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Volatil ou de plus en plus désengagé?

 

L’année 2012 s’annonçant très possiblement électorale, ce que j’appelle la «valse des sondages» reprend de plus bel.

D’autant qu’il y aura un nouveau joueur redouté nettement plus par le PQ que le PLQ sur les bulletins de vote de la prochaine élection générale… La CAQ, bien évidemment.

On décortiquera donc les sondages. Un après l’autre. Comme d’habitude.

Le tout pendant que les principaux partis commandent les leurs – privés -, nettement plus pointus.

Pour les sondages commandés par les grands médias, chaque parti politique s’en servira, à chaque fois, pour dire que selon tel ou tel chiffre, les choses vont bien ou de mieux en mieux pour lui et son ou sa chef…

Et on répétera que l’électorat québécois est drôlement volatil.

La routine habituelle, quoi.

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Le dernier en date est un Léger Marketing-Agence QMI, dont les résultats et la méthodologie sont ici.

Après répartition, la CAQ domine toujours. Mais à 33% – un léger recul de quelques points.

Pour le PLQ, c’est 27%.

Pour le PQ, on note une lègère remontée à 25%.

Chez les francophones, le PLQ est à 17%; le PQ à 31%, Québec solidaire à 10%. Et la CAQ, tout en haut, à 38%.

Bref, avec un taux d’insatisfaction envers le gouvernement Charest qui demeure très élevé à 75%, mais avec un appui de 69% chez les non-francophones, on constate que la base anglo et allophone du Parti libérale demeure très solide.

Or, que vaut tout cela dans la mesure où dans le même sondage, 50% des répondants disent aussi qu’il est «possible» qu’ils changent leur vote d’ici l’élection?

Une question:

Ce spectaculaire 50% est-il surtout dû, comme on le dit. à une extrême «volatilité» de l’électorat; ou plutôt à un désabusement croissant face à la classe politique menant à un désengagement croissant de la politique et du politique; ou encore, à une combinaison des deux phénomènes?

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Cette question nous amène à une réflexion plus large et un peu moins collée sur la vitrine de l’immédiateté.

Car de fait, cet électorat, il se désengage petit à petit depuis l’élection générale post-référendaire de 1998 avec des taux de participation qui ne cessent depuis de chuter.

Et ce, de manière plus marquée encore en 2003, 2007 et 2008.

Qui plus est, le pourcentage nécessaire pour former le gouvernement, à quelques fluctuations près, tend, lui aussi, à diminuer.

Ainsi, même dans les sondages, dont le Léger Marketing-Agence QMI, la CAQ, aussi dominante soit-elle encore chez les francophones avec 38% d’appuis, elle n’obtient dans les faits que 33% d’appuis pour le Québec.

On est donc loin encore des plus ou moins 50% des voix qu’obtenaient le PLQ et le PQ dans les années 70 et 80 lorsqu’ils prenaient ou conservaient le pouvoir.

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Prenons comme points de référence le pourcentage des voix obtenus par le parti gagnant, mais surtout les taux de participation.

Voyons comment, à quelques fluctuations près, cela tend à diminuer.

De fait, entre 1976 et 2008, le taux de participation aux élections générales québécoises a chuté de 28%, passant de 85% à 57%!

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1973: le PLQ obtient 54,65% des voix. Le taux de participation est de 80,39%.

1976: le PQ obtient 41,37% des voix. Le taux de participation est de 85,27%.

1981: le PQ obtient 49,26% des voix. Le taux de participation est de 82,52%.

1985: le PLQ obtient 55,99% des voix. Le taux de participation est de 75,69%.

1989: le PLQ obtient 49,95% des voix. Le taux de participation est de 75,02%.

1994: le PQ obtient 44,75% des voix. Le taux de participation est de 81,58%.

1998: le PQ obtient 42,87% des voix. Le taux de participation est de 78,32%.

2003: le PLQ obtient 45,99% des voix. Le taux de participation est de 70,42%.

2007: le PLQ obtient 33,08% des voix. Le taux de participation est de 71,23%.

2008: le PLQ obtient 42,08% des voix. Le taux de participation est de 57,43%

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Bref, s’il y a en effet «volatilité» de l’électorat par les temps qui courent, il semble aussi y avoir un «désengagement» de plus en plus marqué de sa part… Et ce, depuis déjà plusieurs années.

Un phénomène inquiétant.

Pour ce qui est des facteurs pouvant l’expliquer, ceux et celles qui me lisent régulièrement savent que j’en ai analysé un certain nombre au fil des dernières années.

Et vous, quels facteurs identifiez-vous?