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La tournée Legault

Alors que les géniteurs de la Coalition pour l’avenir du Québec (CAQ) – le tandem François Legault et Charles Sirois – amorcent ce soir à Gaspé leur grande tournée panquébécoise de 17 rencontres (en fait, M. Legault en sera la figure de proue), autant les libéraux que les péquistes le somment de créer leur fameux parti politique.

Question, disent-ils, de fonctionner à visière levée plutôt que de faire la morale du haut de sa tour d’ivoire aux partis dûment constitués.

Or, dans les faits, pourquoi se presseraient-ils?

Après tout, dès que François Legault dit un mot ou que la CAQ publie un texte, quel qu’il soit, toutes les caméras, tous les micros et tous les médias écrits se précipitent de toute manière sur place comme si ce parti existait déjà. 

Et ce, depuis déjà plus de douze mois…

Mieux encore pour les caqueteurs de la CAQ, cela fait aussi presqu’un an que les plus grandes maisons de sondage – répondant aux commandes passées par tous les empires médiatiques confondus – ajoutent systématiquement le non de l’ex-ministre péquiste à ceux du PLQ, du PQ, de l’ADQ et de Québec solidaire.

Bien sûr, on le fait en demandant à répétition pour qui ou quoi les répondants voteraient SI l’ex-ministre créait un parti politique…

Et donc, M. Legault s’est fait un malin plaisir à étirer la sauce pendant des mois en disant ne pas vraiment savoir s’il allait, ou non, fonder ledit nouveau parti…  

Et pourquoi pas l’étirer encore avec une belle tournée panquébécoise en même temps qu’il recrute ses futurs candidats et lève des fonds?

Le tout étant justement facilité par tous les gros titres et reportages flatteurs qui n’ont cesse de se multiplier, tous médias confondus, depuis des mois alors que les mêmes sondages le mettent carrément au pouvoir S’IL forme son parti… 

On a donc lu qu’il allait «remettre le Québec en marche»; qu’il remplirait le «vide» abyssal de la classe politique actuelle (même s’il en fait partie pendant onze ans jusqu’à démission du PQ en juin 2009); qu’il «séduit» les Québécois; qu’il va «bousculer» et «bouleverser» l’échiquier politique québécois, etc…

Or, le «vide» politique a beau être réel aux yeux d’une majorité de Québécois, combien pensent vraiment, sincèrement, que de jouir d’une telle visibilité de manière aussi intense, aussi exceptionnelle, aussi positive, aussi continue depuis l’automne 2010 – et ce, sans diriger le moindre parti – n’aura pas eu le moindre impact sur la «popularité» proprement spectaculaire d’un ex-ministre dont l’oeuvre politique au gouvernement avait pourtant laissé peu de souvenirs impressionnants? 

Un jour, on étudiera sûrement le «cas» Legault dans les classes de journalisme. Mais surtout, dans celles de science politique et d’histoire…