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Jour 5 du FEQ: la voix de baryton et les skinny jeans fendus de Samuel T. Herring

Dan Boekner, leader de Operators (Crédit: Marion Desjardins)
Dan Boeckner, leader de Operators (Crédit: Marion Desjardins)

Après une soirée de pop bonbon et issue des palmarès Top 40, c’est vers un programme plus alternatif que je m’enligne ce soir avec Future Islands (mon highlight du FEQ sur papier!), Owen Pallett et Operators.

Dan Boeckner, qui m’a fait danser cet automne à la sortie de True,  démarre la soirée accompagné de sa claviériste Devojka, d’un batteur et d’un guitariste. C’est new wave, c’est dance, ça rocke solide par moments et on imagine déjà les plus vieux comparer Operators à Depeche Mode. Étrangement, et malgré des pas de danse empreints de coolness et une musique up-tempo, l’ex Handsome Furs peine à connecter avec la foule qui reste ridiculement statique. Seraient-ils en train de digérer leur souper?

Même si on a affaire à des musiciens d’expériences, armés de riffs et de lignes de synthés hautement efficaces, faut admettre que les deux seuls extraits disponibles sur Soundcloud peuvent donner une partie de la réponse. Qu’à cela ne tienne: c’était une bonne idée de les booker au Festival d’été, ne serait-ce que pour du développement de public. Le groupe était prêt, bien rodé et je souhaite personnellement longue vie à ce projet.

Owen Pallett et son violon (Crédit: Marion Desjardins)
Owen Pallett et son violon (Crédit: Marion Desjardins)

Alors que le Pigeonnier commence à peine à se remplir, l’assistance se lève et ramasse ses couvertes de pique-nique pour accueillir un Owen Pallett  sans la présentation préalable au micro. L’auteur-compositeur-interprète canadien arrive seul, vêtu d’un short de plage, nu-pieds et muni de son violon branché à des pédales d’effets pour donner vie à de multiples loops. Une utilisation géniale de son instrument, qu’il maîtrise par ailleurs aussi bien que n’importe quel diplômé du Conservatoire, et qui crée un effet de densité dramatiquement envoûtant. Il arrive même à faire rocker son violon, à le dissocier complètement du répertoire trad. Un tour de force.

Il y a entendre Pallett sur disque et le voir en concert, comme si sa musique prenait une autre dimension lorsque jouée live. Sa capacité à créer des textures sonores comme un genre de chef d’orchestre (avec son violon ou son synthé) impressionne, idem pour sa voix à la fois haute et feutrée exempte de fausse note. La chanson Modern Love de Bloc Party, tellement plus triste que l’originale qui l’était déjà, donne des frissons. Un très, très beau récital un peu cinématique. Le seul truc qu’on lui reproche? Toutes ses chansons sont assez similaires dans leur structure. Un peu lassant.

Samuel T. Herring de Future Islands (Crédit: Marion Desjardins)
Samuel T. Herring de Future Islands (Crédit: Marion Desjardins)

Ma barre était haute pour Future Islands, mais mon coeur chavire dès que Samuel T. Herring entonne les premières strophes de Back in The Tall Grass en dansant d’une façon hors norme et hautement créative. Le baryton de la pop s’avère être à la hauteur de sa voix si unique sur disque mais aussi une sacrée bête de scène – ce que j’ignorais jusqu’ici. J’ai rarement (voire jamais) vu un chanteur indie rock avec un charisme aussi magnétique.  Très théâtral, il ponctue ses pièces de grognements mi-bestiaux mi-death metal. Ça charme d’une étrange façon, pareil pour son « tapage de chest » façon Céline. (Vidéo via Instagram)

Le qualifier d’énergique? Ce serait un euphémisme. Le gars danse avec plus de ferveur, de souplesse que les filles sur la scène des plaines hier et va même jusqu’à se trémousser le popotin comme une Pussycat Doll sur Doves malgré des skinny jeans fendus. Mais Herring est aussi capable de balades émotives et d’intériorité comme ce moment où il a finalement chanté la balade Haunted By You, la face B d’un 45 tours paru en avril dernier. « A song about writing songs », comme il l’a présentée à la foule de Québec. Une jolie mise en abîme.

Le meilleur show de mon #FEQ jusqu’à date? Indéniablement celui-là.

 

// À surveiller au Festival d’été de Québec demain: Pierre Kwenders en 5 à 7 à Place D’Youville et le double plateau Moffatt-Bruel sur les plaines dès 19h