La commission Bastarache a perdu son procureur en chef, Me Pierre Cimon.
La raison principale et officielle: il a contribué au PLQ depuis 20 ans et à aucun autre parti. Et donc, il était devenu impossible de tout au moins préserver l«'apparence» d'impartialité dans un cas où cette commission doit enquêter sur les allégations de Me Marc Bellemare à l'effet qu'il y aurait eu «trafic d'influence» de donateurs du PLQ dans le processus de nomination des juges au Québec. http://www.ledevoir.com/politique/quebec/289258/cimon-demissionne-bastarache-secoue
Ce dernier coup de théâtre fait suite à l'attaque en règle de Me Belllemare du 15 mai dernier, à l'effet qu'il disait même craindre que cette commission soit une «affaire de clique»: http://www.ledevoir.com/politique/quebec/289074/commission-bastarache-bellemare-craint-avoir-affaire-a-une-clique
Et auquel ont suivi les critiques plus ciblées du bâtonnier du Québec et d'un ancien sous-ministre de la Justice.
Bref, après un début plutôt boiteux avec la nomination même de Me Michel Bastarache, un ancien juge de la Cour suprême proche des libéraux fédéraux du temps de Jean Chrétien, et l'absence de femmes procureures sur la commission, c'est la crédibilité même de cette dernière qui se joue en ce moment.
Une commission qui, comme je l'avais écrit à sa création, fut en fait mise sur pied en réaction aux allégations de Me Bellemare un peu à la va comme je te pousse; avec un président choisi par Jacques Dupuis suite à un coup de téléphone; et avec un échéancier complètement impossible à rencontrer (octobre 2010)…
Si les maladresses continuent, il faudra quasiment renommer la commission Bastarache, la commission Clouseau…
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Qui plus est, ce matin, Le Devoir rapporte aussi que «croisé dans le couloir, le premier ministre Jean Charest a ajouté que le gouvernement n'avait «rien à voir avec l'organisation de la commission Bastarache». Il a dressé un parallèle avec la commission Bouchard-Taylor».
Pas nécessairement une bonne analogie à faire dans les circonstances…Justement, l'exemple du choix de messieurs Bouchard & Taylor est particulièrement parlant à ce chapitre.
Il montre à quel point un premier ministre «sait» qui il nomme et donc, ce à quoi il peut s'attendre. Car hormis leurs qualités respectives, ils étaient néanmoins connus comme étant tous deux partisans de la laïcité dite ouverte. Entre autres choses. Ce qui, en toute logique, a eu une influence marquée sur le déroulement et les conclusions de leur propre commission.
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Alors, que faire maintenant?
Bien sûr, Me Bastarache pourrait toujours tenter de trouver la réincarnation de Perry Mason comme successeur à Me Cimon. Sans peur, sans reproche, ni dons faits au PLQ et/ou au PQ et/ou à l'ADQ.
Mais, pour reprendre l'expression du Devoir, il est fort probable que Me Bastarache soit surtout «secoué» et «sonné» dans les circonstances.
Ce qui, au niveau du premier ministre, nous ramène, encore une fois, à une seule chose: la nécessité d'une commission d'enquête élarge, publique et indépendante sur le portrait global qui se dégage depuis maintenant plus d'un an au Québec.
Mais comme le PM refuse et refusera de le faire, il est condamné à voguer de crises en crisettes, dont celle-ci.
Et encore, s'il est minimalement chanceux, Me Bastarache ne finira pas lui-même par quitter le bâteau, lui aussi. Peu probable, sûrement, mais toujours possible dans une telle atmosphère.
Mais au-delà de toutes ces considérations, une chose est claire: autant le premier ministre que Me Bastarache, sur cette question, ont à faire à Marc Bellemare, un homme extrêmement déterminé et qui ne semble absolument pas prêt à cesser d'intervenir publiquement.
Un adversaire invisible mais particulièrement audible.
Et surtout, un adversaire qui, selon les sondages, est perçu par une majorité de Québécois comme plus crédible que le premier ministre lui-même.
À terme, c'est peut-être là, le véritable talon d'Achille de la commission Bastarache…
Des Libéraux fédéralistes qui enquêtent sur d’autres Libéraux fédéralistes dans une cause qui pourrait aider les « séparatistes » vont avoir beaucoup de difficulté à blâmer le côté de leur option constitutionnelle…normal mais pas souhaitable pour la démocratie et l’équité.
J’aime bien le traitement humoristique!
« la nécessité d’une commission d’enquête “élargie”, publique et indépendante sur le portrait global qui se dégage depuis maintenant plus d’un an au Québec. »
Exactement Madame Legault!
Nous voulons une commission d’enquête élargie!
Je n’ai aucune difficulté à imaginer où nous en serions rendus si Monsieur Bellemare n’avait rien dénoncé! Monsieur Bellemare est venu casser l’approche mafieuse des Libéraux du Québec. Monsieur Bellemare est exactement ce qu’il nous fallait.
Je me pose encore la question ce jour : qu’est-ce que Monsieur Bellemare a dit à la Sûreté du Québec avant d’être partiellement muselé par la commission Bastarache. Il doit en avoir dit des choses! Est-ce que la sureté du Québec pourra un jour rendre publics les propos de Monsieur Bellemare?
@ Gilles Bousquet
«Des Libéraux fédéralistes qui enquêtent sur d’autres Libéraux fédéralistes» Précisons que dans sa vie fédérale, Charest était Conservateur.
Cette commission est certes bien mal amorcée. Bastarache devrait se rendre compte qu’il aura beaucoup de difficulté à produire un rapport éclairé et crédible.
Dans l’état actuel de l’humeur des citoyens québécois il sera bien difficile de leur faire avaler cette couleuvre à savoir qu’une commission nommée par le PLQ corrompu de Charest ne peut pas honnêtement porter un jugement sur des activités du PLQ corrompu de Charest.
«Pour voir qu’il fait noir, on n’a pas besoin d’être une lumière.»
[Philippe Geluck]
Les commissions bidons sont une marque de commerce pour le gouvernement Charest . Incapable de gouverner de façon compétente il donne constammment les guides à des commisionnaires pour se sortir de l’impasse pour ensuite jeter le rapport de ces commissions au panier en étant sûr d’avoir endormi le bon peuple !
Et jusqu’ici ca marche !!!!!
M. Drouin, oui, mais, M. Charest a maintenant le droit de se dire Libéral ou Conservateur. Il pourrait, tout aussi bien, venir à la chefferie d’un de 2 partis à Ottawa, selon l’occasion.
Je crois que M. Bastarache va lâcher l’affaire qui pourrait le discréditer à vie.
Madame Legault, j’aime beaucoup le lien que vous faites avec ces films qui m’ont tant fait rire. En effet, il vaut mieux rire que de pleurer en voyant Charest s’empêtrer dans ses mesures de diversion.
@ Gilles Bousquet
Vous avez raison, Charest peut bien faire ce qu’il veut. Mais les citoyens québécois ont tout aussi le droit et la capacité de le croire ou non.
N’oublions pas ce proverbe africain : «Le léopard ne se déplace pas sans ses taches.»
@ Pierre Bellefeuille
Votre réflexion est intéressante. Elle me ramène à cette discussion portant sur le cynisme politique des citoyens. En fait nous devons constater que la plupart des enquêtes, des rétrogradations (ex.:Tomassi), des modifications des lois ou des règlements trouve leur origine non pas intrinsèquement du parti au pouvoir, mais des révélations extérieures faites d’une façon ou d’une autre. Il semble de plus en plus évident qu’un parti politique n’acceptera jamais de faire publiquement la lumière sur ses propres façons de fonctionner. On ne peut donc pas s’empêcher de penser que la classe politique n’agit dans le sens de la probité et de l’intégrité que sous la pression publique, jamais de par sa propre volonté. D’où ce cynisme des citoyens qui ne sont ni aveugles ni idiots.
J’aimerais savoir Mme Legault pourquoi ce manque de respect envers Clouseau…
Clouseau?
Heu! Parce que les «clous aux» piloris!
Les libéraux ont planté eux-mêmes leurs poteaux. Traditionnellement, le pilori était un poteau sur lequel on attachait un condamné et on l’exposait publiquement en signe d’infamie.
Ici, nous les lions à leurs poteaux avec nos mots, ce sont nos attaches les plus sûres. Et pour être certains que les libéraux souffrent de quelques maux, on y plante aussi nos «clous aux» piloris. Ainsi, on s’assurera que la pulpe de leur infamie leur collera aux fesses pendant très longtemps.
Désolé Madame Legault, c’était plus fort que moi.
Plus sérieusement!
Est-ce que la loi d’accès à l’information pourrait un de ces jours nous donner accès à la déposition de Monsieur Bellemare à la Sûreté du Québec, car ça touche toute la population?
Ça me fait penser au Capitaine Haddock.
Bonsoir madame Legault,
Lors d’une intervention à l’émission de Christiane Charette, vous avez fait une remarque qui me semble à l’origine de bien des problèmes en politique en ce moment. Vous avez dit que le Québec est une petite société (en référence qu’on a que deux sources médiatiques, Power-Gesca et Québecor). Or tout le monde connait tout le monde.
Existe t’il beaucoup d’avocats ou de juristes au Québec qui n’aient jamais donné au PLQ ou à un autre parti politique et totalement indépendant ? Quand on sait que la plupart des avocats doivent être proches des firmes Heenan-Blaikie proche des libéraux et Olgivy-Renault proches des conservateurs, il va peut-être falloir aller chercher un juriste à l’extérieur du Québec pour avoir quelqu’un d’un temps soit peu indépendant.
Pour éviter le biaisage de cette commission, un libéral, un péquiste et un indécis devraient en faire partie.
Pour avoir une meilleure représentativité, Mme Bourassa, il serait bon d’y ajouter une femme voilée, un noir, un arabe, un juif, un handicapé, un Québécois qui n’a pas voté aux 2 derniers référendums et un fonctionnaire en burn-out payé quand même, ce qui ne devrait pas être difficile à trouver, principalement si la paie est bonne à la Commission.