Ce mardi paraissait en DVD La Frontière de l’aube, un film qui a profondément divisé les critiques l’an dernier au Festival de Cannes, où plusieurs, dont ma collègue Manon Dumais, sont allés jusqu’à affirmer que Philippe Garrel ne méritait même pas que son plus récent long métrage y soit présenté en compétition. Par conséquent, il est difficile d’aborder La Frontière de l’aube sans une certaine trépidation. Penchera-t-on du côté des détracteurs ou de celui des apologistes?
Personnellement, j’ai été conquis par ce film fortement inspiré du cinéma de la Nouvelle Vague. On y suit François (Louis Garrel, attachant même si son jeu parfois maniéré ne plaît pas à tous), un photographe dont les séances avec une actrice mentalement instable (la magnifique Laura Smet) se transforment en une aventure passionnée qui les mènera tous deux au bout d’eux-mêmes.
La Frontière de l’aube est l’histoire d’un amour impossible qui, même lorsque les amants sont séparés, dans d’autres bras, ou emportés par la folie, voire la mort, survit d’une certaine façon, comme un fantôme de ce qui a déjà été, de ce qui aurait pu être. Ce thème a souvent été exploré, mais c’est dans les petits moments de joie, de sensualité, de doute, de tristesse et de regret que capture Garrel que son film, qui est par ailleurs tourné dans un noir et blanc superbe, brille.
C’est très possiblement là que se situe la division critique, finalement. Selon qu’on croit ou non qu’une succession d’éclatants moments de cinéma puisse compenser un récit un peu mince et capricieux, on acceptera ou rejettera la proposition de Garrel.
Et vous, qu'en avez-vous pensé?