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CAQ: François rejoint François

 

 

L’exode se poursuit.

Pendant que les noces ADQ-CAQ se préparent nonobstant l’opposition de certains dissidents adéquistes, le PQ perd un autre député.

François Rebello passe à la CAQ.

Pourtant, la nouvelle est peu surprenante.

Même Pauline Marois devait s’y attendre depuis un bon bout de temps…

Et nombreux furent ceux au Parti québécois à peiner à croire la profession de foi de M. Rebello faite en décembre à l’effet qu’il restait au PQ «par conviction».

C’est que M. Rebello était un des premiers «jeunes» lieutenants de François Legault – ces jeunes loups de la relève – lorsque ce dernier était ministre au Parti québécois et que ses ambitions de chefferie étaient amplement connues.

Et M. Rebello était certes, à cette époque, un de ses plus fidèles collaborateurs et organisateurs.

Pour la chef péquiste, aussi peu étonnant pour les initiés que soit ce passage à la CAQ, il n’en sera pas moins dommageable en ce qu’il signale la poursuite de l’hémorragie au sein de son caucus.

En cela, la question se posera invariablement: qui sera le prochain ou la prochaine?

Ce départ trahit également le «pari» que font aussi les transfuges. À savoir qu’ils auraient de meilleures chances d’être réélus sous la bannière caquiste… et qui sait, en extra, la possibilité d’être éventuellement au pouvoir. Une impossibilité absolue sous la bientôt défunte ADQ, et une impossibilité virtuelle au PQ.

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Chef «nationaliste» recherché…

En fin d’après-midi, on faisait état d’une lettre de M. Rebello à paraître dans La Presse de demain. mardi.

(Pour la lire tout de suite, c’est ici.)

Quelques extraits: «je choisis le chef nationaliste le plus susceptible de battre le Parti libéral» (…) Je choisis le meilleur premier ministre pour bâtir notre avenir (…) Force est de constater que la stratégie souverainiste n’a pas fonctionné».

Or, d’aucuns avanceraient que le problème est plutôt qu’au PQ, depuis 1996, il n’y a PAS eu de «stratégie souverainiste»… Mais ça, c’est une autre histoire…

Pour Jean Charest, dont les départs de certains députés ou ministres attendront sûrement le déclenchement des prochaines élections, c’est une nouvelle qui se prend tout de même assez bien…

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Un caucus neuf de neuf députés…

Pour François Legault et son discret partenaire – Charles Sirois -, c’est une prise de plus pour un premier caucus caquiste informel.

Un caucus dont les membres sont au nombre de 9, en date d’aujourd’hui: Gérard Deltell, Sylvie Roy, Janvier Grondin, François Bonnardel, Marc Picard, Éric Caire, Daniel Ratthé, Benoît Charette, François Rebello.

Quant aux règles de l’Assemblée nationale, elles édictent que pour être reconnu comme «groupe parlementaire», un parti politique doit: 1) soit avoir fait élire au moins 12 députés lors des plus récentes élections générales; 2) soit avoir obtenu au moins 20% des voix.

(Avec accommodement temporaire pour la durée de cette législature-ci pour un groupe ayant fait élire au moins 5 députés ou obtenu au moins 11% des voix).

Or, les neuf députés ci-haut nommés n’ont pas été élus sous la bannière caquiste. La CAQ, bien évidemment, n’existait pas en décembre 2008. Et donc, neuf députés rescapés d’ici et là, ça irait certes pour former une équipe de baseball… Mais pour ce qui est d’être un groupe parlementaire reconnu, c’est à suivre sur cette question dans la mesure où si une demande venait à être faite en ce sens par la CAQ, il resterait encore à voir ce qu’en déciderait le président de l’Assemblée nationale face à la fusion ADQ-CAQ doublée de l’arrivée de transfuges péquistes et indépendants dans cette nouvelle entité – une situation fort complexe, en termes parlementaires… C’est le moins que l’on puisse dire.

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Pour ce qui est des électeurs, combien auront de plus en plus l’impression de voir Mme Marois comme la capitaine d’un Titanic politique et François Legault, comme son iceberg?

Comment liront-ils une dynamique politique où des députés sont de plus en plus nombreux à sauter d’un parti à l’autre… que ce soit ou non par conviction?

Et quel impact supplémentaire cela aura-t-il quant au fossé qui se creuse de plus en plus entre l’électorat et sa classe politique?