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Les dominos

 

Combien de dominos finiront-ils par tomber au Québec suite à l'accélération de la dynamique politique?

Une chose est néanmoins certaine: cette semaine sera marquée d'un grand «X» dans le calendrier de la population et de la classe politique.

N'en jetez plus. La cour de la Cité est tout simplement trop pleine.

Une pétition mise en ligne sur le site de l'Assemblée nationale demandant la démission du premier ministre aura fracassé les 100 000 signatures en moins de 48 heures! Lorsque la colère rencontre la rapidité et l'efficacité de l'internet…

Sans compter le refus du chef adéquiste, Gérard Deltell, d'obéir à la mise en demeure du PM exigeant qu'il rétracte ses propos alors qu'il le qualifiait de «parrain» de la grande famille libérale.

Puis, selon une longue enquête de Radio-Canada par le journaliste Christian Latreille, le maire de Laval, Gilles Vaillancourt, aurait offert des enveloppes d'argent comptant à Serge Ménard et Vincent Auclair alors qu'ils étaient respectivement candidats du PQ et du PLQ dans la même région. Des enveloppes qu'ils ont tous deux refusé de prendre.

En conférence de presse, comme s'il craignait lui-même une contre-poursuite, M. Vaillancourt a tout nié mais a refusé de qualifier les deux hommes de «menteurs». Il a néanmoins laissé entendre qu'ils auraient des «agendas» /sic/ politiques… Vraiment?

http://www.cyberpresse.ca/actualites/dossiers/laval/201011/16/01-4343264-gilles-vaillancourt-nie-avoir-offert-des-enveloppes-dargent.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B4c_video_1086353_accueil_POS2

La chose est pourtant peu probable.

Primo: les deux hommes sont de deux familles politiques adversaires. Secundo: dans les faits, ils ont simplement confirmé les révélations faites par l'enquête journalistique. Ce ne sont donc pas eux qui ont contacté les médias pour faire ces affirmations fracassantes à la caméra. Bien au contraire!

Et pourtant, le puissant maire de Laval a promis, lui aussi, de leur envoyer une mise en demeure les sommant de se rétracter, sinon…

Décidément, avec le premier ministre qui en fait lui-même amplement usage en lieu et place de débattre au parlement, le lancer de la mise en demeure est en voie de devenir le sport national des politiciens nerveux…

Certains se demandent également pourquoi diable messieurs Ménard et Auclair n'ont pas «dénoncé» le tout avant?

Même Jean Charest, ce midi, semblait blâmer son propre député en ce sens. Comme s'il cherchait désespérément à ne pas y être associé… Et surtout, comme à son habitude, il s'est refusé à mettre sur pied une commission d'enquête élargie et s'en est entièrement remis à la police dans ce dossier, comme dans tant d'autres…

Or, sans présumer de leurs circonstances, il existe peut-être des raisons exliquant leur silence.

Tenez, une simple hypothèse, comme ça, parmi d'autres: les candidats à qui une telle chose arrive comprendraient-ils tacitement que leur carrière serait dangereusement courte si, par hasard, il leur prenait le goût de dénoncer une ou des personnes puissantes et bien branchées qui, d'une manière ou d'une autre, tentent de les corrompre et de se les «attacher» pour l'avenir avec un beau, gros don en argent comptant caché dans de belles enveloppes discrètes? Et rien n'est plus tentant que d'essayer de s'attacher un candidat «ministrable», comme on dit…

Surtout qu'il doit arriver à de nouveaux candidats, frais comme le rose, de se voir «offrir» un certain nombre de choses par quiconque s'attendrait à de futurs retours d'ascenseur.

Mais du moment où, sans présumer des faits ici, une tentative de corruption viendrait d'un élu aussi puissant et influent à Québec que le maire d'une grande ville, imaginer le psychodrame que vivrait un candidat osant dénoncer le tout?

Donc, sous toutes réserves des développements à venir, si dénoncer est certes toujours préférable, encore une fois, il existe peut-être des raisons expliquant ce silence-ci.

Bref, lorsque des candidats sont l'objet de telles «offres», il serait peut-être sage de s'enquérir avant toute chose de la responsabilité de celui qui pose ce geste…

En bout de piste, pour bien des Québécois, le «silence» le plus troublant n'est sûrement pas celui de messieurs Ménard et Auclair…

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@ Photo: Alain Roberge, La Presse