FIJM 2016: Le retour triomphant d’ALA.NI, de Basia Bulat et The Tallest Man On Earth
Jeudi soir, au Festival international de jazz de Montréal, le quartier des spectacles brillait aux sonorités d’un jazz décomplexé, ratissant fort large, avec la présence d’ALA.NI sur la scène du Club Soda, ainsi que Basia Bulat et The Tallest Man On Earth sur celle du Métropolis.
Retour attendu : ALA.NI au Club Soda
Peu après 18h, la chanteuse jazz londonienne ALA.NI est montée sur scène, accompagnée de ses deux musiciens, Rob Updegraff à la guitare et Maria-Christina Harper à la harpe. Cette dernière a usé de sa harpe tantôt traditionnellement, tantôt à la manière d’une contrebasse, tantôt attendant patiemment son tour pour embarquer dans la danse. L’instrument majestueux trouvera certainement sa juste place auprès d’ALA.NI, mais un certain ajustement côté arrangements scéniques sera nécessaire pour déployer toute son ampleur. Du côté du duo Rob-ALA.NI, c’est du solide. On les a vus l’an dernier, sur la scène de l’Astral, une complicité irréprochable à l’appui, et ce fut à nouveau le cas cette année, Updegraff suivant les improvisations de la chanteuse, et vice versa, alignant les moments d’ivresse et les arrêts brusques pour laisser ALA.NI discuter de tout et de rien avec ses fans, parfois au beau milieu d’une pièce.
Après avoir offert toutes les pièces de son premier album complet – toutes magnifiquement interprétées et retravaillées pour la scène -, l’excellent You & I, paru récemment chez nous, ALA.NI et son équipe ont traversé le temps et quelques reprises, dont [youtube href= »https://www.youtube.com/watch?v=5O_R3wCmq34″]«Run, Shaker Life» de Richie Havens[/youtube] et une très jolie version de [youtube href= »https://www.youtube.com/watch?v=rIAQWr34De0″]«Parlez-moi d’amour» entendue principalement chez Lucienne Boyer[/youtube].
ALA.NI, sur scène, n’a pas changé depuis l’an dernier: espiègle, complice avec son public qui l’adore – même s’il a parfois de la difficulté à maintenir un rythme de claquements de doigts ou de mains -, divine voix qui atteint des sommets toujours surprenants. Encore une fois, l’interprétation de «Darkness at Noon» a soulevé la foule, alors que la chanteuse se déplaçait entre les spectateurs, improvisant un chant de désespoir, cherchant à s’échapper, mais se butant, cette fois-ci, aux méandres du balcon du Club Soda.
Souhaitons que la jeune merveille revienne à nouveau à Montréal, nouvelles pièces à l’appui, puisqu’en fin de compte, jamais assez nous n’avons d’elle.
Plateau double : Basia Bulat + The Tallest Man On Earth au Métropolis
Basia Bulat s’est amenée sur la scène du Métropolis, toute de paillettes et de cape vêtue, vers 20h30, jeudi soir, d’un air déterminé à faire bouger la foule assemblée devant elle. En entonnant une bonne partie des pièces de ses deux derniers albums, Good Advice et Tall Tall Shadow, la Montréalaise d’adoption a séduit ceux qui la connaissait encore mal, et confirmé l’intérêt des fans.
Avec son groupe ou en solo à l’autoharpe, elle a enchaîné ses chansons sans relâche, rappelant son grand talent de musicienne et la passion qui semble inévitablement l’habiter lorsqu’elle interprète ses créations folk, aux accents pop et rock. En bande, ses pièces offraient une puissance intéressante – bien qu’on aurait aimé sentir un peu plus la présence de sa choriste, par moments -, tandis qu’en solo, les sonorités et les paroles se déployaient naturellement.
Avec son sourire indélogeable et ses pièces accrocheuses, l’auteure-compositrice-interprète a probablement rallié tout le monde à sa cause et a ouvert parfaitement le bal pour The Tallest Man On Earth, Kristian Matsson et sa troupe, avec qui elle a pu tisser des liens d’amitié solides au cours de la dernière année de tournée.
Quelques minutes plus tard, ça y était, The Tallest Man On Earth revenait sur une scène montréalaise, quelque six ans après son dernier passage, en solo. Cette fois-ci, c’est «full band» que Kristian Matsson s’est présenté, débordant d’énergie, devant un public qui l’attendait avec patience depuis toutes ces années.
Après avoir égrainé ses pièces plus connues, dont «The Gardener» qu’il a déjà jouée 2000 fois, selon le principal intéressé -, Matsson s’est penché sur quelques morceaux plus récents, dont «Time of the Blue», offert récemment en ligne:
[youtube]oYIFYygkNoA[/youtube]
Les spectateurs enthousiastes du Métropolis ont eu droit à un événement énergisant de la part de Matsson et sa bande, et bien que le Suédois ait promis des pièces tristes, «comme d’habitude», rien n’en paraissait dans l’interprétation qui soulevait la foule à chaque envolée folk rock. Alternant entre ses quatre albums, Shallow Grave, The Wild Hunt, There’s no leaving now et son plus récent Dark Bird is Home, The Tallest Man On Earth courait d’un bout à l’autre de la scène, changeant de guitare à chaque pièce – et se moquant un peu cette panoplie d’instruments au passage -, tout en s’arrêtant parfois pour s’amuser avec ses adeptes réunis. Rassasiés, les fans s’en sont allés, non sans espérer à nouveau un retour du plus petit des grands, plus tôt que tard.