BloguesVoix publique

Les 5 doigts de la main…

 

 

Hier, je vous demandais si le discours d'ouverture de Jean Charest serait son chant du cygne, une imitation d'autruche ou plutôt, une renaissance surprise tel un phénix…

Maintenant qu'il est donné, force est de constater qu'il tient un tant soit peu plus de l'autruche…

Du moins, lorsqu'on y constate l'absence de détails sous plusieurs rubriques, aussi nombreuses soient-elles.

Et à 75% de taux d'insatisfaction depuis des lustres, ce serait surprenant que ce discours métamorphose tout à coup le premier ministre en phénix…

Pour lire le discours intégral: http://www.premier-ministre.gouv.qc.ca/actualites/nouvelles/2011/fevrier/2011-02-23.asp

http://www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/politique-quebecoise/201102/23/01-4373269-une-offensive-tous-azimuts-de-jean-charest.php

**********************************************************

Mais le pire symptôme de ce côté «autruche» en fut les quelques secondes seulement que le premier ministre aura réservées, dans un discours fleuve de plus d'une heure, aux questions de corruption et de collusion dans l'industrie de la construction.

Donc, rien, toujours rien, hormis l'unité permante anticorruption annoncée la semaine dernière, pour répondre à la demande de près de 80% des Québécois, depuis bientôt deux ans, pour une commission d'enquête publique et indépendante…

Ce discours inaugural, donné à mi-mandat, a pourtant comme objectif de «nettoyer l'ardoise» du gouvernement Charest.

S'en tenant à cinq priorités (ce qui, en passant, rappelle le premier discours du trône de Stephen Harper en avril 2006), il les a décrites comme «les cinq doigts de la main» – celle «que nous tendons au monde» et «aux prochaines générations»…

On voit ici que le premier ministre persiste dans ses analogies… Voilà donc qu'il veut remettre les deux mains sur volant avec les cinq doigts de la main…

Bon, mis à part le lyrisme un peu douteux, les voici: l'éductation, l'emploi, le développement durable, la maîtrise de nos ressources naturelles, la santé.

Vous notez donc que la santé est passée au 5e rang et l'éducation, au premier… Un «effet» Legault?

Cela étant dit, si vous me passez le cliché, le diable se cache dans les détails… et souvent, dans leur absence.

Prenons quelques exemples d'annonces:

Sur l'éducation – sa 1ère priorité -, il faut «continuer de faire mieux». Plus concrètement, il annonce que chaque classe de chaque école aura un «tableau intelligent» et chaque enseignant, son ordinateur portable. Non-chiffrées, cela risque de coûter cher, très cher, à un moment où les enseignants se plaignent plutôt du manque de ressources humaines spécialisées dans les écoles, et de tant d'autres choses…

Le premier ministre annonce des cours de civisme, des uniformes sportifs pour les écoles et le retour, suggéré, du vouvoiement dans les écoles…. Des mesures qu'il a puisées dans la besace de l'ADQ et dont on se demande bien quelle en serait l'utilité réelle.

Sur la langue française: après avoir déclaré qu'elle constitue notre «identité, notre force et un instrument de liberté» (on aurait presque cru qu'il s'apprêtait à annoncer l'annulation de la Loi permettant les écoles anglaises passerelles /sic/, le premier ministre a plutôt annoncé que d'ici cinq ans, les élèves de 6e année au primaire passeraient la première moitié de leur année à l'apprentissage intensif de l'anglais.

Nonobstant le mérite, ou non, de l'annonce, c'est tout de même paradoxal de voir que la seule mesure tombant sous la rubrique de la protection du français est… l'enseignement intensif de l'anglais.

C'est néanmoins là une mesure qui risque d'être populaire. Le problème, encore une fois, est dans le détail. Où prendrait-on les ressources pour le faire? Combien cela coûterait-il? Est-ce souhaitable à un moment où les élèves d'autres langues maternelles travaillent à maîtriser le français? Etc…

La création d'un fonds spécial pour aider les artistes à monter des projets internationaux – une bonne inititaive, mais non chiffrée.

Sur la pauvreté, le premier ministre annonce qu'elle «recule». Mais il ne se base que le nombre de personnes sur l'assistance sociale. La pauvreté, pourtant, se mesure et se constate dans bien d'autres milieux.

Sur les ressources naturelles, au moment où Lucien Bouchard prend la tête du principal lobby du gaz de schiste, il annonce des redevances «justes» pour l'exploitation du gaz de schiste, les mines et des ressources pétrolières, mais on ne sait pas de combien.

Sur le mystérieux Plan Nord, eh bien, il le demeure. De fait, il annonce des «détails» pour les prochaines semaines…

Il annonce un accent mis sur le développement de véhicules électriques et hybrides.

Sur les transports collectifs: il annonce de «nouvelles politiques», mais n'en donne aucune…

Sur la santé, il annonce que le Québec sera d'ici la fin de la décennie un «pôle mondial de la recherche médicale». Et ce, pendant que le CHUM, le CUSM sont encore atttendus.

Sans détails, il annonce la création de «la direction québécoise du cancer». Ce qui semble vouloir dire qu'elle relèverait du ministère de la Santé. Pas un mot non plus sur le problème croissant du refus de la RAMQ de couvrir les coûts de certains médicaments expérimentaux mais prometteurs.

Sur les «aînés actifs et en santé», le premier ministre parle de «repenser l'épargne», de créer un avantage fiscal pour les +65 ans pour ceux qui travailleraient encore, un programme «vieillir chez-soi» et un possible «régime de retraite privé». Tout ça, également, demeure dans le flou. Tout comme les coûts.

Pour les autres, le premier ministre parle d'«un plan de services intégré», mais sans détails. Même chose pour les résidences privées dits intermédiaires, alors que l'encadrement et la vérification sont ce qui y manquent le plus.

Évidemment, il n'y avait rien dans ce discours sur les aidants naturels ou les personnes handicapées, physiques et intellectuelles.

Le premier ministre a aussi réitéré son intention d'avoir un cadre financier très rigoureux et d'atteindre l'équilibre budgétaire en 2013-2014. Mais avec des mesures non chiffrées….

Enfin, M. Charest a terminé son discours sur une envolée qui ne passera sûrement pas inaperçue: «Nous concluerons avec le gouvernement fédéral des ententes qui vont dans le sens des intérêts du Québece et des intérêts du Canada. Car un fait demeure, les Québécois sont les co-auteurs de l'histoire de ce pays. Et le Canada est à son meilleur lorsque le Québec influence sa marche

************************************************************