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La politique dominicale

 

On dirait bien qu’en cette année électorale, le dimanche n’est plus tout à fait une journée de repos.

Du moins, pas pour les politiciens et les médias…

Alors que Jean Charest et ses ministres avaient pris l’habitude de vous y faire une annonce par ici et par là, voilà que ce dimanche, ça se bouscule au portillon sur la question de la place du Québec au sein du Canada… ou pas.

 

 

Même la politique fédérale refuse de se reposer…

Et donc, à Montréal, le NPD tenait un de ses débats à la chefferie entre les sept candidats restants.

Le thème: «Bâtir un Canada fort et uni».

Si la question constitutionnelle y était résolument absente, le député d’Outremont, Thomas Mulcair – de toute évidence la principale cible des autres candidats -, demeurait celui qui avait la meilleure «offre» au Québec – aussi limitée fut-elle.

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Lisette Lapointe quittera la politique active

Pendant ce temps, côté politique québécoise, la député indépendante Lisette Lapointe annonçait qu’elle ne représentera pas dans le comté montréalais de Crémazie lors de la prochaine élection.

On se souviendra qu’en juin 2011, Mme Lapointe avait démissionné du caucus péquiste avec les Pierre Curzi, Louise Beaudoin. Jean-Martin Aussant suivait dès le lendemain.

Maintenant qu’elle est aussi membre du nouveau parti de ce dernier – Option nationale – Mme Lapointe a par ailleurs annoncé qu’elle travaillerait surtout à la réélection de M. Aussant – un homme qu’un nombre croissant de souverainistes voient comme faisant partie de la «suite des choses», comme on dit avec ou sans Parti québécois.

 

Cette annonce, malgré toutes les formules usuelles de politesse dans ce genre de circonstances, montre que pour Mme Lapointe et son mari Jacques Parizeau, dans les faits, la confiance envers la «gouvernance souverainiste» de Pauline Marois n’est toujours pas au rendez-vous.

En attestent d’ailleurs ces mots de Mme Lapointe: «Si j’avais quelques années de moins, je porterais le flambeau de la souveraineté» avec Option nationale». Pour les souverainistes qui auraient désirer voir le PQ mettre le cap plus clairement sur son option, le message est on ne peut plus clair.

En addendum:

– Cette entrevue de fond parue dans Le Devoir de ce lundi avec Jean-Martin Aussant, chef du parti Option nationale.

 

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Des États généraux avant les élections

Ironiquement, le même jour, avait également lieu le lancement des États généraux sur la souveraineté.

 

On les dit indépendants du PQ.  Or, nonobstant la qualité et la sincérité de la plupart des personnes nommées, il reste que ses États généraux seront surtout présidés par Gérald Larose – un homme connu pour être très proche de l’establishement péquiste. Et ce, depuis l’arrivée de Lucien Bouchard à la tête du PQ en 1996.

Bref, on peut s’attendre à ce que ces États généraux – lesquels, logiquement, auraient pourtant dû être tenus de manière beaucoup plus large et avec des moyens nettement plus importants, une fois le PQ au pouvoir, si tel devait être le cas – se déroulent dans les faits sous l’oeil très attentif et rapproché de la direction du Parti québécois et de ses conseillers.

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Le premier ministre part en tournée


 

Alors que l’Assemblée nationale enclenche son congé, le premier ministre Charest, lui, part en tournée.

Ce lundi, il prononcera une allocution «bilingue» au légendaire Canadian Club de Toronto. Une prédiction facile: il y sera beaucoup question d’économie et du Plan nord – ce fameux «Chantier d’une génération». Mais aussi, sûrement, de la place du Québec au sein du Canada.

Rappelons à ce chapitre que lors de son passage au même Canadian Club en février 2000, M. Charest avait terminé son discours sur une envolée enthousiaste sur la compréhension mutuelle qui, de son point de vue, existe entre le Canada anglais et le Québec.

Ce lundi, il le rappellera sûrement. Mais reprendra-t-il aussi les grandes lignes de la «vision» qu’il y exprimait en l’an 2000 alors qu’il annonçait à cette même tribune, en tant que chef de l’Opposition officielle à l’époque, le début d’une «nouvelle ère de coopération interprovinciale»; une union économique renouvelée; une union sociale basée sur l’«autonomie» et l’«imputabilité» des provinces; le projet de travailler dans le sens d’établir un système de «points d’impôt» avec Ottawa; l’importance de reconnaître la «spécificité» du Québec ainsi qu’un veto constitutionnel non exclusif au Québec?

Intéressant, en passant, de noter aussi que cette année, dans la présentation qu’en fait le Canadian Club sur son site, on semble par contre avoir oublié dans la biographie de M. Charest, son passage de cinq ans à la tête du défunt Parti progressiste-conservateur…

Quoiqu’il soit encore plus étonnant d’y lire ce passage faisant l’éloge d’un premier ministre qui, semble-t-il, aurait pas mal réglé tous les problèmes, ou presque, dans le système de santé: «As soon as he came to power in 2003, the Premier made health a priority. Numerous measures were deployed across Québec to reduce wait times for surgery, turn the tide in the shortage of physicians and nurses, and facilitate access to front-line services in every region of Québec.»

Et la semaine prochaine, M. Charest s’envolera vers Paris pour plein d’activités reliées, cette fois-là, à la francophonie.

Avouons tout de même que le premier ministre a toujours su très bien jouer de sa double identité canadienne et québécoise. Vraiment pas d’ambiguité ou de flou artistique chez-lui sur cette question-là.

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Des «enjeux constitutionnels»???

 

 

Et oups… J’oubliais…

Toujours sur le même sujet de la place du Québec au Canada – et tout de suite après l’allocution de M. Charest devant le Canadian Club -, Pauline Marois convoquera les médias aux côtés de son député Bernard Drainville pour parler d’«enjeux constitutionnels».

Parlera-t-elle alors de souveraineté ou de rapatriement de pouvoirs? À suivre…

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