BloguesVoix publique

Parlons du «pouvoir» des patients

 

Un énième indice du manque d’accès de nombreux Québécois à un omnipraticien: le projet de loi 41 du gouvernement Charest propose d’élargir les pouvoirs des pharmaciens, leur permettant ainsi de dispenser certains médicaments pour des conditions mineures comme des feux sauvages et certaines infections.

Or, aujourd’hui, la présidente de l’Ordre des infirmières est venue revendiquer également de nouveaux pouvoirs en commission parlementaire pour ses membres.

Le Devoir cite la présidente de l’Ordre, Ghislaine Desrosiers, résumer le problème en ces mots: «Par exemple, nous on a le pouvoir de traiter les plaies, mais on n’a pas le pouvoir de prescrire le médicament qui vient avec le traitement de plaie et on n’a pas le droit de faire une culture de plaie ».

Révélateur, tout de même, ce recours au mot «pouvoir» par les pharmaciens, les infirmières, les médecins et le ministre de la Santé lui-même. Car c’est bel et bien de «pouvoir» dont il s’agit ici.

Et trop souvent, dans cette joute pour le «pouvoir», ce sont les infirmières qui, face au ministère, se retrouvent encore dans le rôle du parent pauvre…

Le Devoir rapporte par contre que: «lui-même médecin, le député de Mercier, Amir Khadir, de Québec solidaire, est venu appuyer les revendications des infirmières. «Il faut cesser de protéger des chasses gardées et se concentrer sur les besoins des patients pour qui l’accès aux soins de santé est difficile.»»

En effet, le seul «pouvoir» qui devrait compter pour le ministère et le gouvernement est celui qu’ils ont d’accélérer la réparation des dommages considérables qu’aura subi le système de santé québécois pour cause de compressions opérées à la hache dans les années 90 avec l’obsession du déficit zéro… à tout prix.

Une obsession qui, en ayant réduit l’accès aux soins publics, aura également alimenté une augmentation substantielle des dépenses privées en santé. Ce qui contribue d’autant plus à diminuer ce même accès aux soins publics en siphonnant au réseau public de plus en plus de ses ressources humaines… Un véritable cercle vicieux. Un cercle qui ne bénéficie en rien les patients eux-mêmes.

Dans de telles circonstances, accorder plus de «pouvoir» aux pharmaciens, c’est au moins ça de pris.

Reste maintenant à élargir celui des infirmières.

Et comme pour les pharmaciens, en s’assurant que poser un diagnostic demeure du domaine des médecins.