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La CAQ – déjà un «vieux» parti?

 

 

À deux semaines d’une rentrée parlementaire à Québec qui s’annonce particulièrement houleuse, libéraux et péquistes auraient-ils trouvé une manière de commencer à percer la carapace caquiste là où ça pourrait faire mal? Soit dans le département du financement.

La Presse rapporte que dans la liste de donateurs de la CAQ, on trouve, entre autres choses, les noms de 46 généreux donateurs provenant d’une même firme d’avocats – BCF -, incluant celui de son patron, nul autre que Me Mario Charpentier, responsable du financement de la CAQ.

 

Ce qui fait tout de même beaucoup de monde. Et pour un total de dons de plus de 20,000$, ça fait tout de même un beau montant.

Sans présumer que tel ait été le cas, il reste qu’une telle concentration de dons dans une firme dirigée par un des piliers de la CAQ n’ira peut-être pas auprès de l’opinion publique sans rappeler les cas de certaines firmes de génie-conseil qui, elles aussi, se montraient particulièrement généreuses envers des partis par dons individuels interposés.

La remarque du député péquiste Bernard Drainville fut cinglante: «C’est curieux, vous ne trouvez pas vous? On dirait que François est en train de s’attacher. 46 contributions du même bureau d’avocats, ça commence à avoir l’air un peu organisé».

Or, si cela ne va pas non plus sans rappeler le recours aux prête-noms et le danger d’éventuels retours d’ascenseur – sans avancer que tel serait le cas ici -, un avocat d’une autre firme se demandait néanmoins aujourd’hui sur twitter si tout ce beau monde n’avait pas été «encouragé» à donner à la CAQ. Bonne question.

Quoique à l’automne dernier, en entrevue chez Dutrizac, le chef de la CAQ, François Legault, semblait avoir une conception plutôt limitée du danger pourtant connu de ces fameux retours d’ascenseur parfois attendus en échange de dons généreux.

Questionné sur le financement de la CAQ auprès de grandes firmes, il répondait ceci: «Évidemment, pour qu’il y ait de la collusion, faut /sic/qu’on soit au gouvernenement pour donner des contrats».  Pourtant, l’espoir des retours d’ascenseur, au privé, monte aussi lorsqu’un parti politique, vieux ou nouveau, semble s’approcher du pouvoir.

On trouve aussi des noms de personnes qui auraient contribué plus d’une fois à la CAQ, et pour plus de 1,000$, en donnant lorsque la CAQ avait statut de OSBL (organisme à but non lucratif), puis, depuis novembre, comme parti.

Rien d’illégal, bien sûr. Mais lorsque le porte-parole de la Coalition Avenir Québec justifie le tout en disant que la CAQ «ne savait pas qu’elle allait devenir un parti politique», c’est pousser l’enveloppe un peu loin…  Si personne au sommet de la CAQ ne savait, ces gens étaient sûrement les seuls au Québec de leur cas à l’automne dernier.

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Or, comment s’étonner de voir le milieu des affaires se montrer généreux enver un parti qui, après tout, est l’oeuvre de François Legault et Charles Sirois – deux fleurons de la grande entreprise. Que le milieu des affaires donne à un parti affairiste qui reflète de ses propres priorités, n’est-ce pas là dans l’ordre des choses?…

Néanmoins, le problème pour la CAQ est qu’en se présentant comme l’incarnation du changement, de la politique AUTREMENT, de telles pratiques, aussi légales semblent-elles être, commencent drôlement à ressembler à celles des dits «vieux» partis.

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En extra:

Pour écouter l’entrevue du député et chef d’Option nationale, Jean-Martin Aussant chez Dutrizac, où il explique pourquoi il considère certaines pratiques de la CAQ comme un «contournement clair de l’esprit de la loi» sur le financement des partis politiques.

Pour lire ce qu’en disait aujourd’hui le PLQ, c’est ici.

Pour visionner le vidéo corporatif de la firme BCF, dont le slogan est «Pratiquer AUTREMENT» – ça ne s’invente pas -, c’est ici.

Pour voir Me Charpentier dans son époque adéquiste, c’est ici.

Ou encore sur les raisons de son départ de l’ADQ, c’est ici.

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Dernière heure: Pour la suite et autres détails sur une liste de donateurs de plus en plus étonnante en ce matin du 1er février, c’est dans Le Devoir, ici.