Le ministre de l'Environnement, Pierre Arcand, dévoilait aujourd'hui le très attendu rapport du BAPE sur les gaz de schiste.
Avec ce rapport – gouvernement, industrie et citoyens confondus – tous s'achètent du temps…
Pour le gouvernement, plus spécifiquement, il arrive à point nommé dans un dossier controversé qui menace de lui coûter encore d'autres appuis dans les intentions de vote avec cette impression continue d'une trop grande proximité avec cette industrie.
Donc, le BAPE, reconnaissant dans les faits son ignorance scientifique quant au fond de la question, propose de «procéder à une évaluation environnementale stratégique», laquelle pourrait prendre jusqu'à 30 mois.
Un «passage obligé», selon le ministre Arcand.
Le BAPE reconnaît aussi qu'il n'existe «aucune étude validée par des travaux de terrain qui permet d'évaluer le risque que poserait (…) pour l'immédiat ou pour les générations futures» l'utilisation de produits chimiques par l'industrie. Mais cela, ne le savions-nous pas déjà?
D'aucuns conclueront donc à un moratoire de facto. Mais attention, le ministre lui-même n'en voit aucun: «pour moi, un moratoire, c'est de l'immobilisme!». Clair, non?
C'est plutôt une «pause» qui, pour l'industrie – au sein de laquelle oeuvrent plusieurs ex-attachés politiques du gouvernement -, pourrait aussi lui donner le temps nécessaire pour se préparer à mieux rebondir. La suite dira évidemment si cela sera ou non le cas.
Quant à l'inquiétante pratique de fracturation hydraulique, elle pourra continuer à se faire si c'est pour des fins d'études scientifiques.
Restera donc à voir si les «experts» qui s'y pencheront seront bel et bien indépendants.
Pour calmer le jeu dans les régions, le BAPE recommande aussi la création d'un «comité de concertation», question de pousser plus loin le concept d'«acceptabilité sociale».
Enfin, le BAPE reprend le message principal du gouvernement, soit que l'industrie ne doit pas être stoppée, mais «encadrée».
Pour ce faire, elle suggère que le ministère de l'Environnement de M. Arcand, et non celui des Ressources naturelles de Nathalie Normandeau, en soit chargé.
Or, on conviendra que dans les faits, un élément aussi majeur de l'«agenda» gouvernemental sera décidé par le premier ministre et le conseil des ministres. Et non par le seul ministre de l'Environnement. La démission sous Jean Charest d'un certain Thomas Mulcair de ce même poste rappellera ce petit détail à ceux qui en douterait.
Côté «acceptabilité sociale», le BAPE va jusqu'à proposer que l'on permette aux municipalités touchées d'«encadrer» le développement de l'industrie du gaz de schiste.
Or, en entrevue, le ministre Arcand réduisait déjà cette attente, précisant que les municipalités seraient «consultées». Nuance.
Sur la question des coffres publics, le BAPE reste flou en parlant de «bénéfice collectif optimal». Pas vraiment plus clair, le ministre Arcand dit quant à lui que le Québec devra recevoir sa «juste part».
Quelques précisions seront sûrement apportées sur le sujet lors du budget présenté la semaine prochaine.
Mais, bien évidemment, il n'est aucunement question ici de véritable propriété collective. Ni de voir, pour vrai, si ce besoin pour des énergies non renouvelables est bel et bien réel.
Même les chiffres qui circulent actuellement sur de futures redevances supposément «optimales», sont fort peu impressionnants…
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Quant au président du lobby de l'industrie du gaz de schiste, Lucien Bouchard, il ne ferait aucun commentaire avant la semaine prochaine.
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Bref, tout le monde gagne du temps…
Par contre, comme dans d'autres dossiers environnementaux ces dernières années, on mesure à quel point la mobilisation des citoyens, des artistes, des intellectuels et des scientifiques peut influer sur un processus décisionnel de plus en plus porté à se dérouler en vase clos entre les gouvernements et des intérêts privés dont la première préoccupation, de toute évidence, n'est pas tout à fait la préservation du bien commun.
Il s'agira maintenant de voir à qui, à moyen et long termes, pour vrai, ce «temps» acheté par le BAPE aura le plus profité… Au gouvernement côté intentions de vote, à l'industrie côté profits ou aux citoyens côté protection du bien commun?
Et vous, vous pariez sur lequel?
Le Japon s’autorise bien la chasse à la baleine en prétextant la recherche scientifique!
Malgré un travail honnête, à prime abord, de la part des commissaires du BAPE, le risque de harponnage demeure bien réelle de voir la prospection se poursuivre. Il n’y a pas de temps morts en politique, la mobilisation doit se poursuivre de plus belle.
Finalement le BAPE admet qu’il ne sait pas de quoi il parle.
Cela devrait en mettre un terme à ce «concours de lâcheté» et d’insignifiance où chacun espérait pouvoir corriger des erreurs par une autre erreur encore plus grande.
D’une part, c’était vouloir stimuler la régression de ressources non renouvelable aux moments ou c’est encore le moins nécessaire? Or, de l’énergie à bon marché il n’y en a jamais eu autant de disponible.
D’autre part c’était exposer les plus belles terres agricoles du Québec à une contamination irréversible. Certains produits chimiques sont très toxiques, d’autres cancérigènes.
On est là assez loin des conclusions de la ministre Natalie Normandeau, au sujet de la responsabilité des vaches et de leurs quotas de laid!
Le shale ce n’était pas ce terme savant, à l’usage des scientifiques et des experts!
Le shale c’est le terme en anglais.
En fait, il s’agit d’un schiste composé principalement d’argile, qui contient naturellement certains éléments radioactifs tels le radium ou le thorium (c’est d’ailleurs une des manières de détecter sa présence).
Même si les ingénieurs ont obtenu une évaluation environnementale stratégique telle que l’OIQ l’avait demandé, cela ne garanti pas la faisabilité du projet d’exploitation.
Les problèmes d’ingénieries n’ont pas forcément de solution idéale, voir immédiate. Nous avons l’obligation de savoir constamment ce que nous faisons, d’évaluer les risques et de rapporter les problèmes.
”En Amérique du Nord, les techniques utilisées se sont avérées dangereuses pour l’environnement et destructrices (pour la nappe phréatique de par l’utilisation de produits chimiques, pour les rivières de par l’accumulation des déchets radioactifs, pour les milieux aquifères de par le rejet d’eaux usées partiellement décontaminées ».
Même les américains sont en train de s’en rendre compte. Il suffi de lire les comptes-rendus du NY Times ou du Homeland Security Newswire: (Wastewater Recycling No Cure-All in Gas Process, Regulation Lax as Gas Wells’ Tainted Water Hits Rivers, Radioactive waste contaminates drinking water, EPA does nothing)
En fait, la conclusion de l’Évaluation Environnementale Stratégique (ÉES), on la connait déjà : « S’il aucune autre technologie que l’hydro-fracturation ne peut être validée, aucun gisement ne sera mis en exploitation.”
C’est quoi la suite: The water we drink, Oops!
Canada’s water could be answer for anticipated global water shortages
http://homelandsecuritynewswire.com/canadas-water-could-be-answer-anticipated-global-water-shortages
Ce controversé dossier concernant une éventuelle exploitation des gaz de schiste en est un qui va nulle part… lentement.
Tant les profanes que les « experts » ne savent pas ce qu’il en est.
Dans le doute, vaut mieux s’abstenir, clament donc en choeur les premiers, tandis que les seconds opinent plutôt que, dans le doute, vaut mieux procéder à une étude plus poussée de la question.
Mais, bien que de procéder à une étude plus poussée de la question me paraisse être la voie de la raison, l’approche logique à une situation demandant davantage d’éclairage de manière à pouvoir en comprendre mieux les tenants et les aboutissants, cette voie ne mène dans ce cas-ci qu’à un cul-de-sac…
C’est ainsi que les « experts » parviendraient, après de rigoureuses recherches – avalisées quant à leur exhaustivité et méthodologie probante par des tas de spécialistes indépendants reconnus – à la conclusion que l’exploitation pourrait très bien se faire de manière sécuritaire (en se conformant très strictement à un protocole spécifique d’opération), que cela ne dissiperait aucunement le caractère controversé de la question.
Cette affaire de l’exploitation des gaz de schiste en est une où la logique n’a aucune prise. Même à gros renfort de hangars pleins d’études qui auraient été menées de manière irréprochable, bourrées de preuves solidement documentées de la quasi-innocuité du processus d’exploitation pourvu que le protocole soit scrupuleusement respecté, cela ne changerait fort probablement rien au verdict populaire de rejet pur et simple.
Cela dit, et considérant que nous sommes encore bien loin d’avoir des hangars pleins d’études rassurantes à portée de la main, à supposer que cela soit même possible que nous ayons un jour de tels documents et qu’en plus ceux-ci soient arrivés à des conclusions rassurantes, le moins que l’on puisse dire en ce moment c’est que Lucien Bouchard a une énorme miche de pain sur la planche…
Et ce sera assurément très captivant de voir l’assortiment de sandwichs qu’il nous présentera la semaine prochaine. S’agira-t-il alors de « junk » s’affichant néanmoins sous des dehors d’allure « santé »?
Ce sera extrêmement délicieux… à voir.
Un moratoire sur les gaz de schiste, il était temps!
C’est au moins ça de fait, un pas dans la bonne direction. On ne pourra pas tout régler immédiatement, et en fonction des nuances apportées ici par Madame Legault, nous devrons rester très vigilants!
Aux nouvelles télévisées hier soir, suivant l’annonce d’un moratoire, un représentant d’une chambre de commerce semblait troublé par cette décision en mentionnant les emplois perdus. Un autre intervenant disait que créer des emplois est une chose, mais si on le fait en bradant nos ressources nous ne sommes pas plus avancés.
En fait, par rapport aux gaz de schiste, la question pertinente sera toujours la sécurité de l’environnement et des populations. Que vaudraient des emplois si c’était pour polluer pour des décennies à venir les nappes phréatiques et les cours d’eau, risquant aussi la santé des populations, produisant des cancers, etc. Le bénéfice immédiat avec la création des emplois pourrait éventuellement tourner au cauchemar où les rendements seraient négatifs en raison des coûts sociaux et environnementaux. La vie de tous est complètement dépendante de l’environnement, ça n’a pas de prix!
Pour la création d’emploi, les technologies vertes ne manquent pas de ressort, on doit au Québec et au Canada développer bien davantage dans le sens du virage vert. Je pense que des milliers d’emplois « vert » pourraient être créés, ce qui serait bénéfique à l’ensemble de l’économie.
Pour des solutions vertes : http://peswiki.com/index.php/Congress:Top_100_Technologies_–_RD
Cela dit, nous avons une politique du 1% avec la construction des édifices publics, une manière de subventionner les arts. Pourquoi ne pas créer une politique similaire au niveau du virage vert? Il resterait à déterminer le pourcentage. Une loi verte où un pourcentage des budgets alloués à la construction irait directement dans l’implantation de technologies vertes forcerait un changement de cap. Ce genre de loi est généralement adopté, au niveau politique, parce d’une part on reconnaît la valeur intrinsèque de la culture, d’autre part il serait bien qu’on reconnaisse de la même manière une «culture verte». Ce sont des choix de société, et c’est au niveau politique qu’on se doit d’appuyer ces choix.
Gaz de schiste: victoire citoyenne, dit Amir Khadir :
http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/actualites/environnement/201103/08/01-4377424-gaz-de-schiste-victoire-citoyenne-dit-amir-khadir.php
Il faut le souligner, Amir Khadir mentionne en ce qui à trait à la poursuite de certains forages aux fins d’études et d’expertise : «Il existe déjà une foule de données aux États-Unis qu’on pourrait utiliser, avance-t-il. Pourquoi répéter les erreurs?»
Justement, le sujet est très bien documenté, alors pourquoi poursuivre ces études. Il y a une contradiction flagrante ici, car il y a quelques mois, on justifiait d’abandonner l’exploitation des gaz de schiste au privé, car l’administration Charest disait ne pas avoir l’expertise nécessaire. L’expertise a déjà été clairement définie ailleurs dans le monde, et voilà qu’au Québec on se propose d’ajouter des études d’expertise. Hum! Ça laisse songeur!
Décidément, ce ne sera jamais facile avec le gouvernement Charest! Quel gâchis ce gouvernement!
L’attitude du gouvernement démontre, me semble-t-il (peut-être me trompé-je) que les dirigeants de tout acabit, peu à peu, lentement, commencent à comprendre que la donne socio-politique n’est plus celle d’il y a 40 ou 50 ans.
Dans le monde actuel le taux de votation a peut-être diminué mais la vigilance de très nombreux citoyens est de plus en plus redoutable. Les «maîtres» ne peuvent plus annoncer de nouvelles mesures sans que de nombreuses personnes se mêlent de poser des questions, de faire des recherches, de chercher quel est le point de vue des scientifiques et des experts.
Certains démagogues, très nombreux, ripostent en proclamant que les «chialeux» sont des individus sectaires et bornés, liés à des groupuscules marginaux et avides de destruction.
Mais, je me répète, le sociologue que je suis ne peut s’empêcher de hurler que LA DONNE A CHANGÉ POUR LE MIEUX.
Je ne sais pas si Charest et ses choristes ont compris cela. Peut-être le pauvre Jean veut-il reconquérir l’amour du peuple québécois et gagner encore une fois ses élections.
Mais il se peut que certains «grands de ce monde» commencent à percevoir que de «grands projets» ne peuvent plus être réalisés sans que la population ait pu réfléchir sur les tenants et aboutissants.
Espérons que la conscience citoyenne va persister et recruter de nouveaux et nouvelles «adeptes»!
JSB
Le gouvernement pratique la ruse et l’attentisme, le temps de trouver de nouvelles combines. Si Bouchard à été nommé lobbyiste du gaz de schiste c’est sûrement pas pour tromper les attentes que Talisman a placé en lui. Ne soyons pas candides face à cette décision du bape.
Finalement après avoir vu jeter beaucoup d’eau de par les puits, le BAPE demande aux ingénieurs et géologues si les techniques d’hydro-fracturation peuvent être validées ou non.
Coté ingénierie, la réponse est NON.
En Amérique du Nord, l’hydro-fracturation s’est avérée une technique dangereuse pour l’environnement et destructrice (pour la nappe phréatique de par l’utilisation de produits chimiques, et pour les rivières et milieux aquifères de par l’accumulation de déchets radioactifs et les rejets d’eaux usées partiellement décontaminées).
Après 10 années d’exploitation, les comptes-rendus du NY Times ou du Homeland Security, font état de problèmes tels que: Wastewater Recycling No Cure-All in Gas Process, Regulation Lax as Gas Wells’ Tainted Water Hits Rivers, Radioactive waste contaminates drinking water, EPA does nothing.
Tout ce que le BAPE demande, c’est d’abord de déterminer et évaluer les effets secondaires du traitement des eaux usées (20 à 50%) qui sont récupérée et aux effets de la dispersion du reste des eaux qui peuvent remonter jusqu’à la surface. Ensuite c’est d’évaluer tous les risques gaz et eaux, y compris tous risques sismiques (sur une échelle de Richter de 0 à 9) susceptibles de brasser la roche, et en extraire le gaz même lorsque l’on ne s’y attendait plus.
Cela c’est un processus d’instrumentation et contrôle assez complexe tant à définir qu’à mettre en œuvre. Cela implique de bien repartir un réseau de capteurs/détecteurs/senseurs spécialisés dans la zone de forage, tant en sous-sols qu’en surface, et de procéder à diverse expérimentation dans le but de simuler toutes les phases d’exploitations et les risques encouru après.
Bien sur cela implique quelques essais d’hydro-fracturations, mais aussi l’usage d’explosifs pour simuler les séismes.
C’est dire comment la ministre Natalie Normandeau va le regretter son moratoire.
(Comme sa vie aurait été plus belle s’il n’y avait eu que ses vaches et leurs quotas de laid!)
Au moins, Steve Thomson, notre ministre of “Natural Resource Operations and Energy” aura dû le lire ce fameux rapport. En effet, le chef Roland Willson du village autochtone de West-Moberly est en train de se demander si les risques d’exploitation du gaz de schiste concernent aussi le lointain Nord-est très au loin de Vancouver.
Les évaluations demandées par le rapport du BAPE pourraient peut-être aider finalement!
S’acheter du temps… perdu à s’entêter à investir et investiguer une ressource à très forte controverse autant en Europe, aux USA, qu’ici. M. Bouchard disait l’autre jour en entrevue que le risque zéro ne se peut pas. C’est vrai. Mais on a le choix d’exploiter une ressource qui est le plus près du zéro possible. Les alternatives sont nombreuses, documentées et expérimentées.
À la lumière des connaissances actuelles sur les gaz de schiste, force est de constater que l’exploration et l’exploitation de cette ressource est à très haut risque sur les plans sociaux et environnementaux. Tout peser, ce n’est pas un bon choix.
M. Arcand, Ministre du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs, n’a pas décréter un moratoire mur à mur et a laissé une porte entrouverte à M. Bouchard pour nous convaincre du contraire. Encore du temps et de l’argent perdu.
Et si on ne nous convainc pas, va-t-on nous contraindre?
Parlant d’argent perdu, il est plus facile d’augmenter les tarifs des citoyens que d’exiger une rente d’exploration aux divines compagnies gazière :
http://www.radio-canada.ca/nouvelles/Economie/2011/03/10/002-bape-exploration-droits.shtml
« Mais tant que cela n’aura pas été fait, les industriels pourront continuer de forer aussi souvent, aussi profondément et aussi loin dans le sous-sol qu’ils le voudront. Ils ont des permis valides pour le faire. Seule l’opération suivante, la fracturation, sera réduite à des fins scientifiques. Mais les relevés sismiques perturbateurs, l’arrivée dans le décor des derricks, les activités de forage et de gestion des boues, le cimentage des puits à travers les nappes souterraines, tout cela pourra se poursuivre sans attendre un nouveau cadre réglementaire, à moins d’un gros coup de barre à Québec, de sorte que parler d’un moratoire relève définitivement de l’abus de langage.»
Source : http://www.ledevoir.com/politique/quebec/318612/le-rapport-du-bape-sur-les-gaz-de-schiste-une-rebuffade-qui-laisse-la-porte-ouverte-a-l-industrie