurs reprises avec M. Charest de l'influence exercée par les syndicats et les entrepreneurs de la construction.
Selon M. Bellemare, le gouvernement n'est pas intéressé à ce qu'il comparaisse devant une commission parlementaire par crainte de ce qu'il pourrait révéler.»
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Bonjour Mne.Legault
La défense de Jean Charest reste toujours la même depuis le référendum 95; il n’a rien vu, rien entendu et n’a pas ouvert la bouche, comme les trois singes de la bêtise. La course à la chefferie au Parti libéral est commencée, quelques-uns comme le stratège John Parizella nommé à New-York par son ami Jean Charest ont quitté le navire avant qu’il ne heurte les récifs de la grogne populaire.
http://ruefrontenac.com/nouvelles-generales/28-quebec/2038-marois-charest?format=pdf
@ Bonjour. Oui, en effet. Je m’en souviens. D’autant plus que j’avais utilisé la même analogie un mois auparavant:
http://www.voir.ca/blogs/jose_legault/archive/2009/02/11/avis-de-recherche.aspx
La session parlementaire actuelle ressemble à celle de l’automne dernier où le relâchement des mœurs politiques et des comportements éthiques ne font que renforcer le cynisme des citoyens envers leurs institutions. À la première journée parlementaire, le gouvernement récompense le manque de jugement pour ne pas dire le manque d’intégrité : le député Jean D’Amour siégera à la Commission de l’administration publique, tribunal administratif et organisme de surveillance en matière de gestion des ressources humaines dans la fonction publique québécoise. Après avoir ouvertement défendu l’incompétence des dirigeants de la Caisse de dépôt, l’implication conflictuelle de plusieurs gestionnaires de FIER et le manque d’éthique de plusieurs de ses ministres, le gouvernement continue de minimiser les problèmes de lobbyisme, de collusion et même d’infiltration par le crimes organisé de certaines corporations syndicales. Nous pouvons déjà prévoir que le parti au pouvoir refusera d’entendre Marc Bellemarre en commission parlementaire sur le financement des partis politiques. Plusieurs de nos institutions gouvernementales, ministères, organismes et municipalités, sont également victimes de l’immobilisme du gouvernement qui contribue à la détérioration de la confiance du public envers ces institutions. Un tel climat public ne peut que mener au désabusement de la population et pire, des forces vives du Québec. Des milliers de bénévoles qui oeuvrent au développement du Québec commencent à quitter le bateau. Quand d’ex-maires, préfets, dirigeants d’organismes, gens d’affaires et bénévoles affirment qu’il n’y a plus rien à faire, que l’intérêt des lobbyistes, de certains politiciens et mêmes des partis politiques passe avant le bien-être commun, il y a de quoi s’alarmer. L’opposition crie bien fort, mais veut-elle réellement une enquête publique? Quand verrons-nous les députés au pouvoir et l’opposition se lever ensemble pour le peuple, défendre la justice et honorer leur serment d’élu même au risque de briser la ligne de parti? Ne rien faire vous condamne à la complicité, peu importe du côté de la chambre que vous soyiez…Il n’est peut-être pas trop tard pour extirper le Québec de ce purin dans lequel il s’est embourbé. Refuser plus longtemps d’imposer une enquête publique sur la construction, les processus d’appel d’offres, le suivi des contrats, l’impartialité des acteurs et le financement des partis ne peut que mener au cynisme, au désabusement, voire à la délinquance fiscale ou au travail au noir. Et force est de constater que voter ne signifie plus rien pour une grande partie de la population.
Michel Lemay: « Quand verrons-nous les députés au pouvoir et l’opposition se lever ensemble pour le peuple, défendre la justice et honorer leur serment d’élu même au risque de briser la ligne de parti? »
Bang dans le mille. Y a t il d’autres Marc Bellemare sur le point de briser la ligne du parti libéral ? En nombre suffisant pour faire tomber le gouvernement ? Nous en sommes là.
Jusqu’ici les matelots libéraux ont suivi le capitaine achab Charest dans sa galère jusqu’à l’idolatrer, la mutinenerie pourrait venir des rameurs sur leurs bancs, qui voient venir le poisson d’avril qui lui pend dans le dos.
Je n’aurais jamais pensé dire cela mais le directeur général des élections n’a plus aucune crédibilité auprès de la population. La façon dont il a traité les allégations de financement illicite dénoncé par Amir Khadir me laisse bouche bée : aucune enquête ne sera faite sur les 111 personnes liées à quatre entreprises de construction qui ont versé 300 000 $ au Parti libéral du Québec. L’adjoint au directeur général des élections avoue qu’il va se contenter d’envoyer une lettre aux 111 individus leur demandant d’attester la légitimité de leurs dons. Comme si on demandait à un accusé au criminel d’attester qu’il n’a jamais commis de crime et qu’on le blanchisse sur cette seule affirmation. En pratique, c’est ce que le DGE a fait dans le cadre de cette « enquête ». Quelle équipe d’investigateurs ! Je comprends qu’il serait difficile de prouver la mauvaise foi de certaines entreprises, mais de là à rire du citoyen en pleine émission télévisée, comme l’a fait le directeur-adjoint du DGE, il y a une marge. Le citoyen ordinaire n’est pas dupe: il sait très bien qu’il est impossible qu’une centaine de travailleurs provenant de quatre entreprises soient généreux au point de donner 300 000 $ au parti au pouvoir! La population a déjà perdu confiance en ses élus, devra-t-elle aussi perdre confiance en ses institutions?
Je me méfie beaucoup de M. Bellemare. Vincent Marissal a rappelé, chez Marie-France Bazzo, son comportement moins que honnête lors des élections municipales de Québec.
Je soupçonne M. Bellemare d’être incompatible à la vérité. Lancer de la boue, ça il peut. Soutenir ce qu’il avance, je me permets d’en douter.
Surveillez-le. Vous serez déçu.
Fumée et miroir, disait Guillaume Secoue la lance. (William Shakespear) 🙂
Bonsoir Mme Legault,
Comme beaucoup, j’aimerais bien savoir ce que M. Bellemare a d’intéressant à raconter. J’espère seulement qu’il ne s’agit pas d’un pétard mouillé.
En attendant, je vis d’espoir, l’espoir qu’un jour on les verra (les Libéraux bien sûr) se faire mettre le nez dans leurs cacas.
Encore une fois, excusez l’écart de langage.
Une bonne fin de journée,
Le gouvernement Charest, avec toutes les preuves s’accumulant et allant dans le sens d’une corruption d’État, toutes les enquêtes publiques refusées, etc., je crois que Jean Charest devrait simplement démissionner de son poste, c’est ce qu’il aurait de mieux à faire.
Je pense que le PQ entrera en force aux prochaines élections, et Québec Solidaire aura plus de sièges, c’est ce qui pourra nous arriver de mieux, débarrassés d’une administration libérale corrompue.
Je pense que Monsieur Bellemare a véritablement des choses importantes à nous révéler, on doit pouvoir l’entendre. Le huit clos n’est pas une option!
Quelle est la véritable motivation personnelle de Monsieur Bellemare? Je ne crois pas qu’un ancien ministre de la Justice puisse faire une telle sortie publique à la légère, car ce serai un non-sens de mettre sa propre crédibilité en jeu. Il est très sérieux!
À suivre de très près…
Nous pouvons penser raisonnablement, que M. Charest a peur de M. Bellemare, puisqu’il refuse son témoignage à la commission parlementaire, proposée par l’ADQ avec l’appui du PQ.
M. Charest a mis le couvercle sur le chaudron qui ne sent pas très bon mais nous pouvons penser que l’opposition va maintenir le feu en dessous afin d’en augmenter la pression. Nous attendons, avec passion, l’explosion.
Je remercie Monsieur Bellefeuille de nous partager sa version des choses.
Ça donne de l’air frais et de l’espoir dans une ambiance politique, disons-le, plus que «grisailleuse»..
Oui, je crois qu’il est possible que Bellemarre ne rigole pas.
Et ne serait-ce que par statistique…
…Tous les malheurs ne peuvent pas toujours s’acharner sur le Québec indéfiniment…
À un moment donné, le mauvais sort doit bien, lui aussi, avoir des ratées…
Christian Montmarquette
C’est plate que tout ça éclate maintenant… car il reste 3 ans au gouvernement Charest et d’ici là les gens auront oublié… 😐
Peu importe ce que l’on peut penser de Marc Bellemare, il se trouve que ce qu’il affirme, la plupart des citoyens le pensent tout bas, se le cachant sans doute à eux-mêmes s’ils sont partisans de ce parti qu’il attaque directement, tout en se gardant bien de dire qu’il pourrait aussi en attaquer d’autres. C’est parce qu’il connaît toutes les cartes dans son jeu qu’il refuse de se présenter devant le Directeur général des élections, devant qui le Premier ministre lui intime l’ordre de se présenter seul et à huis clos, et qui est censé la connaître lui aussi cette maldonne des cartes, mais qui se garde bien d’en dévoiler une seule, parce qu’il se voit un peu par la bande mis à mal avec ces révélations.
Les grands airs offusqués du Ministre actuel de la justice ne pourront pas dissiper ce malaise dans la population. Du coup, cette intransigeance du gouvernement se retourne contre lui, les gens se disant que s’il n’avait rien à cacher, il ne prendrait pas de telles précautions dont tout le monde aura compris que c’est pour priver le poursuivant d’une partie de son immunité et pour ne divulguer que ce qui conviendra que l’on agit ainsi.
Merci Monsieur Montmarquette! Comme vous le savez déjà, Québec Solidaire aura mon vote aux prochaines élections. Je souhaite à Québec Solidaire de pouvoir éventuellement diriger le Québec.
Voici ma propre interprétation :
la démocratie, le système de droit et de justice sont actuellement dans un cul de sac au Québec en raison de l’entêtement du gouvernement Charest à ne pas donner au système de justice toute la place qu’il devrait occuper pour faire la lumière sur les pertes de 40 milliards à la Caisse de dépôt et placement du Québec, la corruption dans la construction et la structure circulaire qui l’accompagne dans le financement du gouvernement Charest. C’est la crédibilité même de notre système politique et juridique qui est menacé : la perte presque totale de confiance de la population envers la politique et la justice, car personne ne semble pouvoir y mettre de l’ordre.
Monsieur Bellemare est donc extrêmement crédible en raison des fonctions qu’il a occupées, de sa formation juridique, etc. Ça ne prendrait qu’une seule personne comme Monsieur Bellemare pour littéralement renverser le gouvernement Charest, et je crois que le premier ministre Charest le sait très bien. Je pense qu’on ne pouvait pas espérer mieux que la venue de Monsieur Bellemare. Je pense aussi que Monsieut Bellemare en a justement marre de toute cette corruption étatisée et qu’il est plus que temps de briser le silence. Très courageux cet homme! Il a le pouvoir de plonger le gouvernement Charest dans une « belle mare » de fiente nauséabonde, celle des libéraux actuels du Québec.
Il était temps! Bravo!
Il est évident que Jean Charest ne contrôle plus rien au sein du gouvernement. Ni même de son parti, probablement…. D’ailleurs, a-t-il déjà contrôlé quelque-chose ? Beaucoup croient qu’il ne serait que le pantin frisé (frisé comme une pute de luxe…) d’un puissant lobby du patronnat et du monde des affaires québécois.
Si cela se confirme, ça voudra dire que depuis 7 longues années (depuis son élection en 2003) des loups plus ou moins bien intentionnés ont pu entrer tour à tour dans la bergerie et se rassasier des biens du peuple, avec sa complicité. Depuis 2003, imaginez…. ça peut représenter pas mal beaucoup de loups !
Bien naifs (pauvres naifs…) sont ceux qui n’ont pas encore démasqué Jean Charest depuis tout ce temps….!