Si vous le permettez, j'aimerais reprendre quelques éléments de mon billet «Quels «gestes fondateurs»?», en ajouter de nouveaux et, surtout, soulever la question fondamentale du «statut particulier» accordé à la «liberté de religion» que ce projet de loi est en voie de consacrer. Une question que l'on ne soulève pourtant pas beaucoup (voir le point 8).
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I) UNE PROJET NI FONDATEUR, NI NOVATEUR
Le projet de loi 94 «établissant les balises encadrant les demandes d'accommodement dans l'Administration gouvernementale et dans certains établissements», en bonne partie, ne fait que reprendre la définition des «accommodements raisonnables» de même que les «balises» déjà édictées au fil d'une jurisprudence construite au fil des ans essentiellement par les tribunaux.
Pour la nouvelle, voir: http://www.ledevoir.com/politique/quebec/285697/quebec-choisit-la-laicite-ouverte
Pourtant, dans Le Devoir du 20 mars, le premier ministre Charest promettait des «gestes fondateurs». hier encore, lors du dépôt du projet de loi, il parlait d'un «geste législatif fort et fondamental».
Des gestes fondateurs? Eh bien, désolée, mais à la lecture du projet de loi, on y trouve zéro «gestes fondateurs». Aucun. Vraiment. Aucun.
La seule «nouveauté» dans ce projet de loi: cette «pratique d'application générale» voulant qu'une personne donnant ou recevant un service public le fasse «à visage découvert». Donc, sans niqab, ni burqa. (Quoique dans les faits, le projet de loi ne les nomme pas et parle quand même d'«accommodements» pouvant toujours être demandés sur cette question, lesquels seraient «refusés» «si des motifs liés à la sécurité, à la communication ou à l'identification le justifient».
Bref, nous voguerons encore sur la vague du «cas par cas». Dans l'interprétatif et le subjectif.
En d'autres termes, à ce détail près, on dirait un projet de loi rédigé par des juges de la Cour suprême…
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2) LE CHOIX DE LA LAÏCITÉ DITE «OUVERTE»
Le premier ministre affirme qu'avec ce projet de loi, le gouvernement a «choisi son camp, celui de la laïcité ouverte». Ce concept plutôt imprécis est en fait à géométrie variable. Par exemple, ce projet de loi ne met aucune limite au port de signes religieux dans les institutions publiques. Tandis que le rapport Bouchard-Taylor, lequel épousait pourtant ce même concept de «laïcité ouverte» en recommandait l'interdiction pour les «agents» de l'État qui incarnent son «autorité», comme les policiers, les juges, etc…
On voit donc que le concept, dans les faits, n'a pas de définition précise et se prête à diverses interprétations. Une chose par contre est claire: ceux qui appuient ce concept confère une importance particiulière à la «liberté de religion» et son expression dans les institutions publiques. (Retenez cela, c'est important pour la suite de ce billet).
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3) L'ARGUMENT DE L'«HISTOIRE»
M. Charest affirme aussi que le projet de loi est «fondé sur notre histoire à nous, sur nos valeurs à nous, sur ce que nous avons vécu depuis 400 ans». Tout un programme!
Le problème est que cela n'est pas tout à fait exact…
Sans refaire l'histoire du Québec des 400 dernières années (!) et sans remonter jusqu'aux missionnaires, je me contenterai de rappeler que lorsqu'on parle de «liberté de religion» au Québec, dans les faits, c'est la religion catholique romaine qui régnait dans cette «province», tandis que le protestantisme se pratiquait chez la plupart des Anglo-Canadiens. Et que le pouvoir politique du clergé s'est consolidé dans un premier temps suite aux rebellions de 1837-38, alors que les autorités britanniques ont «récompensé» le haut-clergé pour leur appui lors des rebellions (par opposé au bas-clergé, dont plusieurs prêtres et curés avaient plutôt aidé les Patriotes).
Ce pouvoir s'est ensuite considérablement renforcé sous le règne de Maurice Duplessis alors que ce dernier «gouvernait» main dans la main, pour ainsi dire, avec le haut-clergé catholique romain. Au point où ils se fondaient politiquement l'un dans l'autre et où la «croix» et le «crucifix» sont également devenus des outils visuels de propagande pour l'Union nationale. Ce n'est pas un hasard si c'est Duplessis qui a fait installer en 1936 le fameux crucifix au-dessus du siège du président de l'Assemblée nationale…
Bref, ce dont parle le PM nous renvoie dans les faits à une époque où la visibilité et le pouvoir politique de la religion – dans notre cas, catholique – étaient omniprésents et souvent opprimants. Pas vraiment de quoi à faire dans la nostalgie du religieux dans l'espace civique québécois…
Il est donc un tant soit peu abusif d'user de l'argument de «notre histoire» pour justifier son refus d'assurer une véritable laïcité dans l'espace civique, donc dans l'État et ses institutions publiques (on ne parle évidemment pas ici des espaces «publics» et «privés»).
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4) LA TRADITION ANGLO-SAXONNE
Cette laïcité «ouverte» est en fait à la reconnaissance de la présence et à l'expression du religieux dans l'espace civique.
Un principe que l'on retrouve, sans qu'il ne soit nécessairement «nommé» ainsi, dans plusieurs pays et/ou régions de tradition anglo-saxonne, comme le Canada-anglais, les États-Unis, la Grande-Bretagne, etc…
Et un principe où, sous prétexte d'«ouverture» et de «pluralisme» – comme si le mot «pluralisme» n'avait qu'une seule définition -, on finit surtout par encourager la multiplication des communautarismes culturels, ethniques ou religieux.
D'ailleurs, en conférence de presse, M. Charest peinait à répondre aux questions portant sur des exemples envoyés par les journalistes au «cas par cas». Au point où il a même ressorti le concept hautement controversé de «croyance sincère» concocté par la Cour suprême comme «balise» d'interprétation lorsque des accommodements de nature religieuse seront demandés à nouveau…
Donc, pas de vision «républicaine» ici. Vraiment pas.
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5) EXISTE-T-IL UNE LAÏCITÉ «FERMÉE»?
Petit note politico-terminologique:
Il est fascinant de voir les partisans de la laïcité dite «ouverte» dépeindre les partisans d'une vision plus républicaine comme pratiquant une laïcité «fermée» ou «pure et dure». Comme si défendre la vision d'un État véritablement laïc, et non seulement «neutre», tout en respectant la liberté de religion des individus dans les espaces publics et privés, seraient des «purs et durs» ou seraient «fermées» à la diversité dans nos sociétés…
Ne sont-ce pas là plutôt, et tout simplement, deux «visions» différentes du rôle du religieux dans l'espace civique?
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6) UNE FORMIDABLE DIVERSION
Il importe aussi de bien mesurer à quel point cette question du niqab, récemment ultra médiatisée sous toutes ses coutures, aura eu comme effet de créer une formidable diversion par rapport aux questions de fond telle une Charte de la laïcité, le port des signes religieux ostensibles dans la fonction publique, et tutti quanti.
En offrant comme seule mesure explicite celle touchant les niqab et les burqa, quoique sans les nommer, ce projet de loi aura réussi à braquer les projecteurs sur l'accessoire plutôt que sur l'essentiel.
Pis encore, ce projet de loi, en refusant de nommer la question de la «laïcité de l'État» et du port des signes religieux dans l'espace civique tout en interdisant néanmoins le port du niqab et de la burqa (encore une fois, sans les nommer, mais tout le monde comprend de quoi on parle ici), il créé l'impression douteuse et possiblement discriminatoire de ne «viser» que cet aspect très spécifique et visible de l'intégrisme musulman.
Alors que la France, par exemple, sans discrimination, a interdit le port de tous les signes religieux dits ostensibles dans ses écoles. Qu'ils soient juifs, musulmans, catholiques, sikhs, etc., et qu'ils soient intégristes ou non.
Cet aspect du projet de loi mériterait certes qu'on y prête plus d'attention.
En fait, pour redire clairement ce que j'avançais déjà dans ma chronique du 9 mars:
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«Désolée. Je ne vous parlerai pas du niqab, cette cage de tissu qui déshumanise, efface et isole les femmes. Ni du hijab, ce foulard de plus en plus porté à travers le monde. Deux signes parmi tant d'autres de la montée du religieux et des intégrismes. Je ne vous en parlerai pas parce qu'à force de braquer les projecteurs sur les niqabs, les foulards et les femmes qui les portent, on stigmatise celles-ci plutôt que le système intégriste qui les soumet. Pis encore, on se fait croire qu'on aura réglé la question si on interdit le niqab en clamant comme des automates décervelés qu'il faut simplement fonctionner "à visage découvert"… Surtout, je ne vous en parlerai pas parce que le niqab, la burqa et le hijab sont l'arbre qui cache la forêt. Ou, si vous préférez, ils sont une manifestation parmi d'autres d'un problème beaucoup plus vaste, lequel transcende nos frontières et nos débats sur les accommodements dits raisonnables. Ce problème, c'est celui du retour du religieux dans les sphères civique et politique, sous toutes ses formes, incluant les intégrismes. Une chose est sûre: dans plusieurs pays démocratiques, le religieux est sorti du placard où on l'avait pourtant remisé pour cause de libération de la société civile de l'emprise oppressante des diktats religieux.» |
http://www.voir.ca/blogs/jose_legault/archive/2010/03/09/l-arbre-qui-cache-la-for-234-t.aspx
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7) UN PROJET DE LOI QUI CONFOND ESPACES «CIVIQUE» ET «PUBLIC»?
Le projet de loi créé aussi l'impression qu'il confond possiblement espaces «public» et «civique» en exigeant non seulement d'un «membre de l'Administration gouvernementale» de «fournir» un service «à visage découvert» (espace civique), mais en l'exigent aussi d'une personne «à qui des services sont fournis» – espace public. Sauf dans des cas d'urgences médicales ou en l'absence de «motifs liés à la sécurité, à la communication ou à l'identification le justifiant».
En voici la première salve lancée ce soir dans ce sens quant à cette suggestion d'une interdiction, de toute évidence, alambiquée, puisqu'elle confond espaces civique et public:
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8) UN «STATUT PARTICULIER» POUR LA LIBERTÉ DE RELIGION?
À la seule exception de la burqa et du niqab, en refusant d'interdire le port de tous les signes religieux ostensibles dans l'espace civique – sous prétexte, comme dit la ministre de la Justice, que la liberté de religion est une «liberté fondamentale» -, ce projet de loi, plutôt que d'y metttre fin, consacre en fait ce statut particulier que l'on accorde dans les institutions publiques à la liberté de religion par rapport aux autres libertés.
Je m'explique.
L'article 3 de la Charte québécoise des droits et libertés reconnaît que «toute personne est titulaire des libertés fondamentales telles la liberté de conscience, la liberté de religion, la liberté d'opinion, la liberté d'expression, la liberté de réunion pacifique et la liberté d'association.»
Quant à l'article 2 de la Charte canadienne des droits,il édicte ceci: «chacun a les libertés fondamentales suivantes: liberté de conscience et de religion, liberté de pensée, de croyance, d'opinion et d'expression, y compris la liberté de la presse et des autres moyens de communication, liberté de réunion pacifique, liberté d'association».
Donc, dans ce panier de «libertés fondamentales», la liberté de religion est loin d'être toute seule.
CE QUI NOUS AMÈNE À UNE QUESTION IMPORTANTE:
Si, au nom de la «neutralité» de l'État, il est interdit pour un agent de cet État d'exercer sa liberté d'opinion ou de conscience en arborant, par exemple, un macaron à l'effigie d'un parti politique ou un t-shirt imprimé d'un message contre la chasse aux phoques, pour le droit à l'euthanasie, contre la peine de mort, pour la légalisation de la prostitution, et je ne sais quoi d'autre, pourquoi donc l'expression de la liberté de religion par le port de signes religieux ostensibles jouit-elle d'une protection supérieure, d'un statut particulier, par rapport aux autres libertés fondamentales? Et pourquoi ne serait-elle pas vue, elle aussi, comme contraire à cette même «neutralité» de l'État?
Bref, pourquoi ce privilège accordé dans les institutions publiques à la liberté de religion par rapport à la liberté d'opinion, d'expression et de pensée?
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CONCLUSION: GOUVERNER OU PASSER LE TEST DES CHARTES?
Force est aussi de constater, une fois de plus, la difficulté croissante des gouvernements au Canada à penser le bien commun et la gouvernance sans chercher à projeter ce qu'ils «croient» que les juges de la Cour suprême pourraient un jour statuer, ou non, sur une loi qu'ils voudraient adopter! Ouf…
Résultat: l'objectif unique est devenu de «passer le test» des chartes – ou plus précisément celui de l'interprétation qu'en font les cours – plutôt que de réfléchir à ce qui serait nécessaire dans l'intérêt public.
Bref, on constate depuis l'adoption de la Charte canadienne des droits en 1982, une érosion croissante de la souveraineté des parlements face aux tribunaux. Mais une érosion que les parlementaires semblent vouloir s'imposer eux-mêmes sans prendre conscience des conséquences néfastes sur leur propre capacité de gouverner.
Un exemple parmi d'autres: cette peur bleue et irrationnelle qu'ont développée les gouvernements quant au recours à la clause dérogatoire lorsqu'il serait pourtant nécessaire de le faire.
Le paradoxe étant que cette clause est incluse dans les chartes, et est donc parfaitement légale, légitime et constitutionnelle. Et le drame étant que cette clause fut justement incluse dans les chartes pour PROTÉGER la souveraineté des parlements face aux tribunaux – une souveraineté dont les élus ne semblent même plus vouloir vraiment préserver…
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(*) Pour ceux et celles qui se demandent pourquoi, lorsqu'on parle de signes religieux, on utilise de plus en plus le qualificatif «ostensible» plutôt que «ostentatoire», voici quelques définitions utiles à connaître (Larousse):
ostensible: «que l'on ne cache pas, qui est fait avec l'intention d'être vu»
ostentatoire: «qui relève de l'ostentation»
ostentation: «affectation qu'on apporte à faire quelque chose, étalage indiscret d'un avantage ou d'une qualité, attitude de quelqu'un qui cherche à se faire remarquer.»
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Sur ce sujet, le prix du «meilleur titre» – comme dans l'art de résumer une pensée en quelques mots – va sûrement au blogueur Renart Léveillé: «Loi 94: laïcité ouverte ou couverte?». http://www.renartleveille.com/
Notons toutefois, et heureusement, que ceci n'est encore qu'un projet de loi. Donc, ceux et celles qui voudront s'exprimer pour ou contre, en ont et en auront l'occasion.
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@ Caricature: Chapleau – http://photos.cyberpresse.ca/51-7851/?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B17_caricatures-du-jour_781_section_POS1#enVedette/0/recherche/Rechercher%20un%20album/0/onglets/51/0/album/7851/193823/
John J Charest et sa gang de bouffons-drabes sont encore à essayer de noyer le poisson en prenant une position tout à fait libârale dans la ligne de pensée: tout le monde a droit de tout faire et comme ce projet de loi est trop faible et qu’il ne balise rien, il dira encore une fois que le PéQ aura fait tout foirer pcq trop ‘radical’ dans sa dénonciation de la mollesse d’un projet de non-loi.
Encore une fois le problème n’est pas dans le port du voile, du niqab, de la burqa ou du port de la kippa pour les Juifs, mais bien dans l’imposition de signes ostentatoires rétrogrades à des êtres soumis (la plupart du temps les femmes) par des pouvoirs intemporels et irrationnels des hommes à l’intelligence occultée pcq trop fondamentalement religieux.
C’est l’oppression de la liberté de pensée de l’Autre dans la négation de son libre-arbitre qui est à dénoncer et à rééduquer d’urgence et il faut réaffirmer qu’il n’y aucune place pour ce comportement et cette attitude au Québec.
Cette immigration prend une posture politique en imposant ses signes ostentatoires et son prosélytisme passif en imposant ces symboles à tous.
John J Charest, donc, se rend coupable d’un activisme gouvernemental suspect quelques jours avant le budget, et il ne réglera strictement et absolument rien en prenant une tangente ‘individual rights & liberties’ au lieu de voir au bien commun et au bon fonctionnement d’une société québécoise vraiment laïque, et il dira que c’est la faute au PéQ s’il ne peut rien faire, comme il en a l’intention.
La clause No six, celle qui parle d’accomodements raisonables malgré les clauses qui précèdent, me fait penser à des commandement de Dieu avec des : Oui, mais, sauf si, cependant, néanmoins, etc. Ce qui enlève toute autorité et crédibilité au commandement.
Exemple : Tu ne tueras point! Sauf si tu haïs vraiment la victime.
Tu ne voleras point! Sauf si tu as vraiment envie de la chose.
Tu ne mentiras point! Sauf si la vérité te mettais dans l’embarras.
Etc.
Un Jésuite, ou son élève, ne ferait pas mieux. C’est ça quand on a de l’éducation. M. Charest devait être premier de classe en philosophie. Ce n’est pas un compliment.
Si nous ne vous avions pas, il faudrait vous inventer!
Explication claire, nette et précise.
J’espère que la prochaine étape — pour les démocrates, laïques, progressistes, antiracistes, ouverts aux autres que nous sommes — ne sera pas de passer en mode «laïcité de combat», une étape qu’on atteinte quelques démocraties occidentales… J’espère que le «bon sens» des valeurs humaines toutes simples (ce gros bon sens si cher à cette journaliste qui trouve «drôle» d’enfiler le voile de la non-vie), va finir par s’imposer et que le débat va se faire sur les idéologies religieuses obscurantistes qui, au nom de la liberté (de religion), obtiennent un espace et des droits que n’obtiennent jamais les idéologies tout aussi liberticides mais politiques, philosophiques, non religieuses….
Et il faudra vraiment être nombreux, très nombreux au Grand rassemblement pour la laïcité, le 28 avril…. voir le site de la Coalition Laïcité Québec à http://laicitequebec.wordpress.com/
À peine le projet de loi 94 – Loi établissant les balises encadrant les demandes d’accommodement dans l’administration gouvernermentale et dans certains établissements – avait-il été déposé à l’Assemblée nationale que le premier ministre Jean Charest et la ministre de la Justice Kathleen Weil se sont empressés d’affirmer qu’il « tranche » en faveur d’une « laïcité ouverte » et que cela signifie que le port de tous signes religieux dans les rapports des employé-es de l’État avec les citoyen-nes est autorisé. Peut-on penser qu’aux yeux du premier ministre et de la ministre ce que le projet de loi n’interdit explicitement est autorisé de facto ? Il s’agit d’un détournement de sens : il n’est nullement question de laïcité ni de port de signes religieux dans ce projet de loi. Le gouvernement se sert du silence du projet de loi sur ces questions, un silence qu’il a choisi, sinon calculé, pour décréter ensuite des règles hors d’un cadre juridique et parlementaire normal. Il ferme la porte à un débat sur la laïcité : il a « tranché », nous avertit-il. Un article de Micheline Carrier, éditrice du site féministe Sisyphe.
Lire le texte intégralement: http://sisyphe.org/spip.php?article3566
The Globe and Mail soulève la question à savoir si cette loi est conforme à la Charte des droits:
Quebec could be heading for a human rights showdown if it proceeds with a proposed law to ban women from wearing face-covering veils on government premises, constitutional experts warn.
“This legislation will probably be considered a breach of human rights,” said Lorraine Weinrib, a leading constitutional expert and professor with the University of Toronto’s law school.
http://www.theglobeandmail.com/news/national/quebec/quebecs-niqab-ban-sets-up-a-legal-showdown/article1512537/
@ Merci d’attirer l’attention sur ce dernier. En le lisant moi-même ce soir lorsqu’il fut mis en ligne, cela confirmait à quel point ce projet de loi confond espaces civique et public. Entre autres choses…
Je suis toujours estomaqué par cette logique qui défie l’entendement. Le Québec a refusé de parapher cette constitution assassine et le Québec est tout de même tenu de s’y conformer. 🙁
Je dit : » Au diable Ottawa et sa Charte. Vivons en l’ignorant. volontairement, et attendons la suite. »
Un peu de courage!
Ah! Si seulement…
Je souhaite de tout coeur que nous nous retrouvions devant la Cour Suprême. Nous avons le reste du Canada normal derrière nous. Il faut en profiter et créer une crise qui serait bénéfique pour tous. Une Charte revue, corrigée et améliorée. Voilà l’objectif. 🙂
Cordialement.
Je pense que les gens ont une obsession bien moderne du « tout doit être écrit dans une loi ou une chartre ».
Y’a de quoi qui se perd, non?… Vivez saperlipopette!
Comment une personne sensée pourrait-elle se contenter des entourloupettes insignifiantes de Jean Charest qui tente de nous faire croire qu’il a dorénavant du mordant alors qu’il est aussi terrifiant qu’un moustique édenté? Pas besoin d’être « le gouvernement » pour accoucher de mesures aussi minimalistes et insignifiantes.
Le gouvernement Charest va décidément trop loin dans sa mollesse et son aplaventrisme devant sa clientèle électorale. Interdire la burqa et le niqab dans les bureaux de l’État est un exercice de simple bon sens et non l’attitude ferme qu’on attend du gouvernement québécois. Non seulement le simple bon sens oblige à ne pas camoufler son identité dans les bureaux de l’État mais devrait également forcer à ne pas la camoufler n’importe où dans l’espace public, n’importe où hors de la résidence privée. Ou bedon on interdit à tout le monde, sans exception, de camoufler son visage dans un espace public ou bedon on autorise tout le monde à le faire. Quand on aura que des gens complètement voilés dans l’espace public il deviendra inutile d’y installer des caméras de surveillance et on pourra même songer à démanteler tous les services policiers devenus inutiles. Comment repérer un bandit dans une foule où tous seront voilés?
Pour le reste le gouvernement fait des affirmations complètement inutiles. Tous les autres cas d’accommodements raisonnables demeurent des situations qui seront évaluées cas par cas. Elle est où la nouveauté dans cela? En quoi la nouvelle attitude de Jean Charest constitue-t-elle un changement ou un progrès?
La seule loi raisonnable concernant les accommodements raisonnables consisterait à interdire carrément toute forme d’accommodement pour des raisons religieuses, toujours parfaitement irrationnelles. Devra-t-on, pour faire plaisir à d’autres illuminés, ralentir la circulation automobile pour protéger les fées ou les farfadets? Pourquoi pas? C’est au moins aussi rationnel. Nous sommes en train de noyer le Québec dans le farfelu sous prétexte de respecter la charte des droits et libertés canadienne. Il faut se soustraire de cette charte avant qu’elle nous rende tous complètement cinglés face à la tolérance de l’intolérable.
En passant il faudrait interdire l’utilisation de l’orthographe douteux des mots burqa et niqab dans un Québec officiellement francophone. En français le « q » est toujours suivi par un « u ». Il faudrait donc songer à franciser ces mots pour les utiliser correctement dans notre langue.
Je ne suis plus capable d’écouter ces gens évoquer constamment leur sacro-sainte liberté religieuse pour se soustraire au gros bon sens. Le mot liberté leur sort par tous les orifices. Ça en devient insupportable.
Est-ce que quelqu’un va leur faire comprendre un jour qu’une religion peut très bien demander à ses adeptes de se promener complètement nus partout et en tout temps, de porter une AK-47, 24 heures sur 24, un turban de 10 mètres de haut, un foulard de 2 kilomètres de long ou un poignard de 30 centimètres, les lois ne permettront jamais ces écarts avec les autres lois existantes? Si l’expression religieuse des uns devient dérangeante pour la vaste majorité des autres, on doit pouvoir l’interdire dans l’espace public. Nous vivons dans une société de lois et, par définition, les lois sont des restrictions justifiées à certaines libertés. Il faut vivre avec cette réalité ou accepter le chaos total.
Il faut faire comprendre aux étrangers que le Québec n’est pas une terre de liberté absolue, qu’il y a ici, comme dans toutes les sociétés, des restrictions auxquelles il faut se soumettre. L’abus de cette fausse image de liberté c’est bon pour la propagande idéologique mais ça n’a strictement rien à voir avec la réalité. Tous les États, mêmes les plus totalitaires, se prétendent d’ardents défenseurs de la liberté alors que tous, sans exception, restreignent considérablement les libertés. Nous n’avons pas à accepter tout par respect de la liberté. Ce que réclament en réalité ceux qui exigent des accommodements pour des raisons religieuses conduit directement à l’anarchie que personne ne souhaite réellement.
Jean Charest n’agit qu’en réaction et non en pro action. Auparavant on disait de lui qu’il était arrogant, dictateur, qu’il était le chef et qu’il se fouttait pas mal des critiques. Maintenant, depuis le dernier mandat: VIRAGE, comme il ne veut pas se faire critiquer, il attend les choses et prend des décisions (à travers ses ministres) qu’ils laissent débattre, par la suite, dans le public, de là il prendra une décision qu’il pourra changer par la suite (ex. : les CPE).
1- Les médecins: les solutions sont venues des pharmaciens, car ceux-ci se sont offerts afin de prolonger certaines médications (dans des cas évidents) afin d’alléger les rendez-vous chez les médecins. Ensuite il y a les « super infirmières » qui pourraient prendre une bonne partie du travail, alors que les médecins pourraient se concentrer sur leurs spécialités.
2- Les infirmières : dans le secteur privé ont une qualité de vie supérieure : un salaire plus élevé, de meilleures conditions de travail. Le conflit se fait dans les hôpitaux, entre elles : public et privé. Aussi, le gouvernement épargne un 30% de bénéfices marginaux pour les infirmières du privé (peut-être est-ce la solution???). Lorsque l’on voie dans des reportages 4 personnes autour d’un lit de patient, ou encore une foule de gens, tous au bureau de l’étage d’un hôpital… tu te demandes s’il n’y aurait pas quelque chose de plus productif à faire. Si c’est pour remplir des dossiers, il y a des personnes spécialisées pour ça. Il vaudrait la peine de réviser le travail de chacun : autant du côté administratif, qu’infirmier. De plus, à titre d’exemple, je suis convaincu que mettre de la crème à une personne malade, pourrait très bien être fait par un membre de la famille…
3- La FTQ : actuellement il y a un ménage qui est en train de se faire directement dans l’organisme. Donc, il ne sent pas l’obligation d’une commission d’enquête qui pourrait salir les libéraux. Encore là, ça a débuter par des travailleurs qui se sont plaints. Il verra où ça le mènera, mais il n’est pas pressé.
4- Pour les nouveaux arrivants : encore là, on attend que les problèmes se présentent, on prend des décisions selon les lignes ouvertes ou encore les articles dans les journaux. Le problème c’est que l’on est en train de perdre nos acquis, car c’est nous qui s’intégrons à eux. Ils arrivent dans notre pays, ils s’attendent d’avoir un lexique qui leur dira comment ça fonctionne ici en société. Mais ce n’est pas le cas : ils essaient toujours de nous faire réagir à leurs essaies (niqab, baignade sans hommes, etc). Si c’était clair qu’ici il n’y a pas de différence comportementale entre les hommes et les femmes, ce serait réglé. La religion se fait en privé. On n’a jamais ce genre de problème avec les Italiens, ni avec les Chinois ou les Japonais et plusieurs autres races. Je ne crois pas qu’ils se sentent bafoués, ils se sont très bien adaptés sans rejeter leurs origines.
5- Les écoles : on est en train de changer le calendrier scolaire pour aider les juifs, c’est quoi ça? Le problème principal dans les écoles est le décrochage et il y aurait peut-être des solutions : s’il y avait une plus grande implication entre les parents (car souvent les parents laissent l’éducation entre les mains des institutions), les enseignants ainsi que nos dirigeants (autorités scolaires, gouvernement, etc).
Donc si les enfants étaient stimulés par des professionnels en génie de toutes sortes, des scientifiques, des médecins, des psychologues, des gens de métiers. Ces gens pourraient venir en classes et parler de leurs professions ou métiers, ou encore envoyer les étudiants dans les Universités afin de passer des journées dans un cours qui les intéressent. Aussi on pourrait les jumeler à des professeurs ou encore à des étudiants universitaires finissants, (genre mentorat), afin qu’ils puissent avoir un aperçu.
Je pourrais prendre chacun des sujets chauds et continuer comme ça. Le mot d’ordre de Charest : « COMMENCEZ PAR DENONCER ET, ET SUITE A VOS COMMENTAIRES, JE REAGIRAI ».
J’adore vous lire Madame Legault, vos analyses sont toujours justes et intéressantes. Permettez-moi ce commentaire:
L’interdiction de la burqa et du niqab pour la réception ou l’offre de service d’un État est seulement une évidence. Mais qu’en est-il pour les institutions d’enseignement et surtout les garderies où les intégristes religieux de tous acabits portent ostensiblement les signes de leur foi? Un enfant est en contact avec son institution et ceux qui y travaillent 8 heures et plus par jour. Je crois que la Loi 94 permet surtout à Charest de nous faire oublier qu’il vient de chambarder tout le calendrier scolaire.
D’accord avec M. Mitriou qu’il ne faut pas laisser masquer les gens sur la rue comme c’est le cas pour une femme qui porte un niqab ou une burga ou autres sortes de masques.
Par contre, le hijab, pas de problèmes, pas plus que la ceinture fléchée ou la kippa ou les capines, bérets ou tuques. Ça ne me semble pas un symbole religieux mais une sorte d’habitude religieuse pudibonde…genre.
Les médecins ont dit non aux pharmaciens.
Les médecins renaclent à l’idée de superinfirmières.
Les médecins font la vie dure aux sages-femmes.
Etc.
Les médecins sont un problème. Ils n’aiment pas les solutions qui les contournent.
Quand à la charte, on en avait pas avant. Etions-nous si malheureux, si arriérés. Au diable les chartes. On a déjà vécu sans. Tout est dans la manière.
Pour ce qui est du vêtement qui couvre les cheveux, c’est toujours un symbole de haine et de mépris de la femme, quoi qu’en disent les adeptes de ce morceau de tissus. Non à la haine et au mépris.
» On n’a jamais ce genre de problème avec les Italiens, ni avec les Chinois ou les Japonais et plusieurs autres races. Je ne crois pas qu’ils se sentent bafoués, ils se sont très bien adaptés sans rejeter leurs origines. »
N’est-ce pas! Alors, où se situe le problème? Je crois la réponse évidente.
La Privatisation de la laïcité
Le sujet de cet article ci haut qui porte sur la laïcité ouverte et sur ce projet de loi qui y est consacré d’ailleurs fait abusivement à l’image des juges de la cour suprême permet de nous rendre comptes en tant que Québécois et occidentaux que la défense du vivre ensemble n’est plus licite dans une civilisation qui fait du marché le premier référent social.
Si les convictions religieuses peuvent êtres affichées dans les fonctions à caractère civique comme les hôpitaux et les écoles, si des infirmiers peuvent se promener avec des kirpans à la ceinture dans des lieux pacifiés ou que des infirmières voilées peuvent nous imposer leur pudeur outrancière en tant que malades c’est que toute notion de bien commun est progressivement relégué aux oubliettes. Le multiculturalisme qui propose une série de communautés séparées cohabitant dans des métropoles de manière individualiste n’est t-il pas à l’image de cette parole de l’ancien premier ministre britannique Margaret Thatcher qui a dit que – la société n’existe pas. Il y a seulement des hommes, des femmes et des familles- En reprenant la dite phrase à l’image du multiculturalisme canadien et britannique cela donnerait ceci : la société n’existe pas. Il y a seulement des hommes, des femmes, des familles et des communautés culturelles. Nous en sommes là maintenant pour le libéralisme de l’intérêt économique qui en ne percevant plus que des producteurs et des consommateurs dans la (société avec point d’interrogation) en est devenu rendu à voir dans la laïcité un obstacle à la fluidité de la main d’œuvre à la faculté de rendement et de profits.
Le gouvernement du parrti libéral fait fausse route. Pour la paix sociale, il faut que dans l’exercice de leurs fonctions, tous les employés de l’État, hommes et femmes, s’abstiennent de porter des vêtements ou signes qui manifestent leur allégeance à un club quelconque, à un parti politique, à une religion, à une secte, à une idéologie particulière. L’État et ses agents doivent être neutres. Il doit y avoir un Code de comportement et d’habillement qui assurent cette neutralité.
Des accommodements raisonnables peuvent être accordés pour faciliter la vie en société des personnes ayant des handicaps physiques permanents ou transitoires, des femmes enceintes, des vieillards.
Il n’y a pas lieu d’accorder quelque accommodement que ce soit pour des motifs religieux dans l’espace public.
Il nous faut une Charte de la laïcité pour que cessent les dérives. Avec la religion à la maison, la vie en société sera plus simple et moins encline aux antagonismes.
Dans toute cette affaire, la couleur de la peau et la race n’ont aucun rapport. Ce sont les comportements qui font problème.
Hélas nous ne sommes pas sorties du bois !!!
Ce qui me fait un peu sourire c’est cette manie que les religieux ont de nous parler de » liberté » quand la majorité d’entre eux sont emprisonnés dans des dogmes , des préceptes et des règles qui n’ont RIEN à voir avec la liberté d’opinion et de conscience . Ils sont esclaves d’un discours » dirigé » et leur sens critique n’est que superficiel ! Quand notre volonté est soumise, quand notre mode de vie est dicté et quand ont croit aux inepties d’une autre époque avons-nous réellement le droit de parler de liberté !!!
La laïcité » pur et dur » dans l’espace civique est indispensable si nous voulons conserver notre liberté de conscience collective. Les signes religieux qui ont pour but la propagande silencieuse du » m’a tu vu » et de l’endoctrinement subtil ne sont pas que des accoutrements sans importance et la naïveté face a ces comportements n’est pas une vertu !
En ce qui me concerne je crois que tant et aussi longtemps qu’une grande partie de la race humaine sera » contaminée » par des principes archaïques et loufoques notre société fera du sur place et le danger de retourner à des époques de grande noirceur est omniprésent.
Quelques mots seulement peuvent suffire pour faire voir la laïcité dite ouverte pour ce qu’elle est. Ses promoteurs tentent de prendre la posture de l’ouverture en faisant leur cette définition de la laïcité, espérant du même coup enfermer les adversaires de la laïcité tout court dans le concept nébuleux de la laïcité fermée. Or il n’en est rien, parce qu’il suffit de se demander sur quoi veulent ouvrir ceux qui se disent partisan de la laïcité ouverte. N’est-ce pas sur une fermeture, sur un repli du citoyen sur ses valeurs particulières qu’il tente d’imposer dans un espace ouvert sur des valeurs universelles et neutres, ce qu’est l’espace civique, auquel ce partisan de la laïcité ouverte nous convie de nous joindre.
Bref, il suffit de se poser la question de savoir sur qui et sur quoi l’ouverture proposée nous convie. Si c’est sur une fermeture comme c’est le cas avec la laïcité dite ouverte, l’ouverture est synonyme de fermeture.
M. Saint- Arnaud a bien raison d’écrire : « il faut que dans l’exercice de leurs fonctions, tous les employés de l’État, hommes et femmes, s’abstiennent de porter des vêtements ou signes qui manifestent leur allégeance à un club quelconque, à un parti politique, à une religion, à une secte, à une idéologie particulière. »
Pas de badge de motard, pas de vêtements griffés ou commandités dont le nom du fabricant apparaît, pas de turban, pas de hijab et autres voiles, pas de kirpan, pas de kippa, de croix etc. La neutralité, totale des vêtements.
Faudrait-il, en plus, obliger la même chose dans tous les espaces publics ?
@Gilles Bousquet
Dans les espaces publics les gens ont certainement le droit de s’ habiller en clown s’ils le désirent en autant que le visage soit découvert et que le vêment respecte l’intérêt et la sécurité public !
Un individu qui porte un chandail incitant les gens à tuer les infidèles ou un autre qui prône la violence face aux croyants devrait normalement être considéré comme subvertif et dangereux. Bien sûr j’aimerais beaucoup vivre dans une société ou les citoyens auraient le sens civique , le respect des autres et une certaine maturité qui les inciteraient à ne pas afficher continuellement leurs croyances religieuses ou leurs appartenances aux groupes coome les motards , les gay et lesbienne et leur parade , les partis politique ou autres appartenances idéologiques ect.. Que voulez-vous , l’humilité et l’estime de soi vécu de façon discrète et sans fla-fla ne fait pas partie de la culture des groupes ci-haut mentionnés .
Bien d’accord avec . Asselin, ceux qui prônent la violence devraient être internés quand c’est prouvé solidement.