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Que faire des transfuges?

 

 

Suite aux défections de trois députés péquistes à la CAQ – dont le tout récent François Rebello – de même que celle de la député néo-démocrate Lise St-Denis, passée hier au PLC à peine huit mois après son élection -, on sent que tout à coup, ça commence à faire un peu beaucoup…

Cela a beau ne rien avoir de «scientifique» et les transfuges ont beau ne pas être un phénomène récent, il reste qu’aujourd’hui, que ce soit dans les courriers de lecteurs, sur l’internet, dans des éditoriaux ou des émissions de tribune téléphonique, les critiques fusent dans un contexte où les transfuges poussent comme des champignons…

(Le cas des «transfuges» est à distinguer de celui de députés qui, pour des raisons de désaccords irréconciliables avec leur parti, démissionnent de leur caucus pour siéger comme indépendants.)

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Mais que faire face à un phénomène de transfuge certes «légal», mais dont la légitimité semble être de plus en plus remise en question?

Certains prônent l’obligation pour un transfuge de démissionner de son siège pour aller en élection partielle.

D’autres, préférant éviter les coûts élevés que cela entraînerait pour les contribuables et les partis eux-mêmes, proposent la tenue d’une consultation, d’une pétition ou d’un référendum tenu auprès des électeurs du comté, avec supervision du Directeur général des élections.

Ironiquement, en 2011, l’ex-député adéquiste Éric Caire, devenu indépendant après la dernière course au leadership de son ancien parti et maintenant transfuge à la CAQ, présentait lui-même un projet de loi prévoyant un mécanisme de «rappel» ou de révocation d’un député dans certains cas, dont celui des transfuges.

«C’est simple, mais ce n’est pas facile, justement parce qu’on ne veut pas de clowneries», déclarait-il au quotidien Le Soleil en février dernier.

Tout aussi ironiquement, lorsque M. Caire est passé officiellement à la CAQ aux côtés de François Legault, une question portant sur ce projet de loi fut d’ailleurs posée aux deux hommes, mais le chef caquiste semblait préférer parler d’autre chose.

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Bref, que faire des transfuges tout en respectant autant les électeurs concernés que le système parlementaire qui est le nôtre?

D’autant que tout processus de rappel pose aussi le risque d’être instrumentalisé par des lobbys ou des intérêts privés.

Mon avis? Ma formation de politologue et le risque en question d’instrumentalisation – même avec une loi hyper encadrée – me ferait longuement hésiter face à un processus dit de rappel des députés transfuges.

Et aller systématiquement en élection partielle dans de tels cas comporteraient des coûts incontournables.

Par contre, pour ne pas remettre carrément le vote des électeurs d’un comté entre les mains d’un autre parti, une possibilité mitoyenne serait d’obliger tout au moins un député qui quitte son parti à siéger comme indépendant jusqu’à la prochaine élection générale.

Et vous, qu’en pensez-vous?

 

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Et parlant de transfuges, on peut également lire ce texte percutant dans Le Devoir d’aujourd’hui.  Son auteur, Christian Gagnon, fut président régional du PQ de Montréal-Centre de 2002 à 2005.

Son texte débute ainsi:

«Faut-il se surprendre de voir François Rebello, homme de clan d’abord et avant tout, faire défection au profit de la Coalition avenir Québec (CAQ) de François Legault? Contredire toutes ses pourtant nombreuses et récentes professions de foi envers Pauline Marois? S’il en est un à qui le PQ doit sa persistante réputation de parti ayant «tendance à dévorer ses chefs», c’est bien François Rebello.»

Pour la suite, c’est ici.