Après un ou deux faux départs, Nannerl, la sœur de Mozart de René Féret prendra finalement l'affiche ce vendredi 24 décembre, au Cinéma Beaubien. Faute d'espace (les sorties se bousculent ces temps-ci, sans compter que nous nous apprêtons à dévoiler notre revue de l'année), seule une brève critique du film se retrouvera dans le Voir de cette semaine.
Ayant rencontré une des vedettes du long métrage, Marc Barbé, lors de son passage au Festival des films du monde l'été dernier, voici tout de même sur ce blogue quelques-uns de ses propos, en vrac…
À propos de Maria Anna Mozart, dite Nannerl, qui était aussi une musicienne virtuose comme son frère Wolfgang Amadeux, mais que l'Histoire a oubliée:
«On sait peu de choses sur elle. Apparemment, même les gens qui connaissent bien l'histoire de Mozart connaissent plus ou moins sa sœur, alors que pendant les années que la famille a passées sur la route, à présenter les enfants aux cours d'Europe, les deux enfants étaient présentés et jouaient ensemble.»
À propos de son personnage, Léopold Mozart, père de Nannerl et du petit "Wolfie":
«Il était violoniste, chef d'orchestre et pédagogue, puisqu'il avait écrit à l'époque une méthode de violon qui faisait authorité. Donc c'était un pédagogue très compétent, et c'est lui qui a enseigné la musique à ses enfants.»
«René Féret m'a donné pas mal d'éléments de la correspondance [de Léopold Mozart], il y a beaucoup de lettres… Et puis lui s'est beaucoup documenté, alors il m'a parlé de choses qui lui semblaient intéressantes par rapport au personnage. Notamment, de bien faire attention au fait que ces gens n'étaient pas du tout des bourgeois. Un chef d'orchestre, à l'époque, c'était à peu près le même niveau social qu'un valet de chambre, donc c'était en fait des roturiers qui dépendaient du bon vouloir des princes. Des saltimbanques, en fait.»
À propos des travers apparents du père Mozart:
«On ne peut pas commenter un personnage quand on joue, on est obligé d'être dans la plus grande empathie possible. On a une figure de Léopold Mozart à travers notamment [le film] Amadeus qui est un peu diabolisée, mais je pense que c'était sans doute un père de famille qui aimait ses enfants, qui aimait sa femme. Je ne vois pas comment cette famille aurait pu être sur les routes comme ça dans une si grande intimité pendant quatre ans si elle n'était pas unie profondément. Après, il y a la rigueur du pédagogue et puis il y a l'injustice, qui est beaucoup dûe à l'époque, que les filles n'avaient pas accès, n'avaient pas le droit de jouer du violon, n'avaient pas le droit de composer, ça ne se faisait pas. Nannerl Mozart, elle est victime plus de son époque que de son père. Et puis il y a le fait aussi que, même si elle avait beaucoup de talent, le gamin était quand même exceptionnel! Donc il y a la justice de la vie, du fait que le projet essentiel de la famille est devenu le gamin… »
À propos de l'expérience de jouer dans un film d'époque:
«C'est un peu une bénédiction pour nous… Rien que ces costumes très ajustés, on porte des talons, des perruques… Rien que d'endosser les costumes nous met dans un corps qui n'est presque pas le nôtre. Donc il y a déjà la moitié du travail qui est fait!»
À propos des scènes tournées au château de Versailles:
«C'était moins pénible que j'aurais pensé… Il y avait beaucoup de sécurité, mais les gens étaient très cool et on a pu faire ce qu'on avait à faire. C'est pas mal d'être une équipe de cinéma dans Versailles vide!»
À propos de l'ambiance familiale du plateau, où René Féret était entre autres entouré de ses filles Marie et Lisa, qui jouent respectivement les rôles de Nannerl Mozart et Louise de France dans le film:
«Son fils était premier assistant, aussi, puis sa femme monte avec lui depuis de nombreuses années, et elle est aussi directrice de production. Le fait qu'on ait effectivement une entreprise familiale fait qu'on est dans une ambiance très collégiale, quoi, qui s'apparente aux vieilles traditions des saltimbanques, des troupes de théâtres… René Féret est quelqu'un qui vient du théâtre d'ailleurs, du coup, ses plateaux sont très particulier. C'est très agréable. Il instaure un peu une atmosphère familiale de troupe.»
À propos de la faculté qu'il a de se réinventer de rôle en rôle:
«C'est à la fois volontaire et parce que je n'ai pas envie de m'ennuyer. Quand on me propose de faire
un film et que j'identifie qu'on me demande de faire ce qu'on m'a déjà
vu faire dans autre chose, du coup je n'ai pas envie parce que j'ai peur
de m'ennuyer. Les films m'intéressent quand ça m'amène ailleurs. J'aime
bien travailler avec des cinéastes très différents… Dans le fait
d'être acteur, c'est ça qui me plaît, c'est d'aller dans des univers que
je ne connais pas. C'est ça qui est passionnant.»
À propos de sa carrière parallèle de réalisateur:
«J'ai réalisé un court métrage et deux moyens métrages, là j'ai un premier long métrage qui est écrit et qui est en recherche de financement, qui est produit par René Féret d'ailleurs. En gros, c'est un portrait d'une jeune femme qui est un peu dans un désert social et affectif, qui a un travail pas très intéressant, qui s'est un peu isolée, qui passe beaucoup de temps à chatter sur internet… Par une ou deux rencontres importantes accidentelles, elle va arriver à ré-entrer dans le monde.»
À propos de la possibilité qu'il se dirige lui-même dans son film:
«Pas du tout. Je ne m'intéresse pas suffisamment! Quand je réalise, j'ai vraiment envie de filmer l'inconnu, et je ne crois pas que je puisse me surprendre moi-même comme acteur.»