Cat Power au FIJM: Sur le fil
Hier soir, le Métropolis était bondé pour accueillir Cat Power qui revenait à Montréal le temps d’un concert en solo, dans le cadre du Festival international de jazz de Montréal.
C’est Jesse Mac Cormack, bluesman dans l’âme, qui a ouvert le bal, sur des pièces alliant des sonorités profondes, lourdes, et des progressions aux allures de jams. Un gros trip de bassiste, alors qu’en toute fin de programme, le quatuor comptait quatre basses et une batterie, faisant vibrer le plancher du Métropolis et envoûtant la foule.
Est ensuite arrivée sur scène Cat Power, avec une sorte de demi-assurance, heureuse de se retrouver derrière une guitare, deux micros et un lutrin, hésitante à l’idée de se dévoiler devant une foule aussi enthousiaste, s’excusant tout au long du concert de sa mémoire défaillante, sa voix incertaine, ses accords pas toujours justes, et récitant ce qui semblait être des mantras, se motivant à aller au-delà de ses craintes.
Pendant un peu plus d’une heure trente, Chan Marshall a offert un survol de son répertoire, alliant des pièces de You Are Free, The Greatest, Jukebox, Sun et quelques-unes tirées de ses premiers titres. Se promenant de la guitare au piano, dans des allers-retours planifiés aux allures d’improvisation au rythme de ses pensées et son instinct, Cat Power a rappelé à son public conquis d’avance que sa carrière s’étendant sur plus de 20 ans n’était pas le fruit du hasard, mais d’un talent frondeur, sans compromis. La musicienne est talentueuse, sa voix toujours aussi caractéristique, ses hauts et bas attrayants et surprenants.
Si la grande auteure-compositrice-interprète s’est aussi attelée à quelques reprises, dont Can I Get A Witness, de Marvin Gaye, elle nous a aussi offert Framboise, je t’aime (ou Framboises et Gitanes ? Lorsqu’elle entonne en anglais «Raspberries and cigarettes», la première option semble plus probable, mais qui sait…), pièce composée à Paris dans un moment de pure vulnérabilité.
Tout au long du concert, la foule attentive et respectueuse a suivi la musicienne pas à pas – sans photo ni vidéo, ce qui a sans doute contribué au recueillement -, alors qu’elle nous défilait ses chansons, enchaînées sans relâche, les unes après les autres. Le troupeau s’est esclaffé avec elle, s’est ému au même rythme, s’est excusé tout autant qu’elle, n’a pas dit un mot lors des moments de transition, alors qu’on connaît le Métropolis comme étant plutôt bruyant. Ce mercredi soir, sur Sainte-Catherine, était le parfait exemple de cette ligne de Leonard Cohen: There is a crack in everything / That’s how the light gets in. Cat Power incarne, simultanément, cette faille et cette lumière.