Il y a franchement peu de choses à ajouter aux propos tenus ce matin par Léo-Paul Lauzon sur son grand ami, Michel Chartrand, décédé hier à l'âge vénérable de 93 ans.
http://www.radio-canada.ca/emissions/christiane_charette/2009-2010/chronique.asp?idChronique=108607
Pour les Québécois, Michel Chartrand aura été une rare combinaison, un véritable bouquet vivant.
Michel Chartrand portait en lui une immense compassion; une pratique humaniste du progressisme; un indépendantisme d'esprit et de coeur; une défense acharnée de la langue française; une culture d'un raffinement exceptionnel; un sens de l'humour dévastateur; un syndicalisme vu comme un agent de changement social et ancré dans les plus grandes luttes pour la libération économique et politique des travailleurs et travailleuses; un féminisme proprement avant-gardiste; une foi profonde en son prochain; un refus total de la peur des puissants; un amour et un respect véritables des plus démunis; une colère et un sens de l'indignation fondés face aux injustices réelles.
Et tant d'autres choses encore.
Michel Chartrand, c'était aussi l'homme qui aimait sa femme, Simonne. Et qui aimait et respectait les femmes et leurs luttes. Le tout, en conservant un sens de la galanterie tout à fait émouvant. Ayant moi-même été graciée de son légendaire baisemain lorsqu'il vous accueillait avec un beau et doux «Ma chère dame, comment allez-vous aujourd'hui?», je peux en témoigner.
Michel Chartrand, c'était une vie de passions et de don de soi tout à fait volontaire. Un homme de feu, un homme vivant. Terriblement vivant.
Michel Chartrand, c'était surtout un des vrais bâtisseurs du Québec moderne. Un de ceux dont l'oeuvre gagnerait à être mieux connue des nouvelles générations et surtout, à les inspirer. Et un de ceux dont certaines de nos élites devenues trop repues et trop confortables gagneraient sûrement à se souvenir un peu plus.
Mais comme le disait Léo-Paul Lauzon ce matin, malgré sa formidable contribution à cette société, Michel Chartrand ne fut ni des «décorés», ni des «honorés» officiels. Il dérangeait trop et les mieux branchés préféraient souvent le réduire à ses «coups de gueule» et son langage coloré pour mieux ignorer la richesse et l'intelligence puissantes de cet homme d'exception et ce qu'il osait dire tout haut.
Au Québec, c'est connu. Les élites saluent de moins en moins les vrais courageux de leur vivant… L'effet de contraste serait peut-être trop gênant.
Mais heureusement, on ne compte pas les Québécois qui, eux et elles, savent ce que leur société doit à Michel Chartrand.
Paix ait son âme, et nos condoléances à toute sa famille, amis et collègues.
Merci Monsieur Chartrand.
************************************
Voir aussi ce texte savoureux et pénétrant sur les «paradoxes» de Michel Chartrand, présenté par Pierre Vadeboncoeur, un autre vrai bâtisseur du Québec moderne disparu tout récemment. Un texte prononcé en 2006 lors du 90e anniversaire de naissance de son ami.
http://www.lecouac.org/spip.php?article137
Monsieur Chartrand à été le » canadien-français » le plus respectable que je puisse me rappeler et si je parle de » canadien français » c’est en vertu de son âge vénérable et de l’époque ou cet individu à commencer sa carrière de mouton noir du troupeau. J’adore les moutons noirs dans les troupeaux. Les Bourgaut , Falardeau , Olivar Asselin , Arthur Buies et compagnie . Ceux qui osent demander aux bergers des pourquoi et des comment !
Monsieur Chartrand aura laissé un héritage inestimable concernant l’estime de soi des québécois francophones, le courage de ne pas se laisser tondre par les puissants de ce monde et surtout la conservation de sa colonne vertébrale.
Beaucoup l’ont dénigré, toujours les mêmes, probablement des descendants des canadiens français qui applaudissaient lors de la pendaison de Delormier et ses frères d’armes !
Michel Chartrand, défenseur de la liberté et de l’égalité des Québécois et pour un Québec libre. Le défenseur aussi de tous ceux que les puissants écrasent. Il a deviné avant nous tous cette personnalité conservatrice trouble de Lucien Bouchard masqué dans le nationalisme. Comme c’est le cas pour Bourgault et comme probablement demain pour Falardeau décédé seulement depuis septembre, Chartrand n’aura pas droit de la part des politiciens libéraux ou conservateurs à une rue ou à une école qui porte son nom. Et on sait trop bien pourquoi.
Quel malheur que l’on n’ait pu cloner ce géant de notre histoire sociale. Il nous en aurait fallu des centaines de milliers, placés aux endroits stratégiques de notre société, pour imposer des changements radicaux dans le cours des choses.
Un seul homme ne peut pas tout faire, même si M. Chartrand a beaucoup fait.
J’ai bien aimé sa phrase tellement lourde de sens : Certains de mes anciens amis sont devenus honorables. Moi, je suis demeuré honnête. J’ajoute que c’est une grande qualité. Trop rare au sommet des pyramides sociale, économique et politique.
C’est une lourde perte pour notre société.
Un ancien syndicaliste.
Bonjour
A la fin des années 70, il y avait souvent des spectacles bénifice ou contestataire en appuie à une cause, soit dans un aréna de Longueuil ou au Centre Maurice Richard. Raoul Dugauy, le Capitaine No, les frères Bross ou une bande d’inuits descendue de la Baie James pouvaient se retrouver sur la scène à notre plus grand plaisir; c’était pas le forum mais il flottait dans l’air la même odeur qu’aux grands soirs de Johnny Winters.
C’est ainsi que m’est apparu Michel Chartrand prononçant un discours enflammé qui ne manquait pas d’humour tout en s’attaquant cette fois-là à une tête de turque pas choisie au hasard:
Dans les entrepôts de la compagnie Kellogs, les rats crèvent de faim. Le contenant de la boîte de Corn flakes vaut plus cher que le contenu…
Jim Corcoran et Bertand Gossellin lui ont rendu un bel hommage dans la chanson: Comme Chartrand.
http://jim-corcoran.lyrics-songs.com/lyrics/727819/
C’est une grande pointure du monde social et politique qui vient de nous quitter. Si au moins c’était pour un monde meilleur.
Quant au monde qu’il laisse après lui, au moins l’a-t-il rendu un peu meilleur celui-là, en donnant aux plus faibles de notre beau monde des instruments de lutte collectifs pour affronter des forces contraires qui ne le sont pas moins, c’est le moins que l’on peut dire.
Il laisse aussi en héritage la démonstration concrète que cet outil de lutte qui fut le sien, le syndicalisme, est un outil encore oh ! combien nécessaire, malgré des dérives consécutives à l’infiltration de visées patronales et politiques dans des instruments qui n’ont en eux-mêmes rien à voir avec de pareils magouilleurs.
Non, tous tes combats ne sont pas parvenus à leur terme et le capitalisme sauvage a encore beaucoup d’adeptes et de profiteurs, mais tu nous auras montré qu’avec de la fermeté, des idées de justice et de solidarité finissent par faire leur chemin.
Dans un Québec où l’on se sent davantage entouré de consommateurs que de concitoyens: Monsieur Michel Chartrand nous laisse en héritage un réel modèle d’engagement…
J’aimerais lui dire merci et offrir mes plus sincères condoléances à ses parents et amis…
J’ai eu l’insigne privilège d’avoir eu a côtoyer M Chartrand un soir d’ouverture de local référendaire en septembre 1995 dans le comté d’un député destiné a sortir du placard et être malheureux chef de parti quelques années plus tard.
Je ne pouvais croire qu’il était a un PAS devant moi pour réciter un texte signifiant en vue de galvaniser les troupes présentes par sa prestance et son charisme tranquille d’humble homme encore capable et qui a beaucoup vécu.
L’échec référendaire fut probablement tout aussi cuisant a vivre pour lui que pour Nous tous, mais son combat se situait bien au-dela des préoccupations quotidiennes et monomaniaques des ‘faiseux’ a cravate comme il aimait les dépeindre.
Coome Félix, comme Bourgault, comme Lévesque (René, par Gérard Dé), comme les bons Drs Ferron et Laurin, comm Gérald Godin, comme Yves Blais, comme Falardô, comme Pierre Vadeboncoeur, il nous manquera cruellement quand le moment se fera sentir.
Puissent des femmes et des hommes a voix puissantes, un peu moins échevelées mais tout aussi pertinentes, aguerries et acérées qu’un Léo-Paul Lauzon sortent bientôt de l’ombre pour succéder a l’ami qui tombe, car Chartrand s’est rendu irremplaçable par son engagement indéfectible pour la justice sociale dans la solidarité avec notre prochain, et avec le maniement du verbe pédagogique et fougueux pour une vie syndicale bien comprise, bien pratiquée et bien orientée idéologiquement.
Ce fut en quelque sorte notre Léonardo Boff.
Salut camarade Chartrand, et nous ferons nôtres ton injonction de pourchasser inlassablement les boss, les faiseux a cravate et les possédants pour leur botter le c** inconsidérément.
C’est ça qu’on va faire !!!
Michel Chartrand était l’un des derniers grands hommes de notre nation et de notre époque. Sans doute l’homme le plus intègre et le plus dévoué pour ses semblables que j’ai connu dans ma vie. Avec son départ ce sont des espoirs cruciaux qui s’évanouissent. C’est probablement le seul individu que je souhaitais être réellement éternel. Ce n’est pas le dernier des grands hommes mais dans sa catégorie il risque de ne jamais pouvoir être remplacé.
Ses silences m’inquiétaient depuis un bon moment mais je pouvais facilement deviner qu’ils ne pouvaient être justifiés que par une grave maladie. Il est parti au moment où sa colère aurait probablement atteint des sommets en constatant que tous les progrès dont il a été l’un des grands agents et un témoin majeur étaient sur le point d’être apparemment effacés par le pire gouvernement de notre histoire. Il devait avoir l’impression que tout serait bientôt à recommencer. Je suis soulagé de voir qu’il pourra enfin se reposer et qu’il n’aura pas à vivre les années sombres qui nous attendent. Le cancer socio-politique qui nous ronge actuellement l’aurait probablement fait mourir de rage.
Merci, Monsieur Caron, de m’avoir fait découvrir Leonardo Boff, au risque de passer pour un inculte, avant aujourd’hui je connaissais seulement Leonardo DiCaprio… :-))
«Michel Chartrand, père de la nation et gardien de nos valeurs»
Michel Chartrand est sans doute le plus grand indépendantiste de gauche du Québec.
Il a appuyé l’UFP et Québec Solidaire.
Jamais je n’aurai vu un homme aussi fort de ma vie !
Il fallait l’entendre en assemblée ou lors de ses conférences !
J’estime avoir eu l’honneur et la chance de recevoir mon mandat et ma mission politique de ce véritable titan directement devant une salle de 750 personnes à l’école Gérard Fillion de Longueuil lors d’une de ses conférences sur le revenu de citoyenneté qui lui tenait tant à coeur.
Faut-il que nos gouvernements et nos politiciens soient assez irresponsables et immoraux pour laisser crever du monde ici dans la misère à $ 575 par mois dans un pays aussi riche que le Québec !
Je suis de sa colère !
Honte à nous de ne pas l’être tous !
« Tout le monde doit faire de la politique. En démocratie, c’est un devoir : assumer ses responsabilités à son niveau, voir à ce que le monde s’épanouisse»
– Michel Chartrand
_______________________
Christian Montmarquette
Membre de Québec Solidaire
Militant pour l’éradication de pauvreté et l’indépendance du Québec
« Michel Chartrand, père de la nation et gardien de nos valeurs » :
http://www.vigile.net/Michel-Chartrand-le-plus-grand
.
Sommes-nous dignes de Michel Chartrand? Y a-t-il des Québécois ou des Québécoises dignes d’être ses héritiers? Je crois qu’ils sont peu nombreux. Ne vous en faites pas, je ne me pas crois d’être son héritier. J’aime bien mon confort. Je suis pour le respect des être humains, des travailleurs, des malades. Mais jusqu’à quel point suis-je prêt à sacrifier mon confort pour défendre mes idées? êtes-vous prêts à ce sacrifice?
Simone Monet et lui étaient prêts à beaucoup de sacrifices pour défendre leurs idées, leurs opinions. Nous avons besoin de quelqu’un comme lui pour botter le cul, non seulement de ces riches qui profitent des autres, mais de nous botter le cul afin que nous marchions, que nous manifestions pour nos convictions! Merci de votre vie et de votre exemple!