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Du côté de chez Legault…

Si vous le permettez, je reviendrai plus en détails sur les derniers rebondissements, avouons-le, spectaculaires, du «combat Duceppe-Marois» dans le cadre de ma chronique de la semaine.

Question d’aller plus en profondeur et au-delà du festival de spins auquel on assiste depuis quelques jours. Autant chez ceux qui voient en Gilles Duceppe un sauveur imbattable que chez des pro-Marois inconditionnels qui, pour leurs intérêts partisans et/ou personnels, annoncent des lendemains de miel au PQ sous sa direction tout en présentant l’ex-chef bloquiste sous un éclairage, disons, peu flatteur.

Quant à ce qui s’est retrouvé dans les pages de La Presse de samedi – le salaire du directeur général du Bloc sous Gilles Duceppe aurait été payé à même le budget de la Chambre des communes – et le NPD ayant demandé une enquête sur le sujet, le fait est que le moment même de la sortie de cette nouvelle, soit à six jours du conseil national du PQ, n’a pas fini de soulever toutes sortes d’hypothèses.

Qui a coulé cette information? Les uns avancent que seul un parti fédéraliste aurait pu être intéressé à voir Pauline Marois demeurer à la tête du PQ. Les autres penchent vers un règlement de comptes au sein même de la «famille» souverainiste. Soit venant du PQ, soit venant du Bloc même.

Et quel en fut l’objectif? Plonger l’ex-chef bloquiste suffisamment dans l’embarras pour que toute critique ouverte du leadership de Mme Marois cesse d’ici le conseil national des 27-28-29 janvier prochains? Affaiblir encore plus le Bloc – si cela est encore possible – face au NPD et au PLC? Écarter toute possibilité de l’arrivée à la tête du PQ d’un chef qui, du moins selon des sondages récents, serait le plus à même de «battre» la CAQ? Etc., etc., etc…

Ainsi, ce midi, à Dutrizac, l’ancien député bloquiste Michel Guimond, optait pour l’hypothèse d’un coulage venant de gens «proches» du Bloc.

Bref, l’histoire demeure à suivre.

Or, le tout débouche sur un résultat final on ne peut plus clair. Et ce, nonobstant toutes les hypothèses lancées ici et là: dimanche, M. Duceppe émettait un communiqué laconique décretant qu’il lui serait dorénavant «impossible d’envisager un retour en politique active».

Point.

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Du côté de la CAQ…

Pendant ce temps, la fusion de l’ADQ et de la CAQ, comme prévue, est chose faite.

Et donc, le 14 février, la CAQ profitera d’un caucus instantané de neuf députés comprenant des ex-adéquistes, ex-péquistes, ex-indépendants-ex-adéquistes… Mais oups, pas d’ex-libéraux.

Enfin, pas tout à fait.Car des «ex-libéraux» provinciaux – comprenant même d’ex-chefs de cabinet de Robert Bourassa -, ils sont dans l’organisation caquiste. Sans oublier au sommet même de la CAQ en la personne de son co-fondateur, Charles Sirois.

Puis, il y a d’autres ex-libéraux. Fédéraux, ceux-là. Présents aussi dans l’organisation.

Ce matin, François Legault présentait d’ailleurs son premier conseil exécutif national présidé par Dominique Anglade, une ingénieure de formation issue du milieu des affaires, ancienne présidente de la jeune Chambre de commerce de Montréal et ancienne militante du PLC.

En entrevue au 98.5, lorsque Benoît Dutrizac lui a demandé comment elle expliquait que le Québec soit en «queue de peloton», disait-elle, pour les taux de diplomation, sa réponse fut plutôt étonnante. Selon Mme Anglade, cela serait dû au débat «fédéraliste-souverainiste» – la chose ayant le dos pas mal large, on dirait, du côté de la CAQ…

Si ça continue, on finira bien un jour par blâmer le débat constitutionnel pour le réchauffement climatique…

En point de presse, M. Legault y est surtout allé d’une grande ambition: «prendre la place du PQ à l’Assemblée nationale et devenir la véritable opposition officielle pour débattre des vrais enjeux comme l’éducation et la santé».

Rien de moins.

Un vaste programme pour un caucus de neuf députés, dont le chef ne siège pas en Chambre, et dont le socle parlementaire principal, – l’ancienne ADQ – a déjà échoué lamentablement dans ce rôle en 2007 et 2008.

Bref, une autre histoire à suivre…

C’est tout de même avec un brin d’ironie qu’on entendait aussi le chef de la CAQ justifier cette ambition de remplacer le PQ comme opposition officielle par ceci: «On ne peut pas juste, au Québec, avoir des gens qui se demandent si ça va être Bernard Drainville, Pierre Curzi ou Gilles Duceppe qui va être là dans quelques semaines à la place de Mme Marois

Ironique, en effet, venant du même François Legault qui, au début 2001, après le départ de Lucien Bouchard, avait lui-même provoqué un psychodrame dans la succession de ce dernier en appuyant Pauline Marois avant de changer d’idée pour donner son appui à… Bernard Landry.

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Bye bye la question nationale

En anglais, pour tenter de séduire le vote anglophone, M. Legault a aussi réitéré fortement que si la CAQ prenait le pouvoir, non seulement il mettrait de côté la souveraineté, mais aussi la question nationale: «I have no intention working on the national question or on the sovereignty of Québec. (…) So I think it should be appealing to the anglophones.».

Difficile d’être plus clair. Juste au cas où ce ne serait pas encore tout à fait compris à l’ouest du boulevard Saint-Laurent. Surtout, depuis l’arrivée de François Rebello et la consolidation du vote anglophone et allophone pour le PLQ.

 

Et voilà comment le seul État francophone du continent ferait comme si sa propre question nationale n’existait pas.

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