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Le fédéralisme par tribunaux interposés

 

Certains de mes collègues voient la fenêtre d’une élection printanière s’ouvrir à nouveau, d’autres la voient pour l’automne…

Une chose, par contre, demeure. Le Québec est en année électorale. Point.

Par conséquent, toujours troisième dans les sondages auprès des francophones après le PQ et la CAQ, le PLQ doit bouger sur au moins quelques dossiers contentieux. Même s’il ne bouge pas d’un poil face au mouvement étudiant…

Et donc, il se tourne vers Ottawa.

Ou, plus précisément, contre Ottawa et son refus d’agir dans deux dossiers de très haut intérêt pour le Québec.

 

 

Ce mardi seulement, le gouvernement Charest aura fait parvenir une mise en demeure à Air Canada la sommant de maintenir son centre d’entretien à Montréal. Son sous-traitant, Aveos, ayant mis brutalement à pied 1,800 travailleurs.

Il aura également déposé une requête à la Cour supérieure pour tenter d’empêcher le gouvernement Harper de détruire les données du registre d’armes d’épaule couvrant le territoire québécois.

En d’autres termes, Jean Charest tente de hausser le ton.

Il reste néanmoins qu’il semble forcé de le faire bardé d’avocats et en passant par les tribunaux…

Bref, comme modèle de bonne entente et de coopération fédérale-provinciale auquel le premier ministre Charest croit pourtant dur comme fer, force est de constater que la réalité n’est pas tout à fait au rendez-vous.

Et ce, sans compter l’annonce de compressions unilatérales à venir dans les transferts aux provinces pour la santé. Ou encore, du passage éventuel de l’âge de la sécurité de la vieillesse de 65 à 67 ans.

Remarquez que ce soit avec un Pierre Trudeau, un Jean Chrétien ou un Stephen Harper, le fédéralisme se pratique parfois, mais rarement, avec une «écoute» attentive des demandes provenant du gouvernement du Québec. Quel qu’il soit.

Or, avec le glissement accéléré du pouvoir politique et économique vers l’Ouest canadien, ce phénomène de surdité politique sélective aux intérêts du Québec risque de s’amplifier d’autant. Sans compter que Stephen Harper sait trop bien qu’il peut former un gouvernement majoritaire sans le vote des Québécois.

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Mais à Ottawa, ce qui préoccupe les parlementaires est ailleurs. Soit, après avoir soumis cet organisme à crise après crise après crise, à l’exécution finale par le gouvernement Harper de l’organisme «Droits et démocratie».

Aussi, sinon surtout, au rapport dévastateur du Vérificateur général sur les coûts sous-évalués, l’absence d’un plan concret et d’appel d’offres, de même que les données cachées aux élus par la Défense nationale dans l’engagement de 25 milliards de dollars – oui, vous avez bien lu -, pour l’achat controversé d’avions F-35. On apprend même maintenant que le coût réel du tout pourrait dépasser ce montant pourtant déjà gargantuesque.

En réaction, le NPD et le Parti libéral furent cinglants.

Et pour cause – le VG ayant relevé que l’année de la prise de pouvoir par les Conservateurs marquait aussi «l’année la plus déterminante relativement à la participation du Canada» à l’acquisition future de F-35.

Un processus aussi cachottier pour 25 milliards de dollars en fonds publics… Pour un gouvernement de droite se prétendant être le meilleur gestionnaire possible de l’argent des contribuables, le rapport du VG tombe fort mal.

Mais au fond, quelle ironie, quand on y pense…

 

 

Après tout, le véritable géniteur du Parti conservateur actuel, version Harper – soit le Reform Party – n’était-il pas né lui-même, en partie, du profond ressentiment qui courait dans l’Ouest canadien lorsque le gouvernement Mulroney avait accordé au Québec, plutôt qu’au Manitoba, un méga contrat pour l’entretien des avions F-18? Oui, oui, ceux-là mêmes que les F-35 sont supposés remplacer éventuellement…