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Agente libre

 

Cinq ans, ça passe vite. Très vite. Trop vite.

Cinq ans déjà qu’après avoir chroniqué pour les quotidiens Le Devoir et The Gazette, Voir m’invitait à y devenir sa nouvelle chroniqueure nationale.

Tout ce temps, chers lecteurs et lectrices, vous m’avez fait l’honneur de m’y retrouver. Et de le faire de plus en plus nombreux.

Or, la vie de pigiste est un sport extrême. Parfois même pour les plus expérimentés.

Et donc, aujourd’hui, je quitte nos rendez-vous d’analyses et de débats pour cause de restrictions budgétaires – une situation que vivent de nombreux médias par les temps qui courent.

La séparation est d’autant plus difficile qu’elle tombe en pleine ébullition sociale et politique au Québec. Tout juste au moment où la parole citoyenne reprend du service d’une aussi belle et audible manière.

Ce que le Québec vit n’est pas anodin. Au sein de la population, aussi divisée soit-elle, nous assistons à l’amorce de la fin d’un long cycle d’apathie, de cynisme et de désengagement. Autant individuel que collectif.

Nombreux sont les Québécois à trouver, ou retrouver, le goût pourtant si essentiel de se parler, de nous parler, politique et bien commun.

Dès février 2011, inquiète de la corruption croissante et de la grande braderie de nos avoirs à laquelle nous assistons depuis plusieurs années, dans ma chronique, j’y braquais d’ailleurs les projecteurs sur un concept alors malheureusement trop longtemps oublié: celui du «bien commun». Fort malmené, en effet.

Et je le faisais en ces termes:

«Bien des politiciens se demandent pourquoi diable ils sont à peine plus crédibles que des vendeurs d’igloos en Floride. Depuis deux ans, j’ai exploré dans mes chroniques plusieurs facteurs pouvant expliquer ce phénomène. Mais le fait est qu’ils pointent tous dans la même direction: l’effritement du rôle le plus fondamental des élus, soit celui de «gardiens» du bien commun. Ce faisant, l’opinion publique a rendu son verdict sur la classe politique: «coupable» de mal gouverner. Coupable de déconstruire le bien commun.».

Une fois un premier son de cloche donné par les Indigés, cette grève étudiante aura bel et bien marqué le retour d’une préoccupation collective réelle pour celui-ci.

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Dans la vie des peuples, les moments d’éveil sont rares et d’autant plus précieux. Ils arrivent même parfois, comme maintenant, face à des élus qui ont perdu le Nord… juste un peu trop.

Ce «printemps érable», comme on l’a si joliment nommé, prendra sûrement quelques années encore avant de se traduire pleinement en un véritable renouveau politique et social. Mais ce renouveau viendra.

Et avec lui, viendra le retour tout aussi essentiel à des valeurs partagées d’équité et d’éthique.

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Sur ces quelques réflexions, si j’ai tenu à écrire ce dernier billet, c’est essentiellement pour vous. Pour vous remercier, avec profonde émotion, de votre fidélité, votre accueil et de votre très grande ouverture d’esprit.

Mais cela, vous le savez déjà…

Vous le savez, parce que nous nous le disons lorsque nous nous croisons, vous et moi. Nous l’avons fait sur ce blogue de manière bien entendu «virtuelle», mais non moins réelle.  Nous l’avons également fait en chair et en os.

Vous m’avez souvent parlé de ma «chronique de la semaine». Nous en avons discuté en se croisant sur la rue, d’autres fois au hasard dans une allée de magasin, dans un colloque ou une conférence, en jasant dans le métro. Et même en vacances!

Il y a deux jours, en pleine vente trottoir, un lecteur fidèle est même venu m’embrasser spontanément sur les deux joues! Pour une journaliste, ces moments n’ont pas de prix.

Aujourd’hui, c’est moi qui vous embrasse pour vous dire un très grand merci!

Maintenant que je suis «agente libre», j’espère vous retrouver bientôt sur d’autres tribunes.

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Cette expérience au Voir, je l’aurai beaucoup aimée et l’aurai vécue avec coeur, passion, rigueur et loyauté.

Merci à Pierre de m’avoir fait confiance en 2007, par un autre beau début de printemps. Merci à mon rédacteur en chef, Tristan, pour sa fine plume, sa douceur et son calme titanesque.

Merci aussi à son prédécesseur, Christophe Bergeron, avec qui ce fut une joie de travailler à cette nouvelle aventure.

Merci à Kathy et Constance pour leur méticuleux travail de révision. Merci à Mathieu de m’avoir si gentiment tenu la main – technophobe incorrigible que j’étais – lors de mes débuts au blogue «Voix publique».

Ce blogue d’analyse politique fut pour moi une formidable école de journalisme «en direct», lequel, dès 2008, allait s’ajouter à ma chronique hebdomadaire du Voir.

Plus de mille chroniques et billets plus tard en ces pages, vous me permettrez maintenant de prendre un brin de repos à l’aube de ce très bel été.

Mais pas trop longtemps, j’espère…

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