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Coalition PLC-NPD: la voie de l’avenir?

  @ Le PM britannique David Cameron et son cabinet de coalition.

Le premier ministre, Jean Charest, a décrit Martine Ouellet, candidate du PQ dans le comtéVachon, comme une radicale. http://www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/politique-quebecoise/201006/05/01-4287200-vachon-le-militantisme-de-sa-candidate-neffraie-pas-marois.php

Question: serait-ce devenu «radical» au Québec d'être «social-démocrate» – ce que Mme Ouellet est de toute évidence?

Question corollaire: si oui, du moins aux yeux du premier ministre, considère-t-il alors, comme le fait Stephen Harper, que Michael Ignatieff et le Parti libéral du Canada s'associeraient à des «radicaux» s'ils venaient à former une alliance ou une coalition avec le NPD – un parti «social-démocrate» – si le PLC remportait une victoire minoritaire à la prochaine élection?…

http://www.radio-canada.ca/nouvelles/Politique/2010/06/06/001-Coalition-Ignatieff.shtml

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Maintenant, sur la question d'une possible coalition PLC-NPD, dont l'idée fut écartée par M. Ignatieff de manière fort imprudente lorsque Stéphane Dion et Jack Layton s'étaient entendus en 2008, il est clair que du moment où le chef libéral se montre maintenant «ouvert» à l'idée après la prochaine élection, le sujet de la coalition revient à l'avant-scène de la dynamique politique fédérale. (Donc, attendez-vous à voir aussi revenir la «démonisation» de cette idée par les Conservateurs de retourner et leur refrain d'une coalition avec des «séparatistes et des socialistes»…).

Nonobstant cette démonisation prévisible, il reste que discuter de scénarios de coalition est important. Non seulement parce que le PLC, sous Iggy, ne lève toujours pas de terre. Mais aussi parce que face à une droite unie sous Stephen Harper et la résilience du Bloc, il est peu probable. quel que soit le chef du PLC, que ce parti puisse remporter une victoire majoritaire dans un avenir prévisible.

Et considérant que la «droite» sous Harper l'est autant sur les questions économico-fiscales que sociales – voir, entre autres, le dernier épisode sur l'avortement et sa grande proximité avec la droite religieuse -, la nécessité d'une coalition ou d'une alliance du centre et du centre-gauche n'en devient que plus impérative. Entre autres raisons, pour commencer à donner à la majorité de Canadiens qui ne partagent pas la vision du PCC, l'espoir que ce dernier pourrait éventuellement être délogé.

Ce que même Michael Ignatieff commence peut-être à comprendre….

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Discours et point de presse à Québec:

Ce dimanche, à Québec, dans son discours, M. Ignatieff a déclaré ceci: «Nous ne sommes pas ici pour proposer une coalition avec qui que ce soit. Nous sommes ici pour proposer une alternative libérale au gouvernement conservateur.»

Dans son point de presse, il a même ajouté que son «plan A, plan B et plan C» était «un bon gouvernement libéral», de «centre», «progressiste», avec de la «compassion», «responsable», «compétent», «professionnel», et défendant des «valeurs libérales».

Mais il a aussi reconnu à nouveau qu'une coalition serait «légitime» et qu'il «ferait» avec le résultat que les Canadiens lui donneraient lors de la prochaine élection.

Traduction: il n'exclut plus la possibilité d'une coalition ou d'une alliance avec le NPD, mais après l'élection et selon ce même résultat. Entendu, bien sûr, que ce résultat serait un gouvernement libéral minoritaire. Et cette petite ouverture, c'est aussi le signe que M. Ignatieff sait fort bien que les sondages étant ce qu'ils sont, s'il était demeuré complètement fermé à l'idée, son «cas» ne s'améliorerait sûrement pas dans ses propres rangs…

Mais, de toute façon, le fait est que si le résultat de la prochaine élection est un autre gouvernement Harper, même minoritaire, Michael Ignatieff, de toute évidence, ne serait plus chef du PLC pour très longtemps… Et que, par conséquent, ce serait son successeur qui s'occuperait de toute cette question de coalition. 

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Mais parler de «coalition» ou d'«alliance», ce n'est pas la même chose.

Une coalition, comme ce proposé en 2008 et comme c'est le cas en Grande-Bretagne, supposerait la présence de ministres néo-démocrates dans un gouvernement libéral. Une «alliance» suppose plutôt la recette plus classique où le NPD donnerait son appui au PLC lors de votes cruciaux; l'empêcherait de tomber lors d'un vote de confiance; en échange de quoi, le NPD exercerait une influence sur le menu législatif d'un gouvernement libéral minoritaire.

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@ Plan de groupe du cabinet de coalition britannique.

Mais quelle que soit la formule, ce qui importe est de remettre cette discussion à l'ordre du jour politique du pays. Ce qui se passe en Grande-Bretagne risque d'ailleurs d'ajouter une dimension plus concrète à cette discussion.

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Évidemment, en parler ouvertement comprend aussi un élément de risque pour le PLC. Les Conservateurs étant prêts à ressortir leur campagne vs la coalition des «séparatistes et des socialistes».

Mais de refuser d'en parler en faisant semblant que le PLC, sous Ignatieff, pourrait remporter seul un gouvernement majoritaire (ou même minoritaire par les temps qui courent), tient d'une complète dénégation de la réalité.

De toute façon, même si le PCC remportait une autre victoire minoritaire à la prochaine élection et que Iggy quittait, face à la droite encore et toujours unie sous Harper, la question d'une coalition ou d'une alliance PLC-NPD reviendrait inexorablement sur le tapis.

Et ce, même avec un nouveau chef libéral. Certains diraient même: surtout avec un nouveau chef libéral….

Bref, aussi bien que les Canadiens commencent à se faire à l'idée…

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(*) Pour tenter de suivre le «slalom» politique de Michael Ignatieff sur cette question: http://www.theglobeandmail.com/news/politics/blogolitics/ignatieffs-illegitimate-legitimate-coalition/article1593886/

Photo: New York Times