@ Marc Laurendeau, Serge Grenier, André Dubois & Marcel Saint-Germain
Non, non, non…. Je ne vous parle pas de ce fameux «cynisme» que l'on prête aux citoyens sur toutes les tribunes alors que, dans les faits, c'est plutôt la «colère» qui semble monter…
Je vous parle du groupe mythique Les Cyniques réunissant dans le Québec effervescent des années 1960 les talents exceptionnels de Marc Laurendeau, André Dubois, Serge Grenier et de Marcel Saint-Germain, décédé en 2007.
Un groupe dont la marque de commerce était un humour socio-politique cinglant et profondément «subversif» comme tout véritable humour politique devrait l'être… «Subversif», bien sûr, dans le sens où il «déconstruit» LE pouvoir et LES pouvoirs en les exposant sous leurs aspects les plus ridicules, certes, mais surtout, sous leurs aspects les plus aliénants.
Ainsi, à leur époque, Les Cyniques s'en prenaient notamment, mais pas exclusivement,au clergé catholique (leurs nombreux sketches faisant allusion aux problèmes de pédophilie étaient carrément d'avant-garde); à la police; de même qu'à certains politiciens connus soit pour leur populisme rétrograde, soit pour leur vision, disons, passablement méprisante du Québec et des francophones.
Bref, aujourd'hui, si Les Cyniques étaient encore en service…, ils s'en prendraient sûrement à nouveau au clergé catholique (v. causes multiples de pédophilie & ultraconservatisme de ses prélats), mais sûrement aussi aux divers pouvoirs religieux qui se multiplient de par le monde; aux forces de police (bonjour les arrestations arbitraires au G20!), à la énième montée du populisme, aux débats constitutionnels qui piétinent, aux empires médiatiques, à Wall Street, au Tea Party Movement, aux conservateurs, au consumérisme, aux «beaux-pères» du PQ, à Tony Accurso et son yacht, au gouvernement Charest pour l'ensemble de son oeuvre, à l'anti-intellectualisme, et quoi d'autre encore?… Une chose est sûre: ils ne manqueraient pas de sujets!
***************************************************
Confession: j'ai grandi avec leurs «33-tours», leur film IXE-13 et leurs sketches à la télé. Les Cyniques ont donc en quelque sorte fait partie de mon «éducation» à la chose politique…. J'avais tous leurs «disques», comme on disait, mais celui-ci était mon «album» fétiche… Que de souvenirs…
***************************************************
J'ai donc hâte, très, très hâte, d'écouter le documentaire Méchante révolution réalisé par Mathieu Beauchamp, diffusé prochainement sur la Première Chaîne et lequel saura sûrement remettre le tout dans son contexte social et politique très particulier, soit celui de la Révolution tranquille, d'un sentiment de libération politique et économique des francophones, d'un anti-cléricalisme montant, etc…
Journaliste, Marc Laurendeau en parlait d'ailleurs en ces termes à l'émission C'est bien meilleur le matin: http://www.radio-canada.ca/emissions/cest_bien_meilleur_le_matin/2010-2011/chronique.asp?idChronique=124135
M. Laurendeau annonçait également que le tout serait enfin dévoilé ce mercredi matin, 10h00, à l'émission de Christiane Charette…
*****************************************************
Et voici maintenant la page web du documentaire en question: http://www.radio-canada.ca/emissions/les_cyniques_mechante_revolution/2010-2011/speciale.asp
*****************************************************
Pour les mordus et les curieux, voici en extra:
2- Ce petit bijou de l'émission Tout le monde en parlait consacrée au Cyniques: http://www.radio-canada.ca/emissions/tout_le_monde_en_parlait/2010/Reportage.asp?idDoc=116715
******************************************************
@ Photo: Archives, La Presse
Bonjour Mne Legault
Je laisse le soin aux experts de nous dire si la comédie musicale IXE-13 avec ses décors en carton pate est un chef-d’oeuvre ou un navet, avouons que le sujet tiré d’un personnage d’une bande dessinée, parait-il, était très avant gardiste pour l’époque.
Pour moi, c’est une réplique de Marc Laurendeau déguisé en nazi qui m’a donné le goût de voir le film, suite à l’imitation qu’un ami m’en avait fait autour d’une table dans le Vieux-Montréal.
» Vous allez m’éliminer cet espion
Vous allez m’éliminer ce canadien-français.
Vous allez m’éliminer le Canada- français. »
http://www.youtube.com/watch?v=wbSqzEq3Jy4
J’ai adoré les Cyniques pendant leur période où ils faisaient du social, du politique. Lorsqu’ils ont baissé la barre, mon admiration en fit autant. Dieu merci, ils n’ont pas persisté et ont eu l’intelligence de se dissoudre. Preuve d’équilibre mental.
J’ai adoré X13. Oui, les décors étaient en carton pâte. Et après. Quand on a pas de budget… De plus, ce décor, factice à souhait, ajoutait à la comédie il me semble. Ce qu’il y avait, c’était du talent. Chez les comédiens, le réalisateur, toute l’équipe qui a participé au tournage. Je le regarde à chaque fois que je le vois au programme. J’ai un faible pour les chansons : paroles amusantes, musique entrainante, interprétation juste, tordante.
Chef-d’oeuvre serait un bien grand mot, mais film digne d’intérêt. A voir et revoir sans fausse honte. Bien fait, bien réalisé, bien joué. Bien aimé!
Marcel St-Germain, quelle voix. J’ai eu la chance de l’avoir dans les oreilles, immédiatement derrière moi, dans la foule d’attente un soir de St-Jean du début des années soixantes. Ils étaient relativement peu connus, hors de Montréal- je vivais à Ottawa, à l’époque. Cinquième colone- et à ma grande surprise, je le retrouve sur scène, devant moi et 500 000 personnes. Il m’en souvient encore… 🙂
Oui, c’était la belle époque où les politiciens, et autres faux jetons en haut de l’échelle sociale passaient par-là. Aujourd’hui, il y a Guy Nantel qui fait de nobles et louables efforts et les Zapartistes. Tout n’est pas perdu, mais la récolte est mince. Pourtant, il y a tant à dire.
Le personnage principal était tiré des romans policiers\d’espionage, écrit par Pierre Sorel, nom de plume de l’acteur qui jouait le rôle du Père Ovide dans la série télévisée, Séraphin : Pierre Daigneau, de son vrai nom.
Il était aussi chanteur, animateur de soirée canadienne. Un homme aux multiples talents, comme beaucoup de comédiens de son époque. Je pense à Ovila Légaré qui chantait lui aussi et qui jouait au théatre.
Cette génération avait plusieurs cordes à leur arc. Les temps étaient, avaient été durs, et il fallait exploiter tous ses talents pour survivre. Tous ces gens-là ont connu la crise….
La suite à Radio-Canada.
Maintenant plus sérieux, Marc Laurendeau fait la description des visites de la reine Élisabeth et ne cache pas son admiration du personnage, plus que de la monarchie, lorsqu’invité sur les panels de Radio-Canada. Il en va de même de Claude Meunier avec La petite vie qui a battu des records d’écoute et Guy- A Lepage après RBO jugé trop offensant, s’est démarqué avec Un gars, une fille, repris dans plusieurs pays et finalement le dimanche-soir avec Tout le monde en parle.
http://archives.radio-canada.ca/emissions/1430/
Ça explique peut-être pourquoi les Premiers ministres canadien qui se succèdent rèvent désespérément de faire des coupures dans le budget de Radio-Canada, peuplés de gauchistes comiques.
Stephen Harper a présentement maille à partir avec Serge Chapleau, qui lui continue d’être assez irrévérencieux, vu le contexte austère émanant d’Ottawa.
http://laflaque.radio-canada.ca/personnages/harper/
J’ai toujours aimé les Cyniques. Ils ont été marquants à leur époque. Pour bien comprendre l’importance qu’ils ont eu il faut se replacer dans le contexte social de l’époque où les farces les plus osées étaient celles du Père Gédéon et où la critique sociale humoristique la plus pimentée se retrouvait dans les monologues de Gilles Pellerin.
Les Cyniques ont-ils fait scandale chez les biens pensants un peu comme Brel avec Les Bourgeois c’est comme des cochons… ? Je ne m’en souviens pas trop, mais je suis certain qu’ils en ont choqué plusieurs. Aujourd’hui j’ai l’impression que plus rien ne nous surprend. Or les cyniques nous ont surpris par l’intelligence et l’impertinence de leur critique humoristique de la société.
Bien sur, encore aujourd’hui les sujets ne manqueraient pas, c’est évident. Ils auraient encore du succès à cause de leur intelligence. Mais je ne suis pas certain qu’ils auraient le même impact qu’ils ont eu à l’époque. Les temps ont changés et avec une formidable accélération d’ailleurs.
«L’histoire est du vrai qui se déforme, la légende du faux qui s’incarne.»
[Jean Cocteau]
Se retapper les albums des Cyniques (qui sont actuellement réédités en CD), c’est tout un cours d’histoire!
Il y a Jacques Desrosiers qu’il faudrait aussi rééditer en CD, certaines de ses parodies (Le téléphon, L’état du Québec, Y paraît que) fournissent aussi beaucoup de matériel pour qui s’intéresse à la révolution tranquille, les artistes et les politiciens des années 60 en général!
Je me souviens… tout en riant!!!
Être colonisé et content c’est cynique
Message à tous.
Vous étiez plus rigolos dans le dernier blogue !
Dans celui-ci certains tentent de parodier les Cyniques, vous n’y arriverez jamais, eux, même à quatre, étaient « unique ».
Lorsque j’étudiais à l’Université de Montréal, de 1963 à 1966, j’ai vécu un moment inoubliable. Lors d’une élection fédérale (je pense que c’était en 1965), des candidats du PARTI RHINOCÉROS parmi lesquels il y avait le grand Jacques Ferron, sont venus faire un spectacle de haute teneur «rhinocérienne». Dans la salle il y avait les gars du groupe LES CYNIQUES, lesquels se sont précipités vers le micro pendant la période des questions et des interventions. Ce fut pour moi (j’étais au tout début de la vingtaine) un de ces grands moments humoristiques que je n’ai jamais oublié.
Je me rappelle que presque tout le monde s’est alors entendu pour dire que le principal PRODUIT NATIONAL BRUT du Canada, c’était la GRC.
Je ne pense pas que ce grand moment ait été filmé ou enregistré. Mais ce moment a été pour le petit jeunot que j’étais un grand moment. Quelques années plus tard (vers 1966-1967), le hasard a fait en sorte que je devienne prof à l’Externat classique de Longueuil. Et à ce moment-là je suis devenu membre du PARTI RHINOCÉROS et j’ai, à quelques reprises, été candidat pour ce parti. J’ai aussi eu la chance de connaître l’éminentissime Jacques Ferron et j’ai participé, pendant une vingtaine d’années, au «comité organisateur» de ce glorieux parti, cynique, ironique et sarcastique.
Ce fut une belle époque. Mais nous sommes, en 2010, rendus ailleurs.
JSB
Les Cyniques m’ont fait rire à me tordre les boyaux. Le plaisir était d’autant plus grand qu’ils étaient terriblement iconoclastes.
Le Québec venait à peine d’amorcer sa révolution tranquille et beaucoup dans la populations ne s’étaient pas encore fait à la nouvelle société qui émergeait. Les cyniques pourraient devenir le symbole de ce débourrement que nous avons connus à l’époque.
En terminant, je ne peux passer sous silence l’expression de la nostalgie de M. Gingras. Mais je crois qu’elle vous aveugle un peu. N’y a-t-il pas aujourd’hui plusieurs artistes qui font très bien tant dans la chanson que dans le métier d’acteur ou actrice ? Je pense à Lapointe, Archambault, Michel, Reno, Filiatrault, Deschamps, Rousseau, Ferland (animation), Gauthier, Bigras, etc., etc.
La nostalgie du passé peut devenir une vilaine habitude.
» En terminant, je ne peux passer sous silence l’expression de la nostalgie de M. Gingras. Mais je crois qu’elle vous aveugle un peu. N’y a-t-il pas aujourd’hui plusieurs artistes qui font très bien tant dans la chanson que dans le métier d’acteur ou actrice ? Je pense à Lapointe, Archambault, Michel, Reno, Filiatrault, Deschamps, Rousseau, Ferland (animation), Gauthier, Bigras, etc., etc. » André Labelle
Je vous rassure tout de suite. Ma nostalgie se limite aux critiques sociaux et politiques. Daniel Lemire déplorait, lui aussi, que le grand publique se désintéresse de la critique satirique de notre société. Son commentaire date de plus de cinq ans, au moins. La situation a évoluée. C’était avant l’apparution des Zapartistes et de Guy Nantel.
Pour ce qui est des autres artistes de la scène et de la télé, je ne suis pas nostalgique du tout. J’apprécie les vieilles et les nouvelles couvées. Je n’ai rien à redire. C’est tout le contraire, en fait.
Il y a eu, ici, un malentendu. Sans doute causé par la façon que j’ai eu de m’exprimer. Je vous demande pardon. 🙂
Je ne dis pas que la nostalgie a bien meilleur goût. Loin de là.
Cordialement.
L’humour est important dans la vie et la musique aussi.
Voici un hymne bien de chez-nous, destinée, sans doute, à devenir notre hymne national québécois si nous la poussons aux endroits stratégiques afin qu’il soit déjà connu quand le PQ en cherchera un pour accompagner notre fleur de lysé national aux manifestations nationales québécoises à la place du O Canada qui accompagne l’unifolié aux manifestations nationales canadiennes. Une de nos priorités :
http://www.youtube.com/watch?v=uNnepxk-N04
M. Gilles Bousquet
Votre toune me fait penser à celle d’Albator que je regardais il y a quelques années. Les super-héros ça fait pas sérieux.
Peut-être que si elle avait été entendue, chantée depuis des générations ça serait différent. Mais franchement, M. Bousquet, qui va chanter ça à la finale de la coupe Stanley au Centre Bell ou ailleurs aux States ?
Très bien M. Carré.
Est-ce que vous trouvez important que le Québec, une nation, se trouve un hymne national particulier et lequel serait votre choix ?
Faudrait peut-être demander à un gars comme Vigneault. C’est sûr qu’il aurait quelques idées sur le sujet. À moins qu’on regarde les tounes de Passe-Partout. Non c’est une farce …
Mais arrivez-moi pas avec une autre marche militaire, de grâce.
Tiens ! J’ai une idée. On lance un concours populaire. Toutes les tounes se retrouvent sur le NET et les gens votent pour les 10 meilleures. Puis, on fait un grand gala au Centre Bell ( pas le stade j’aurais peur qu’il soit saboté par les fédé et qu’il nous tombe dessus) animé par Louis-José Houde et Véro. On révèlerait là le grand gagnant et on ferait une hos* de fête.
M. Carré, un hymne national doit être entraînant, soulever le nationalisme, accompagner des marches et enthousiasme. Certains aimeraient « Gens du pays » de Gilles Vigneault qui est parfait pour souligner une fête de famille mais pas trop pour une levée de drapeau, faire jouer comme introduction d’un match de sport etc.
Ma suggestion de l’hymne au Québec, chanté Par M. Richard Verreau, me semble répondre à ce qui est demandé d’un hymne national. Certaines paroles pourraient être changées pour la transformer, si nécessaire, au goût du jour.
@Gilles Bousquet
Vous n’en manquez pas une. Vous trouvez toujours le moyen de ramener toute discussion à votre combat politique. Ça ne vous tente pas de relaxer des fois. Ici, aujourd’hui, nous parlons des Cyniques. Il me semble qu’on est loin de l’hymne national.
Remarquez que votre liberté d’expression vous permet de dire ce que vous voulez. Mais il me semble que vous devriez être capable de démontrer que vous êtes un peu plus éclectique. Vous seriez peut-être pris un peu plus au sérieux.
«La poule qui chante le plus haut n’est pas celle qui pond le mieux.»
[Thomas Fuller]
@Jean-Serge Baribeau
Votre billet m’a intéressé, intrigué. En effet vous avez tout de go évoqué le «PARTI RHINOCÉROS parmi lesquels il y avait le grand Jacques Ferron».
Faites-vous un lien entre l’émergence et le succès des Cyniques et la présence du Parti Rhinocéros sur la scène québécoise ?
M. Drouin, vous êtes directement dans le sujet des cyniques qui, comme les chanteurs, améliorent notre vie culturelle. Humour et musique vont ensemble comme cheval et carrosse comme le disent les Anglais.
@Denis Drouin
Je ne sais pas s’il y a un lien direct entre Les Cyniques et le Parti Rhinocéros. Mais ce que je pense savoir, c’est qu’au début des années 60, il y avait un besoin de «libération» et un besoin de «libéralisation». Ces besoins allaient de pair, me semble-t-il, avec un profond besoin d’humour, avec le besoin impératif de rire un peu tout en déboulonnant de vieilles statues ridées et rigides qui semblaient manquer totalement d’humour et de fraîcheur.
Je pense savoir aussi (et d’autres l’ont déjà dit) qu’un homme comme Jacques Ferron craignait que le «mouvement de libération» prenne des formes trop violentes, démesurément sanguinaires. Il craignait le pire. En ce qui concerne les Cyniques, je pensent qu’ils espéraient exorciser le désir de violence en le remplaçant partiellement par un bon rire, dévastateur, énonciateur et dénonciateur.
Un jour Gilles Vigneault a dit que la violemce, c’est souvent un manque de vocabulaire. Je pense que Ferron et les Cyniques utilisaient le vocabulaire du rire féroce et de l’humour grinçant en espérant éventuellement empêcher un débordement de violence, laquelle violence aurait éventuellement été plus dommageable que libératrice. Ferron connaissait très bien les frères Rose et de nombreuses personnes de la Rive-Sud de Montréal (comme Pierre Vallières) qui ont été attirés par le terrorisme, parfois assassin.
Enfin, c’est un peu comme cela que je vois toute cette histoire. Peut-être que j’erre lamentablement
Au plaisir!
JSB
@ Jean-Serge Baribeau
Très intéressant ce que vous dites au sujet de la parole comme exutoire. Une telle vertu est une bénédiction dans la plupart des situations de notre vie habituelle. Vaut mieux se parler que de se taper, n’est-ce pas.
Mais n’y a-t-il pas un risque à octroyer à la parole, justement, trop de vertu. «Chien qui aboie ne mord pas». dit-on. Si la parole reste le principal moyen d’exprimer une frustration légitime, comment se prémunir d’un possible effet soporifique rendant improbable, voire impossible, l’action qui pourrait durablement changer une situation déplorable ? N’est-ce pas l’empereur romain qui offrait au bon peuple du pain et des jeux dans la Rome décadente?
Qu’en dirait Edgar Morin ?
«L’homme est une corde tendue entre l’animal et le surhomme, une corde au-dessus d’un abime.»
[Friedrich Nietzsche]
Cet hymne au Québec plonge loin dans le passé de nos ancêtres, il a été tiré du thème d’une émission de radio » : Le Réveil rural a été À l’antenne radio de 1938 à 1968.
Pendant trois décennies, Le Réveil rural a marqué le paysage radiophonique de Radio-Canada. Cette émission s’adressait avant tout aux agriculteurs de langue française, mais visait aussi à faire comprendre le monde rural aux citadins. Diffusé quotidiennement en semaine, Le Réveil rural est composé d’entrevues, de nouvelles sur les événements agricoles, de bulletins météorologiques. Poème d’Alfred Des Rochers mis en musique par Oscar O’Brien, Interprètes: Albert Viau et chœur en (1939)
@Denis Drouin
Il est vrai que la parole a de multiples vertus: elle permet d’énoncer et de dénoncer, de s’exprimer et de «faire savoir», de dire et de redire, de crier et de hurler. Elle peut parfois empêcher d’inutiles et stériles explosions de violence.
Mais toutes les paroles ne sont pas subversives ou libératrices. Il y a des paroles qui enferment et renferment. Pensez aux paroles de tous les Stephen Harper ou George Bush de cette planète.
Toutefois, la parole des Cyniques, des Jacques Ferron, des «Rhinocéros», des Gilles Vigneault, des Gaston Miron, des Félix Leclerc, des René Lévesque et de plein d’autres personnes sont des paroles qui tentent de trouver des accents libérateurs et émancipateurs.
La parole, souvent, dénonce ce qui va mal, ce qui ne va pas, ce qui est inacceptable. Et aussi elle énonce éventuellement ce qui pourrait être fait, elle ouvre la porte à des rêves, à des désirs, à des voeux et souhaits.
Mais tout cela étant dit, il ne faut pas oublier que si la parole dénonciatrice et énonciatrice est une sorte d’action, cette parole ne doit pas empêcher les humains de se retrousser les manches et de passer à l’action de diverses autres manières.
Dans les années 60, les Jacques Ferron craignaient que l’action violente ne fasse plus de mal que de bien. Avaient-ils raison? On peut en débattre pendant des lustres et des lustres. Moi, je serais prêt, sans dogmatisme, à leur donner raison.
Ce sont là mes bien modestes réflexions sur la parole en général et sur la parole humoristique, ironique, dévastatrice. Sans illusions extrêmes je crois beaucoup à la force de l’humour, parfois vitriolique et souvent décapant.
AU PLAISIR!
JSB
La musique du Réveil rural est une marche. Une bonne oreille musicale le confirme. Pour ce qui est des paroles du future hymne national, comme dit M. Bousquet, on peut s’arranger.
Je partage l’opinion de M. JSB, la violence que l’on a connue avec le FLQ n’a apporté absolument rien de bon. Au contraire, elle a servi de prétexte aux fascistes du Canada à se venger de gens qu’ils trouvaient désagérables, irritants : les gauchistes de tout accabit. Il y avait une 60aine de sympathisants felquistes fichés. On ne déclare pas la Loi des mesures de guerre pour 60 personnes que l’on peut arrêter dans les 24 heures. On connait la suite.
Voltaire, avec son ironie, son humour a fait trembler les cours d’Europe. Lui et les encyclopédistes ont fait évoluer les sociétés européennes. Voltaire n’a jamais prêché la violence, cependant, les autocrates ne se sont jamais gènés pour faire bastonner, emprisonner ce dernier.
Si le ridicule ne tue pas, l’humour peut faire bien des ravages. En Russie, Poutine a fait taire tous les humoristes de la télé, de la radio et des journeaux. En Chine, on ne rie même pas jaune. Il est interdit de ridiculiser le pouvoir. C’est le cas dans toutes les dictatures. L’humour, c’est dangereux, c’est subversif.
Lors de la révolution tranquile, cet humour, auquel on s’associait, nous permettait de croire que nous participions nous aussi, simples spectateurs, à la rigolade. Nous faisions nôtres ces attaques contre des gens qui nous défrisaient. C’était la soupape de sécurité dont parlait M. JSB. Cela faisait du bien.
Voici le poème d’Alfred Des Rochers « le père de Clémence » qui a servi pour le réveil rural :
Refrain
C’est le réveil de la nature
Tout va revivre au grand soleil
Oh ! la minute libre et pure
De la campagne à son réveil
Autour de toi l’instant proclame
L’amour, la foi, la liberté
Ô fils du sol ouvre ton âme
Comme tes yeux à la beauté.
– 1 –
Vois l’aube au ciel s’élargir en aurore
Pour chasser l’ombre au pied des monts lointains
Et de la ferme ensommeillée encore
Entends le coq chanter dans le matin.
– 2 – (Non chanté ici)
Dieu t’associe à sa gloire plénière
Il t’a choisi, semeur, pour attester
Son oeuvre éparse à travers la matière
Car ton labeur nourrit l’humanité.
——————————————————————————–
Poème d’Alfred Des Rochers
Mis en musique par Oscar O’Brien
Interprètes: Albert Viau et choeur (1939)
Que l’on peut écouter à l’adresse suivante :
http://bibnum2.banq.qc.ca/bna/musique_78trs/ms14a1.htm