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FIJM: Soirée de filles avec Ala.Ni et Milk & Bone

Samedi soir 4 juillet, la foule était pressée sur la place des festivals pour accueillir Adam Cohen qui avait mis les festivaliers dans sa petite poche arrière, avec son charisme et ses chansons. Mais ce sont deux autres concerts qui ont retenu mon attention.

Ala.NiCrédit: Victor Diaz Lamich / FIJM
Ala.Ni
Crédit: Victor Diaz Lamich / FIJM

 

Ala.Ni à L’Astral

C’est dans une salle contiguë que le jazz prenait toute la place, avec la présence d’Ala.Ni, jeune chanteuse britannique qui, après avoir été choriste pour de nombreux artistes, a lancé sa carrière solo il y a quelques mois à peine.

Avec un EP derrière la cravate, You & I Spring – à noter qu’elle vient aussi de livrer un second EP, You & I Summer, disponible en ligne seulement -, elle a reçu une invitation de la part du FIJM pour monter sur la scène de l’Astral dont le public était, hier soir, subjugué par la voix et le charme de la jeune chanteuse.

Avec ses grands bras élancés, elle enveloppe la foule, embrasse l’espace, accueille la musique, un peu à la manière d’Édith Piaf, mais plus libre. En première partie, ses compositions sont explorées. Bien que les thématiques restent conventionnelles avec des références à l’amour, à la perte, aux triangles amoureux, son interprétation les rend uniques. La pièce «Darkness At Noon», à la toute fin de la première partie, fut un moment particulièrement marquant, alors qu’Ala.Ni s’est déplacée avec grâce dans la salle, montant au balcon de l’Astral pour improviser et tenir la note très haute. L’ambiance est trouble, envoûtante, mais aussi inquiétante, mystérieuse, fantomatique.

Puis elle nous offre des reprises de «Love Cats» de The Cure, ou encore de «Somewhere Over The Rainbow» a capella – la première chanson qu’elle a chanté, lorsqu’elle avait 3 ans et faisait du ballet. Sa voix chaude et sa diction impeccable transforment les chansons populaires choisies, alliant des airs de jazz, de bossa nova, de pop, de blues. Ce mélange des genres se double d’une superbe coordination avec son guitariste Rob Updegraff qui l’accompagne tout au long de la soirée. Celui-ci se fait discret, mais hyper efficace, qui offre une ligne directrice à Ala.Ni.

À travers «To The River», «Can We», «Cry Me A River» ou «Circle», la voix d’Ala.Ni se transforme, se module, évoque des époques variées. Grandiose, Ala.Ni décroche de temps à autres, gênée de toute cette attention et du sérieux de son interprétation. Elle s’amuse, déconne, rigole, entraîne le public avec elle. Tous sont soumis, envoûtés par le talent de la dame. Au point où un spectateur, après avoir capté le message qu’elle souhaitait goûter à la barbe à papa à Montréal, lui amène une portion en seconde partie, qu’elle mangera tout au long de cette dernière.

La preuve que la chanteuse se sentait à l’aise sur la scène de l’Astral et devant ce public conquis? Le dernier morceau qu’elle entonne, «Circle», la rend très émotive. Elle coupe en plein milieu de la pièce et nous explique toute la chance qu’elle a de se retrouver où elle est, aujourd’hui. Puis, à la surprise générale, chante a capella le refrain de Lose Yourself, d’Eminem, qu’elle utilise comme mantra. Pour le plus grand plaisir de ses (nouveaux) fans, elle terminera la soirée avec, en rappel, des morceaux improvisés avec son guitariste. Franchement, nous étions choyés et la soirée confirmait que s’il y a une découverte musicale jazz à faire, cette année, c’est bien Ala.Ni, cette jeune chanteuse fort prometteuse.

Milk & Bone Crédit: Victor Diaz Lamich / FIJM
Milk & Bone
Crédit: Victor Diaz Lamich / FIJM

 

Milk & Bone au Club Soda

Subjuguée par Ala.Ni, j’ai malheureusement raté Foxtrott, en plateau double avec Milk & Bone, au Club Soda. Arrivée tout juste pour la performance de Camille Poliquin et Laurence Lafond-Beaulne, j’ai eu la chance d’enfin voir les deux musiciennes à l’oeuvre.

Bien que le tout était un peu statique – les deux femmes jouant et chantant derrière leurs claviers et instruments, sans se déplacer -, Poliquin et Lafond-Beaulne semblaient un brin nerveuses mais en contrôle. Leurs harmonies habituelles furent justes et puissantes, comme elles savent si bien le faire, tandis que leurs interprétations musicales ont nécessité un peu de calibrage, au départ, mais ont pris toute la place, par la suite.

En plus d’interpréter les pièces de leur album Little Mourning, les musiciennes se sont lancées dans l’interprétation «spéciale jazz» de «My Funny Valentine», pour l’occasion.

Si les deux jeunes femmes ont eu l’air d’avoir bien du plaisir sur scène, ce fut le cas aussi pour la foule, assemblée pour l’occasion et fort bruyante. Koodos aux trois danseurs devant moi qui ont groové pas mal plus que le reste des spectateurs.

Enfin, il faut souligner l’excellent travail de Félix Gourd aux projections animées derrière Milk & Bone. Le tout bonifiait grandement la performance des deux musiciennes et ajoutait au spectacle, rendant le tout moins statique et plus enivrant.