BloguesVoix publique

Une histoire de drapeau…

 

Débutons en disant que Éduc'Alcool est un organisme respecté et fort respectable. Depuis plusieurs années, il travaille à sensibiliser les gens à consommer de l'alcool de manière «responsable». Son directeur général, Hubert Sacy, y fait aussi un excellent travail.

Passons maintenant à la nouvelle campagne d'Éduc'Alcool – annoncée ce dimanche -, laquelle se veut conçue pour frapper fort et «parler» aux plus jeunes en faisant appel aux plus civilisés pour qu'ils interviennent auprès de ceux qui le sont moins…

Donc, son objectif: se joindre à «l'effort collectif visant à faire disparaître l'image de beuverie à ciel ouvert qu'ont acquises depuis quelques années les festivités de la Saint-Jean-Baptiste sur les plaines d'Abraham. «La fête nationale à Québec est une exception. Il y a vraiment un problème quand c'est rendu que des gens font 250 km pour se rendre à Québec en sachant qu'ils vont là pour se "paqueter"!», a déclaré dimanche Hubert Sacy, directeur général de l'organisme entièrement financé par la Société des Alcools du Québec lors d'une conférence de presse annonçant une nouvelle campagne de publicité centrée sur la fête nationale dans la capitale.» Extrait de: http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/actualites/societe/201105/29/01-4403965-educalcool-veut-changer-limage-de-beuverie-de-la-saint-jean.php

Cette campagne tous azimuts, elle se fera à la télé, sur les ondes radiophoniques, dans les journaux et dans les autobus de la Ville de Québec.

Par conséquent, elles sera TRÈS visible.

Ce qui nous amène au problème que pose la forme de cette campagne, et non surtout pas le fond, puisque ces «beuveries» sont un phénomène malheureusement fort réel.

Le problème est plutôt dans sa forme.

Ou, plus précisément, dans sa facture visuelle:

 

La question étant: pourquoi choisir, même avec un objectif fort louable en tête, de caricaturer un drapeau national en l'affublant d'un dessin représentant, entre autres, un de ces jeunes morons dont on devine qu'il finira le soir du 24 juin saoul mort et étalé de tout son long sur les Plaines?

Un drapeau national ne commande-t-il pas le respect de son intégrité visuelle dans sa représentation publique par un organisme financé par «des redevances perçues sur les ventes d'alcool de ses membres. Ces contributions sont prélevées par la SAQ à même les ventes des produits des membres institutionnels et remises à l'organisme sur une base régulière de manière à lui assurer un financement adéquat pour remplir son mandat». (Extrait du site internet d'Éduc'Alcool)

De fait, on ne parle pas ici d'une oeuvre privée faite par un artiste, un humoriste ou un magazine d'humour, mais bien de la campagne d'un organisme rendue possible par des contributions prélevées par la SAQ.

Et ce, encore une fois, indépendamment de l'objectif tout à fait justifié de la dite campagne.

 

 

Bref, cette campagne part des meilleures intentions possibles quant à un problème qui est en effet préoccupant.

Or, force est tout de même de constater que dans sa forme, c'est une autre histoire.

Notons aussi, en passant – puisqu'il est question de la Fête nationale – ce que dit le site officiel de la Fête nationale (avec la participation financière du Gouvernement du Québec) quant à l'usage du drapeau: http://www.fetenationale.qc.ca/les-origines-de-la-fete/bref-historique-du-drapeau-fleurdelise.html

Dont, entre autres, cet extrait:

 

«Ne pas écrire ou imprimer des lettres, mots, chiffres et signes quelconques sur le drapeau, ni y reproduire des portraits, dessins, images, scènes. On ne doit rien y changer, rien y ajouter, le drapeau ayant son identité propre.»

****************************************************************8

Cela étant dit, le Mouvement national des Québécoises et des Québécois appuie la campagne d'Éduc'Alcool. Bien entendu. Puisque, encore une fois, l'objectif de la campagne est plus que louable et amplement justifié.

Ce que je soulève ici porte exclusivement sur l'usage que la campagne fait d'un drapeau national. Bien évidemment, ce qui fut fait sans la moindre intention négative.

Mais cela ne veut pas dire que l'on doive pour autant faire l'économie de questionner l'association faite par les affiches de la campagne entre un drapeau national, la fierté collective et la beuverie à laquelle se livrent certains jeunes écervelés, parfois même avec violence, lors de la dite Fête nationale, dans une ville bien spécifique.

Car le Québec a beau être une province, son drapeau est néanmoins ce qu'on appelle un «symbole national»…

Cela dit, il n'est absolument pas question ici de le «sacraliser» dans une démocratie où la liberté d'expression est une valeur primordiale, mais seulement d'y faire un tantinet attention dans ses représentations publiques par des organismes sociaux – même les plus respectables d'entre eux et dont les objectifs sont des plus louables. 

*********************************************

– Pour entendre l'entrevue de Hubert Sacy à l'émission C'est bien meilleur le matin: http://www.radio-canada.ca/audio-video/pop.shtml#urlMedia=http://www.radio-canada.ca/Medianet/2011/CBF/CestBienMeilleurLeMatin201105300710_2.asx

– Pour lire le communiqué de Éduc'Alcool: http://www.educalcool.qc.ca/fr/quoi-de-neuf/educ-alcool-veut-reduire-la-tolerance-la-surconsommation-lors-de-la-fete-nationale-quebec-quand-il-abus-alcool-est-notre-fierte-qui-en-prend-un-coup-307.html

@ Photo (1): Site de «C'est bien meilleur le matin»

@ Photo (2): Jean-Marie Villeneuve, Le Soleil