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God is an American (*)

 

Les députés indépendants Amir Khadir, Lisette Lapointe, Pierre Curzi et Louise Beaudoin montent à nouveau au front de manière collégiale.

Cette fois-ci, ils dénoncent, avec raison, le manque de transparence quant aux négociations elle-mêmes et au mandat qui fut donné par le gouvernement Charest à l’ex-premier ministre Pierre-Marc Johnson comme négociateur en chef du projet de partenariat économique entre le Canada et l’Europe.

Eh oui. Les provinces étant, pour la première fois, «participantes» à ce type de processus de négociation.

M. Johnson témoigne d’ailleurs aujourd’hui devant la Commission des institutions. où l’inquiétude perdure quant aux marchés dits publics où en Europe, on aimerait bien les ouvrir au secteur privé.

(Pour connaître ses honoraires payés par les contribuables, voir ici.)

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Une intégration qui s’accélère…

Pendant ce temps, du côté des relations canado-américaines, l’inquiétude se fait également entendre.

Ou, plus précisément, du côté de la soumission toujours croissante du régime Harper aux demandes des États-Unis sur les questions de sécurité nationale et continentale.

Ainsi, hier, à Washington, Stephen Harper et le président Barack Obama signaient «deux importantes ententes visant à faciliter les échanges commerciaux et à combattre conjointement la menace — terroriste ou migratoire. Tout cela se fera par l’entremise de l’harmonisation, maître mot des deux documents dévoilés à Washington: harmonisation de la réglementation dans une foule de secteurs d’activité, uniformisation des services policiers et échange accru d’informations personnelles entre les deux pays.»

Ce bref extrait est tiré d’un article du Devoir dont le titre résume le tout à merveille: «Une Amérique plus intégrée que jamais». En effet.

Entre autres choses, sous prétexte de faciliter le passage des voyageurs «en permettant que les contrôles de bagages effectués au Canada lors d’un vol vers les États-Unis soient valides pour la correspondance subséquente en territoire américain», des renseignements personnels de bien des citoyens canadiens risquent de se retrouver en possession des autorités américaines.

En effet, il pourra y avoir partage entre les deux pays de renseignements sur les personnes arrivant ou quittant leurs territoires respectifs. Et ce, sans le moindre mécanisme prévu pour les plaintes et la surveillance du processus.

Le tout, en raison, comme c’est le cas depuis dix ans, de la lutte au terrorisme post-11 septembre.

Or, cette intégration, pour le meilleur ou pour le pire, c’est selon le point de vue, tout comme le manque de transparence, sont loin d’être de nouveaux phénomènes..

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Petit retour en arrière

Prenez l’entente de libre-échange négociée dans les années 1980 sous le gouverne du PM conservateur Brian Mulroney, laquelle fut au coeur de la campagne électorale fédérale de 1988 (1).

Ce qu’en disait l’ex-chef du Parti libéral du Canada (PLC), John Turner – en entrevue récemment sur les ondes de la CBC – n’était pas dénué d’intérêt:  «When I saw the first draft of that agreement, I said this isn’t free trade!» («lorsque j’ai vu la première version de cette entente, je me suis dit que ce n’était pas du libre-échange»).

À l’époque chef de l’opposition officielle, M. Turner dénonçait ici, entre autres, un mécanisme de résolution de désaccords entre les deux pays où les États-Unis exerceraient un contrôle, selon lui, supérieur à celui du Canada.

«It’s wide open, man! That’s not free trade!», s’exclama-t-il…

Il expliqua ensuite qu’il avait fort bien compris ce qu’un sénateur américain lui avait dit, soit que JAMAIS, les Américains n’abandonneraient le contrôle de leurs juridictions sur les échanges commerciaux. Pas le moindrement.

Puis, M. Turner d’observer qu’il avait vite compris que ce sénateur parlait non seulement au nom de la majorité démocrate du Sénat américain, mais bien au nom de tout le Sénat américain!

Et John Turner d’ajouter: «Game over, as far as I was concerned» (…) Free trade? There is no free trade agreement»…

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 (*) Ce titre est celui d’une chanson fort connue de Jean-Pierre Ferland tirée de son légendaire album Jaune.

(1) On se souviendra qu’à l’époque, de nombreuses voix nationalistes canadiennes-anglaises s’étaient opposées à ce projet d’accord de libre-échange avec le États-Unis au nom de la préservation de la souveraineté et du caractère «distinct» du Canada… En Ontario, on s’inquiétait tout particulièrement pour le Pacte de l’automobile.

Alors qu’au Québec, de nombreux fédéralistes et souverainistes – dont les chefs libéral et péquiste – unis dans ce dossier au nom de la réduction de la dépendance économique du Québec envers le reste du Canada -, avaient quant à eux appuyé cet accord avec enthousiasme.

Une autre belle ironie de l’Histoire… alors que de nombreux Canadiens anglais se portaient à la défense de la «société distincte» canadienne… sans pour autant passer pour de vieux ringards nationalistes déconnectés de la civilisation moderne et mondialisée…