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La «machine» Harper

 

 

@ Larry Smith

Ceux et celles qui me lisent régulièrement connaissent sûrement mon analyse du modus operandi de Stephen Harper.

Nul doute que le premier ministre conservateur est une véritable machine politique, dont l'entière action repose sur deux objectifs:

  1. remplacer le Parti libéral du Canada (PLC) comme «natural governing party du Canada» en demeurant au pouvoir le plus longtemps possible;

  2. même minoritaire, gouverner en majoritaire et ce, en bonne partie grâce à la faiblesse de l'opposition libérale combinée à la division des partis de centre-gauche.

Et maintenant, en nommant Larry Smith et Don Meredith au Sénat, le premier ministre se donne un avantage supplémentaire, et non le moindre, quant à sa gouverne de type «majoritaire». Soit le contrôle de la majorité au Sénat.

Pour ce faire, depuis son arrivée au pouvoir en janvier 2006, Stephen Harper aura nommé pas moins de 38 sénateurs et sénatrices venus d'ajouter à des nominations de «conservateurs» faites avant 2006 par les Libéraux.

Résultat: la «ligne» idéologique du premier ministre domine maintenant dans un Sénat où ils sont 105 à siéger au total.

Mais il a fait autre chose. Il s'est assuré que «ses» sénateurs, avec ceux de couleur politique «bleue», faciliteraient non seulement l'adoption des projets de loi de son gouvernement, mais aussi qu'ils empêcheraient ou retarderaient l'adoption de projets de loi votés à la majorité des élus de la Chambre des communes, là où les Conservateurs sont minoritaires). Ce qui transforme le Sénat en redoutable machine partisane.

Car s'il est vrai que «techniquement», le Sénat et la Chambre des communes ont des pouvoirs similaires et que le Sénat a dans le passé renversé certains projets de loi du Parlement, il reste que cela doit être fait avec parcimonie puisque, dans les faits, le Sénat est un corps législatif non élu et dont la légitimité démocratique, par conséquent, n'est tout de même pas équivalente à celle des élus.

C'est aussi pour cette raison qu'une relative indépendance d'esprit, malgré les nominations partisanes, pouvait s'exercer chez les sénateurs.

Ce qui, de toute évidence, est un concept étranger au régime Harper.

Percer à Montréal?

Quant à la nomination de l'ancien président des Alouettes de Montréal, Larry Smith – de toute manière appelé à se présenter à la prochaine élection générale dans le comté de Lac-Saint-Louis – il fut présenté comme la «clé» apte à ouvrir les portes de Montréal aux conservateurs.

http://www.ledevoir.com/politique/canada/313517/le-nouveau-senateur-sera-candidat-la-mission-de-larry-smith-percer-a-montreal

Toutefois, hormis la possibilité réelle de l'élection de M. Smith dans ce comté de l'ouest de Montréal, ce sont là de bien grandes ambitions… et nettement exagérées.

Car il y a d'excellentes chances que Montréal demeure un terreau très peu fertile pour les candidats et la vision du PCC.

En d'autres termes, M. Smith a beau être un bon communicateur est un personnage sympatique, le «contenant» a peu de chances de faire oublier ici le «contenu» idéologique néoconservateur du PCC sous M. Harper.

Mais cela, c'est à Montréal… Par contre, dans la région de Québec…

Le Devoir de ce matin rapporte d'ailleurs une rumeur à l'effet que M. Smith, du moment où il serait élu et nommé ministre, prendrait aussi «la tête d'un nouveau fonds pour favoriser les infrastructures de sports professionnels, une idée avec laquelle Stephen Harper jongle depuis l'automne et qui lui permettrait de verser des millions pour l'amphithéâtre de Québec sans faire de jaloux ailleurs au pays»…

De plus, à l'extérieur du Québec, dont l'Ontario, les conservateurs gagnent du terrain.

Au point d'ailleurs où un sondage Nanos récent les plaçait en territoire majoritaire…

Voir: http://www.voir.ca/blogs/jose_legault/archive/2010/12/07/pendant-ce-temps-224-ottawa.aspx

Pourtant, les intentions de vote de bien des électeurs hors Québec – du moins, ceux qui ne sont pas des pro-Harper ou des néo-démocrates purs et durs -, demeurent essentiellement volatiles.

Et Iggy?

Or, à ce chapitre, le chef libéral Michael Ignatieff, peine encore et toujours à se démarquer et à prendre pleinement sa place comme «alternative» possible.

Même sa tournée estivale au bord de l'«Express libéral» a laissé fort peu de traces durables.

La rumeur veut pourtant que Stephen Harper retourne en élections dès ce printemps… question de profiter, à nouveau, de la faiblesse relative du PLC et de son chef.

Mais aussi de ses propres avancées stratégiques auprès de diverses «clientèles» électorales qui étaient autrefois le monopole des Libéraux.

Évidemment, tout cela est à suivre…

Mais une chose est certaine, on verra et on entendra beaucoup plus parler d'un certain Larry Smith…

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@Photo: REUTERS