BloguesJulien Day

Neuf questions aux tenants de la charte

1. Puisque la charte en est encore au stade embryonnaire et que ses dispositions ne sont toujours pas en vigueur, est-ce dire que depuis des années les décisions que les employés de la SAAQ prennent sont, dans quelques cas et d’une quelconque façon, influencées par le religieux ?

2. Est-ce dire que depuis la fin des années du catéchisme à la petite école (publique), les décisions et surtout l’enseignement que les enseignants prodiguent à nos enfants sont, dans quelques cas et d’une quelconque façon, influencées par le religieux ?

3. Les enseignants/enseignantes qui après des années d’université aboutissent dans nos écoles ont-ils le jugement nécessaire pour – évidemment – ne pas tenter d’influencer le parcours critique et spirituel des enfants à leur charge mais surtout, ont-ils le jugement nécessaire pour répondre aux questionnements que pourraient avoir – sans qu’on les pousse à les avoir – les enfants à leur charge ?

4. Selon la logique que sous-tend cette charte, un employé de l’État bafoue le concept de laïcité en portant le turban au travail par conviction religieuse. Une fois ce turban enlevé, le citoyen que je suis se retrouve-t-il devant un représentant religieusement neutre ou devant un représentant en apparence religieusement neutre ?

5. Une fois cette question posée (4), y a-t-il une différence sur le fond entre un représentant de l’État religieux portant un signe religieux et un représentant religieux n’en portant pas ?

6. En supposant qu’il y ait bel et bien un malaise par rapport à (au manque de) l’intégration de certaines communautés religieuses, est-ce que l’interdiction du port de symboles religieux par des employés de l’État toucherait ces communautés ou se limiterait à restreindre les droits des mieux intégrés ?

7. Toujours par rapport à ce malaise, se pourrait-il que cette charte serve beaucoup plus l’atténuation de « notre » malaise que l’intégration des minorités religieuses ?

8. Qu’est-ce qui est le plus raisonnable comme accommodement: demander à un homme ou une femme de foi de renoncer à ses principes religieux et ce qu’ils impliquent pour travailler ou se faire à l’idée qu’un représentant de l’État au bureau d’Emploi-Québec pourrait être enturbanné ?

9. Admettons qu’une dame musulmane bien intégrée et scolarisée, employée de l’État et mariée à un athée, porte le voile par conviction profonde et refuse de l’enlever. Supposons qu’elle soit seulement religieuse. Par conviction, d’où le port du voile. Bref, supposons qu’elle soit musulmane au même titre que Jean Tremblay, le maire de Saguenay, est chrétien. Que fait-on avec elle ?