Ceux et celles qui me lisent régulièrement savent que je suis, et demeure, persuadée qu'au Québec, les «élites» sont devenues, ou redevenues, tricotées serré… très serré… peut-être même trop serré pour une société aussi petite – quantitativement parlant.
Car on a de plus en plus l'impression qu'il existe de moins en moins de «degrés de séparation» entre plusieurs membres de ces «élites»…
Et en voici une enième démonstration (à lire, croyez-moi): http://www.radio-canada.ca/nouvelles/Politique/2010/06/29/002-bellemare-barreau-enquete.shtml
Tout comme je suis, et demeure, persuadée que ce tricot très serré est une des raisons expliquant le refus du gouvernement de la tenir, cette fameuse commission d'enquête indépendante sur le financement des partis, les allégations de collusion et de corruption, entre autres, dans l'industrie de la construction, de même que de favoritisme dans l'attribution de certains contrats gouvernementaux.
C'est d'ailleurs ce que j'avançais dans ma chronique «La pieuvre» du 25 nov. 2009… (1)
Traduction: ce tricot est devenu, ou redevenu, tellement serré, qu'une telle commission risquerait peut-être d'en détricoter de grands bouts…
Ou, si vous préférez, posons la question crûment: les élites du Québec seraient-elles tricotées trop serré pour qu'on puisse penser pouvoir un jour aller vraiment au fond des choses?
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(1) http://www.voir.ca/blogs/jose_legault/archive/2009/11/25/la-pieuvre.aspx
M. René Lévesque tricotait lousse en cherchant l’égalité dans l’attribution des contrats gouvernementaux pour tous les entrepreneurs et John James Charest « son vrai nom de certificat de naissance », tricote serré, très serré, très très très serré, autour de sa caisse électorale du PLQ.
De détricoter des grands bouts jusqu’à être obligé de refaire la trame de mailles j’en ai bien peur.
Effectivement, en terme de copinage, ça semble de plus en plus évident que des gens utilisent notre état à leur avantage.
Mais attendez de voir cet automne. Je suis cynique, mais je crois que toutes les visites du premier ministre Charest et le rendez-vous de dernière minute qu’il a mercredi avec Sarkozy à l’Élysée (sans les mouchards électroniques ou autrement, d’Ottawa) soient innocentes. Un premier ministre ne ne négocie pas une quelconque reconnaissance des compétences des géologues (quoique…) avec le président de la République.
Ce qui se négocie présentement, c’est l’entrée de Total SA, une des six supermajors, dans la prospection de pétrole dans le golfe du Saint-Laurent, une affaire qui se discute au plus haut niveau.
Tout concorde. La présence du patron de Total à Montréal la semaine du Grand Prix. La multiplication des petites rencontres Charest-Sarko depuis deux ans, L’audience environnementale « stratégique » sur la prospection. L’introduction cet automne d’une Loi sur les hydrocarbures qui fixera les règles du jeu pour l’exploitation du pétrole au Québec.
Et tant qu’à y être, ajoutez dans le mix la semaine de mamours qui vient de se conclure à Bordeaux entre Régis 1er et Alain Juppé, l’ex-exilé à l’ÉNAP qui semble se tenir au courant de ce qui se passe par ici. Serait-il candidat à la reconversion dans le pétrole? Imaginez! Le jeune retraité, premier ministre gaulliste, qui choisit une nouvelle carrière en hissant le pavillon de la république dans la capitale de l’ancienne Nouvelle-France. Car l’antenne de la Total North America érigerait son siège social sur les hauteurs de la principauté du roi Labeaume.
Le réseau de copains que décrit Mme Legault dans sa chronique va s’agrandir avec l’arrivée des cousins dans la haute finance et les ressources. Je suis certain que les initiés se frottent les mains.
Un des principes même des mafias est de s’infiltrer à tous les niveaux de la société. C’est évident que le parti provincial au pouvoir à Québec est complètement sous influence. Son silence et son aversion pour mettre en place une commission d’enquête quasi unanimement réclamée sont des aveux éloquents.
Or, j’ai l’impression qu’on assiste à la banalisation de cet état de fait scandaleux. La population ne semble plus réagir à cette corruption endémique qui nous coûte des milliards de dollars et qui empêche la société québécoise de progresser au rythme qu’elle pourrait si elle fonctionnait dans un environnement honnête et sain.
Pendant ce temps Charest a toujours deux jobs et deux employeurs …
Mais l’expression (Traduction): « Ce qui importe, ce n’est pas ce que tu sais mais qui tu connais » est bien américaine, si je ne me trompe pas. C’est bien pourquoi une vaste enquête s’impose pour qu’un autre gouvernement s’assure, avec sa fonction publique, que les contrats, les postes à la direction des organismes publics et ceux de prestiges (Juges, Commissaires etc.) ne soient pas accordés en fonction des dons au Parti au pouvoir, comme c’est le cas pour le PLQ de John-James depuis 7 ans.
Les commandités d’Ottawa se sont installés au Québec avec John james Charest et pour les retrouver il s’agirait de sortir les informations de la Commission Gomery en y ajoutant à peine quelques noms de fédéralistes provincialistes régionalistes et ultra royaliste .
*****LE TRICOT SERRÉ ET LE TRIOMPHE DES COTERIES*****
Je pense qu’à l’heure actuelle le Québec vit un profond processus d’émiettement qui fait en sorte que diverses cliques, coteries et mafias (au sens figuré) sont tricotées de manière tellement serrée que l’intérêt public est devenu secondaire, sinon «tertiaire».
Il est clair que les diverses «élites» qui constituent la «crème» de la société québécoise se tiennent et se soutiennent en dépit de diverses divergences, souvent considérées comme secondaires. Dans l’intérêt de ces élites il vaut mieux éviter les enquêtes qui pourraient «salir» la quasi-totalité des «membres» de cette élite qui craint d’être «démembrée».
Le tricot serré des cliques, clans et coteries vaut aussi pour une partie du monde syndical (je ne parle pas de la totalité du monde syndical), plus conservateur et plus corporatiste que jamais. Ce corporatisme est une des clés principales pour comprendre le Québec actuel.
Récemment Cyberpresse a publié un texte que j’avais commis, texte portant sur la mafia de l’humour et des humoristes (c’est une authentique coterie). Fracassante fut la réaction de nombreuses personnes qui m’ont invectivé et «blasté».
Je pourrais multiplier les exemples. Ce qui est évident en ce qui me concerne, c’est que le tricot tricoté serré des diverses coteries est en train de disloquer en partie la société québécoise.
Je me méfie des élites et des clans.
JSB