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Tanya Tagaq au Centre PHI ou la créativité libérée en scène

tanyatagaq

Samedi soir dernier, l’artiste originaire du Nunavut Tanya Tagaq – récente gagnante du Prix Polaris pour son disque Animism – se produisait sur la scène du Centre PHI, après une première partie agréable de Doomsquad, mettant la table à l’énergie décuplée de Tagaq. Ceux qui étaient présents ont eu droit non seulement à une performance musicale brillante de ses trois musiciens – dont le violoniste Jesse Zubot, inspiré – mais aussi un moment de pure ivresse de création qui se manifestait en la personne de Tagaq.

Comment décrire ou critiquer un spectacle de Tanya Tagaq? Mission impossible ou presque, semble-t-il puisqu’il faudrait critiquer la pureté de la création improvisée. Qu’on la trouve ennuyante ou fracassante de vérité, la performance de Tanya Tagaq reste unique, vraie, déchaînée et plus honnête que la majorité des performances scéniques musicales. C’est que Tanya Tagaq ne calcule pas. Dans une certaine forme de tradition punk, on peut même dire qu’elle se fout de la manière dont nous jugerons sa performance. Ce qui compte pour elle, c’est de plonger en elle pour puiser une énergie qu’elle transmettra à l’auditoire, à grands coups de cris stridents, de modulations propres au chant de gorge de ses ancêtres, de gestes répétitifs ou soudains, de vagues qui emportent son corps dans l’improvisation criée, chantée, parlée, murmurée.

Pendant près d’une heure, Tagaq a envoûté le public de tous horizons, rassemblé au Centre PHI. Obnubilée par le spectacle qu’elle offrait, la foule s’est tue, s’est laissé prendre au jeu, vibrant au même rythme que la chanteuse et musicienne qui, pieds nus, ondulait sur scène, tout comme le faisait sa voix.

Elle nous avait prévenus, en introduction, que ranger nos cellulaires et caméras ferait en sorte qu’elle se livrerait plus facilement et qu’un spectacle unique serait présenté. Chose promise, chose due. Tagaq nous a chanté, murmuré et crié l’amour, la sensualité, l’animalité, la sexualité, l’agression, et bien plus, en ce samedi soir froid de novembre.

Tanya Tagaq ne fait pas de quartiers : elle est brillante et illumine la scène, partout où elle passe. Sa création scénique est vraie mais quasi irréelle, tant elle surprend par son originalité et le charisme de son interprète.

En rappel parce que je suis toujours une fan:

-> L’entrevue que j’ai eu la chance de mener avec Tanya Tagaq

-> Ma critique d’Animism