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Grosse fin de semaine politique!

 

Ce fut toute une fin de semaine politique! Surtout à deux semaines à peine de Noël.

Pour le Québec, ce fut une recontre d’événements particulièrement annonciatrice de la nouvelle année politique qui se pointe à l’horizon.

Déjà, ce mardi, on en aura d’ailleurs une petite idée avec une apparition publique possible du nouveau couple CAQ-ADQ, une conférence de presse de Pauline Marois sur sa demande de rapatriement de l’assurance-emploi de même qu’une «annonce importante» du gouvernement, nous-dit, sur le registre des armes d’épaule dont entend se débarasser le gouvernement Harper. (La Presse Canadienne rapporte que cette annonce serait celle d’une poursuite devant les tribunaux pour tenter d’empêcher Ottawa de détruire les données du registre.)

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Et les cloches sonnent, sonnent…

Tenez…. commençons par le mariage CAQ-ADQ.

Comme quoi, François Legault et Charles Sirois ont su faire une offre à Gérard Deltell qu’il ne pouvait tout simplement pas refuser… Soit la possibilité de prendre le pouvoir ou de former l’opposition officielle. Du moins, si la tendance se maintient.

Le prix à payer pour l’ADQ est sa disparition. Mais ce ne sera pas le premier parti de l’histoire, par instinct de survie, à accepter de se faire avaler par un autre… Un exemple récent: le Parti conservateur, réduit à deux députés lors de l’élection de 1993, cédant à terme aux avances de l’Alliance canadienne.

Ce mariage ADQ-CAQ, on l’attend depuis des mois. Ce n’est donc pas une très grande surprise.

Sous toutes réserves, la rumeur veut même que si tout va se passe bien, il soit célébré dès ce mardi dans un grand hôtel. Car dès ce soir, l’exécutif de l’ADQ tient une recontre où la publication des bans sera à l’ordre du jour.

Un mariage d’intérêts politiques, certes. Mais aussi – hormis quelques voix mécontentes à l’ADQ, – un mariage d’idées. 

Et pour «vendre» les idées caquistes, messieurs Legault et Sirois vont disposer, dès la rentrée parlementaires du 14 février, d’un caucus informel d’au moins huit députés: le chef de la bientôt défunte ADQ, Gérard Deltell, la très efficace et redoutable Sylvie Roy, le cinglant François Bonnardel, le discret Janvier Grondin), l’ex-presque chef de l’ADQ Éric Caire, son comparse l’ex-adéquiste Marc Picard, de même que les deux députés indépendants et ex-péquistes Benoît Charette et Daniel Ratthé.

À défaut de pouvoir créer un groupe parlementaire officiel et reconnu – la chose étant quasiment impossible sans le passage obligé d’une élection générale -, et en attente de connaître les détails financiers de ce bouleversement -, ce caucus informel offrira à la CAQ une tribune qui, dans les faits, sera exceptionnelle.

Une tribune qui n’aura pas de prix pour un parti fondé depuis aussi peu longtemps.

Cette tribune, la CAQ pourra s’en servir pendant les périodes de questions. Mais surtout lors des points de presse formels et les scrums impromptus dans les couloirs de l’Assemblée nationale.

Pour l’autre nouveau parti – Option nationale -, ce nouvel état des choses au parlement commandera peut-être à son chef, le député indépendant et ex-péquiste Jean-Martin Aussant, de faire également sentir sa présence en exposant plus souvent ses réactions et ses prises de position à l’aide de points de presse et de scrums.

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L’autonomie relative de la commission Charbonneau

Vous vous rappelez de la commission Charbonneau? Celle dont, suite à de nombreux rebondissements politiques, aura le mandat sera d’enquêter sur l’octroi et la gestion des contrats publics dans l’industrie de la construction, les liens possibles avec le crime organisé et le financement des partis politiques.

Ce dimanche, à Larocque-Lapierre, on apprenait quelques détails intéressants de la bouche même de son procureur en chef, Me Sylvain Lussier.

Primo: les Québécois ne «verront pas» la juge France Charbonneau avant le début des audiences. Explication possible: à l’instar des John Gomery et Michel Bastarache, on craint peut-être à la commission que la juge ne parle «trop» devant les médias…

Secundo: si les travaux ont commencé, les audiences publiques, quant à elles, ne débuteront pas avant l’automne 2011. Au plus tôt. Bref, comme je l’écrivais, cela donnera à Jean Charest amplement de temps pour déclencher une élection générale AVANT ces audiences.

Tertio: ce que l’opposition officielle appelle le «scandale des garderies» ne sera pas examiné par la commission Charbonneau. Dixit Me Lussier: «tant que le gouvernement ne nous demandera pas de nous pencher sur les garderies, ça ne fait pas partie du mandat de la commission». Traduction: la commission Charbonneau le ferait si, et seulement si, le gouvernement lui demandait de le faire. Ce qu’il ne fera évidemment pas…

Ce qui nous amène à une des contradictions les plus flagrantes du discours du gouvernement sur la commission Charbonneau.

Soit lorsque le premier ministre et ses ministres répètent en choeur que la commission Charbonneau est «parfaitement autonome» alors que, dans les faits, c’est le gouvernement, et lui seul, qui lui dicte son mandat. Par conséquent, comme le soulignait Me Lussier, seul le gouvernement pourrait en modifier le contenu en lui ajoutant les garderies ou autres dossiers controversés.

Donc, pour ce qui est de l’objet de son enquête, cette «autonomie» de la commission, est un concept subjectif.

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Un nouveau chef pour le Bloc

Ce même dimanche, l’ex-député bloquiste et péquiste, Daniel Paillé, fut élu comme successeur à Gilles Duceppe. Après le refus de Pierre Paquette de briguer cette succession – pourtant présenté pendant des années comme le dauphin naturel de M. Duceppe -, son dauphin plus récent fut choisi par les membres.

Or, cette élection faite au suffrage universel des membres inscrits aura donné le pleine mesure des effets dévastateurs du massacre du 2 mai dernier alors que le Bloc québécois n’obtenait que quatre sièges.

Comment lire autrement une élection où à peine plus ou moins 14 000 membres sur les déjà rares 36 000 membres enregistrés ont daigné voter.

Daniel Paillé a parlé du travail colossal de reconstruction qui l’attend. Un euphémisme.

Mais il a aussi parlé – beaucoup -, de reprendre la promotion de la souveraineté. Même en allant convaincre des fédéralistes de toutes les écoles.

Or, M. Paillé aura beau parler de souveraineté 24/7, le fait est que le PQ, lui, se présentera à la prochaine élection générale avec une plateforme lui préférant le rapatriement d’une brochette de pouvoirs.

À moins que ce ne soit sa manière de lancer un appel aux souverainistes déçus de travailler à la préservation du Bloc à Ottawa? Ou encore, l’expression tacite de son espoir de voir le NPD continuer de perdre des appuis au Québec.

Mais au-delà des discours du nouveau chef, il reste que le sort déjà fort précaire du Bloc risque de se jouer rapidement, au Québec, d’ici quelques mois.

Et c’est le PQ qui, essentiellement, en détient la clé.

Difficile, en effet, de voir comment le Bloc pourrait se «relever» si le PQ venait à se réveiller lui-même au lendemain de la prochaine élection générale possiblement avec moins d’une dizaine de députés.

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Congrès de Québec solidaire

Pendant ce temps, Québec solidaire tenait son congrès.

D’un revenu minimum garanti en remplacement des programmes sociaux actuels en passant par l’accent mis sur le renforcement du français comme langue de travail et le refus d’étendre la loi 101 aux cégeps, QS prend de plus en plus sa place sur l’échiquier politique.

Même dans la partielle de Bonaventure, sa candidature récoltait un surprenant 9%. Mais c’est dans la région de Montréal, où ce parti comptant un seul député depuis 2008, pourrait faire des gains lors de la prochaine élection.

En plus de Mercier – le comté du populaire Amir Khadir -, Gouin devient une possibilité pour sa co-chef, Françoise David.

Et qui sait ce qui sortira, dans d’autres comtés, de cette lutte à plusieurs qui se dessine dans l’électorat francophone entre le PQ, QS, la CAQ, le PLQ et Option nationale?

Pour le PQ, que sa crise interne se calme un tantinet ou non, c’est une inquiétude supplémentaire. Et non, la moindre.

D’autant que Pauline Marois refuse toujours d’envisager toute forme d’alliance ou même d’un pacte minimaliste de non-agression avec QS.

Et d’autant qu’à la prochaine élection, le PQ risque fort de se faire gruger des appuis de tous bords, tous côtés, par Québec solidaire, la CAQ et par Option nationale. Sans compter par un quatrième groupe nettement plus discret: les abstentionnistes.

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Premier grand rassemblement pour Option nationale

Ce même vendredi soir, Option nationale tenait son premier rassemblement public à Montréal – une tribune réelle pour les idées de son chef Jean-Martin Aussant.

Voici quelques extraits de son discours:

«Cette année à Noël dans vos chaumières, il faut parler de politique avec vos familles(…) Dites-leur que la politique, la vraie, elle est emballante et pleine de ce que plusieurs appellent des projets de société: devenir, tous que nous sommes, des cofondateurs d’un pays; nationaliser nos ressources naturelles, puisqu’elles nous appartiennent; instaurer la gratuité scolaire pour favoriser notre ressource la plus renouvelable: nos cerveaux. S’il est une ressource qui a fait de nous l’une des nations les plus prospères au monde, c’est bien nos cerveaux. (…)Dites-leur aussi que la politique, la vraie, elle respecte la population et ne la considère pas comme une simple marchandise électorale. Option nationale veut faire, et fera, de la vraie politique.(…)

Et à ceux qui se demandent pourquoi le Parti Québécois est à la dérive, c’est peut-être parce que ce sont les courants qui dictent la position de son gouvernail… Je demeure convaincu que chacun des députés et des militants du PQ est aussi souverainiste que nous, mais c’est l’institution elle-même qui est tout sauf claire sur l’option.(…)On ne peut donc pas commencer une phrase en disant «la souveraineté est urgente et nécessaire» et terminer la même phrase en disant «on la fera si le moment est opportun». Pour moi, le moment opportun pour être libre a toujours été et sera toujours maintenant.(…) En d’autres termes, il n’y a pas de mauvais timing pour parler de souveraineté, peut-être n’y a-t-il que de mauvais messagers…»