Liquor Store, avril 2011, par Laurie Boisvert
En attente dans le court line-up, ma caisse de vides cheap à la main, j'hésite à me "checker in" sur mon téléphone puisqu'il y a déjà quelques années que j'y ai mis les pieds et je dois avouer que je ne sais plus trop quoi penser de l'endroit.
Soudain, un flash-back.
Moi.
Une affiche au cou indiquant que je célèbre mes 18 ans.
Ma première vraie "tête dans le cul".
Je sors de mes rêveries et sur un fond de RUN DMC, je remarque que, malgré les rénovations nettement réussies, rien n'a changé. C'est comme si le temps s'était arrêté lors de ma dernière visite.
Les mêmes personnes, dispersées aux mêmes endroits: dans le coin restaurant, de jeunes garçons vêtus de Lacoste clenchent des pichets de bière et parlent snowboard, assis à une table.
Dans le fond, à gauche, les vieux de la vieille: ceux qui ont vu l'ombre du cousin de l'homme qui a chassé le neveu de l'ours.
Sur la piste de danse, c'est tout ou rien.
Certains bougent avec une technique irréprochable et mettent le feu à la piste. Je me croirais dans une émission de So You Think You Can Dance! Je les envie, j'avoue.
Plus loin, trois grandes grenouilles universitaires abruties par l'alcool manquent de coordination, mais arrivent toujours à crier lors des temps morts, musicalement parlant.
Tout près, trois minettes en bottes blanches s'embrassent à pleine bouche et flirtent des hanches, l'œil toujours bien ouvert, question de vérifier que les bronzés qui se prennent en photo avec leur bouteille de vodka les remarquent également. Et puis il y a la troupe de celles qui sont sorties seulement parce que c'est l'anniversaire de l'une ou de l'autre et qui n'aiment pas vraiment le concept d'un club à la base. Elles tapent du pied discrètement en regardant autour d'elles mais ne se parlent pas. Le genre qui boit des Shirley Temple.
Ayant fait le tour assez vite, je finis ma bière, offre mon seau presque plein aux "Shirley" et me dirige vers la sortie (ou plutôt vers le Flash Café), d'où je remarque, du coin de l'œil, une grenouille en train de frencher une minette, maintenant bien adossée dans le portique. Un classique.
Comme quoi rien ne change au "Lick n' Score".
La plupart des bars s’efforcent de créer une ambiance imtemporelle et classique, mais ils ne réussissent qu’à s’enfoncer dans l’immuabiité. C’est un peu la raison pour laquelle il est si facile de devenir « pilier de bar »; un genre d’individu sans histoire, sans passé et sans trop d’avenir.
Le climat que vous décrivez pourrait très bien s’apparenter à celui qui prévaut au CPE où je vais reconduire mo fils à tous les matins; Shirley Temple en moins…