Dans le cadre des activités entourant le 50e anniversaire du Musée d’art contemporain de Montréal, j’ai eu la chance de m’entretenir avec John Zeppetelli, directeur et conservateur en chef du musée. En fut tiré cet article, paru dans notre édition imprimée montréalaise du 19 juin 2014, et voici quelques retailles d’entrevue qui me semblaient pertinentes, dans le cadre financier culturel actuel et dans l’optique où nous réfléchissons encore à l’avenir des grands musées nationaux.
Sur les coupures budgétaires du gouvernement en matière de culture…
Avec le 50e anniversaire, se termine aussi – pratiquement – votre première année à la tête du MAC. Comment avez-vous vécu cette transition, côté gestion, puisque cela fait partie intégrante de votre travail ?
J’ai énormément de dossiers, je suis aussi conservateur en chef, je m’occupe des acquisitions, des finances, de l’immeuble, des opérations, etc. C’est presque trop!
Et on doit aussi gérer les coupures du gouvernement annoncées.
La subvention pour l’agrandissement est toujours prévue au budget, mais il y a des coupures dans le reste du budget. On essaie nous-mêmes de comprendre ce qu’on doit faire, à la direction, avec ça. C’est tout récent, ça fait une semaine qu’on le sait. On doit déterminer les effets. C’est une grosse opération, pour le MACM, car c’est complexe à gérer car on est environ 100 personnes, en comptant les occasionnels. On nous demande faire des compressions, mais sans affecter l’offre à la clientèle. On est tous au max, on ne peut pas nous en demander plus! Mais on a beaucoup de plaisir à le faire, donc on continue à le faire, mais c’est difficile. Mais, que veux-tu, roll with the punches!
On doit participer à l’effort de réduction de la dette. Je suis d’accord avec ça. Mais le rapport Corbo de l’an dernier demandait à ce qu’on bonifie l’enveloppe des musées, mais c’est le contraire qui a été fait, cette fois-ci.
Les musées, ce sont des gros moteurs économiques aussi. Regarde où on est! On est en plein centre. On devrait être un lieu d’attraction majeur. Mais on n’est même pas identifié. On a un gros problème de notoriété, au MACM. Il faut faire rayonner le musée beaucoup plus. Il faut communiquer le contenu du musée et les chefs-d’oeuvres des artistes.
Sur l’avenir et le décloisonnement du MAC…
Et quels types de projets attendent le Musée d’art contemporain, au cours des prochaines années? Est-ce essentiellement l’agrandissement? Comment celui-ci s’opérera-t-il?
Ça vient avec l’agrandissement, en fait. Ce que j’aimerais faire avec l’agrandissement, c’est d’avoir un auditorium pour faire un peu plus d’action culturelle, pour tout ce qui est relié aux expositions, car je trouve que les artistes, ces jours-ci, se nourrissent de tellement de choses – des sciences sociales, de la politique, de la musique, etc, d’autres disciplines – et je crois qu’il faut refléter ça dans l’action culturelle, tout ce qui se rattache à l’art visuel.
J’aimerais implanter des master classes publiques, où tout le monde est invité, une fois par mois – on a des professeurs, quatre universités montréalaises, des historiens de l’art de renommée internationale! -, à assister à une conférence sur des grands thèmes de l’art contemporain. Rien de trop pointu, mais en lien avec l’art contemporain. Par exemple, l’art conceptuel, le minimalisme, les installations, les origines de l’art vidéo – qui a commencé comme une forme d’art contestataire et est maintenant rendu des installations de grand luxe dans les musées. J’aimerais augmenter l’offre d’action culturelle, si tu veux. Ça, ce serait un gros changement. Mais il faut trouver l’argent pour le faire. Mais pour moi, ça nourrit.
J’aimerais aussi collaborer un peu plus avec la Place des arts. Tu sais, on fait partie de la famille! On est locataires de la place des arts, en fait. On a des liens de famille avec la Place des arts. On présente d’ailleurs une performance de Ryoji Ikeda, au mois d’octobre [NDLR : 11 octobre 2014], au Théâtre Maisonneuve, qui s’appelle Superposition, un peu en lien avec l’exposition qui se passe présentement au MAC (jusqu’au 18 juin). C’est un grand artiste, un grand lecteur de mathématiques et de sciences. Superposition aborde notre manière de comprendre la réalité de la nature à l’échelle atomique, en s’inspirant des notions mathématiques de la mécanique quantique. C’est une notion de physique quantique où il y a plusieurs états qui sont possibles en même temps. Il associe ça avec des musiciens, du visuel, ça va être une expérience sensorielle incroyable.
Il s’agit d’une présentation du MAC, en partenariat avec MUTEK, Elektra et le Festival du nouveau cinéma. On est allé les chercher comme partenaires pour bâtir un réseau. On n’est pas là pour faire de l’argent, mais on veut agir de manière responsable avec nos finances. C’est un projet coûteux et c’est un one-off qui dure une heure et dix minutes. On doit s’assurer que tous les sièges soient occupés pour l’expérience live.