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La théorie du dernier pichet

Ah ben maudit, voici mon premier billet au Voir !

Ça fait qu’avant d’entrer dans le vif du sujet, je vais vous dire un peu d’où j’arrive.

Pour la petite histoire, je suis établi à Québec depuis bientôt un an (après une escapade de quelques années à Montréal) et je travaille en création publicitaire. Ça, je le dis juste pour flasher parce que je ne pense pas m’étendre sur le sujet. Non, en fait, sur ce blog, je veux laisser toute la place à la musique, à la musique pas propre pour être plus précis.

C’est normal, j’arrive du Bangbang. Et c’était toujours un peu délicieusement crasseux du côté de cette noble entreprise : des groupes rencontrés jusqu’aux concerts couverts en passant par les partys de Noël…Enfin bref, vous avez sûrement remarqué qu’on est plusieurs à faire le move ces temps-ci et vous vous doutez bien pourquoi : la ville a forcé Bangbang à fermer pour insalubrité.

Bennnnn non, vous savez ben qu’il a fusionné avec le présent site.

C’est pour ça que je déménage mes pénates ici. Un bon p’tit changement…qui va en réalité rien changer de mon côté. Au Bangbang, je faisais surtout des critiques de concerts où ça sent le bonheur et la chambre des joueurs et c’est encore là que je risque de vous entrainer la plupart du temps.

En passant, si vous êtes du genre visuel, voici une photo du dernier show où je suis allé : Les Hanson Brothers à l’AgitéE. Tout est là : du fun, de la sueur, d’la broue, du monde stické à 16 ans…pis un arbitre (pourquoi pas).

GetInline

Mais on va également s’aventurer ailleurs à l’occasion. Comme aujourd’hui où je joue au théoricien.

 *** snob

LA THÉORIE DU DERNIER PICHET

 Samedi, 2h du matin. Last call. Tu te lève d’un bon en accrochant tout ce qu’il y a de chaises pour commander un dernier pichet. T’es en pleine discussion avec un type, ton meilleur ami depuis le 4e pichet. Tsé une grande rencontre entre deux philosophes aux yeux cross sides, faut jaaaaamais que ça s’arrête.

Tu payes ton nectar. 16$ avec le tip. Pis la discussion dérape jusqu’à 3h. Un genre de disque qui saute….qui va se retrouver en-dessous de la pile des souvenirs flous.

Le lendemain, tu te réveilles frais comme une rose (de St-Valentin, le 14 mars), t’étires le bras pis t’allumes ton laptop. S’il y a une chose que t’aimes ben autant que de lever le coude, c’est de bouger l’index pour acheter des disques. Magasiner du vinyle sur eBay ou Discogs, en bobette, encore un peu chaudaille, ça te remet autant sur le piton qu’un Gatorade à l’orange.

«Désolé les disquaires, que tu te dis, vous êtes ben smats, vous défendez une noble cause, mais ma soirée d’hier m’a coûté cher. Ça fait que mon bout de plastique, je le veux au meilleur prix.»

Personne peut t’en vouloir. Tout le monde veut payer ses cossins le moins cher possible. Je suis le premier à me pitcher sur les cannes de légumineuses quand leur prix baisse de 10 cennes…

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Mais supposons que tu achètes chez un disquaire indépendant plutôt qu’en ligne, quitte à parfois débourser juste une couple de piasses de plus. Admettons qu’au lieu de mettre ton argent dans un dernier pichet de gros-n’importe-quoi (ou quelque chose d’équivalent), que tu mettes tes bidoux dans la p’tite caisse du disquaire du coin. Ça aurait du sens ?

Bin kin ! Et laisse-moi te donner quelques raisons.

Bon, d’abord, avec la hausse des tarifs postaux (qui font se demander si les camions de Postes Canada carburent maintenant au Chivas), tes disques achetés au ligne reviennent souvent au même prix qu’en boutique. Ajoute à ça une carte-fidélité et internet devient moins le bout de la marde…

L’incubateur
La très grande majorité des spectacles, donc des points de contact avec la musique live, se font dans des bars. C’est un peu comme si le droit d’entendre de la musique live venait avec celui de boire de l’alcool. C’t’un peu cave.

L’été dernier, j’étais au Knock-Out, mon disquaire indépendant choucou de Québec, pour assister à un 5 à 7 gratuit où Shawn Barker (le gars qui personifie Johnny Cash) présentait quelques chansons. Dans la foule, il y avait quelques mineurs (et même une poussette !).

Les concerts auxquels tu assistes à 15-16 ans sont marquants quelque chose de rare. Normal, c’est direct dans tes années formatrices ! Bon, je reconnais que ceux que tu vois à 15-16 mois, dans ta poussette, le sont un peu moins….

Enfin, ce sont ces premiers spectacles qui donnent souvent le goût de supporter la scène, de partir un groupe, un blog ou même un label. Plus tôt un kid s’y met, meilleures sont ses chances de botter des arrières-trains. Et de faire rayonner une scène.

Juste de même, depuis son ouverture il y a un an, le Knock Out a présenté plus d’une vingtaine de ces événements gratuits ouverts à tous. À une époque où les salles pour tous se font très rares, chaque ampli qui se branche devant un mineur a son importance.

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Le Knock-Out, photo prise sur la page Facebook du commerce

La coffre aux trésors
Faut pas se leurrer, y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de p’tits bijoux de disques en vente sur internet, mais faut savoir qu’il y en a autant qui sont en vente ailleurs ! Dans le lot, des tonnes aboutissent dans les bacs de disquaires. Demandez à tous les collectionneurs, ils vous diront que plusieurs de leurs pièces fétiches ont été trouvé en boutique (en plus de cet obscur disque de musique traditionnelle payé 0,99$ que tu écoutes en boucle).

Le refuge
Peu importe ton âge, quand ça chie à la maison, à l’appart, à la job ou dans la vie en général, le disquaire, c’t’un maudit bon refuge pour changer d’air et décompresser. Quand le top 40 te fait écumer de rage, c’est une place de premier plan. En comparaison, je ne conseille pas d’entrer dans un Archambault ou un HMV après une journée de marde, les sections de meilleurs vendeurs risquent juste de t’achever.

C’est sûr que, comme refuge, y aurait aussi les bars, mais on s’entend que c’est plus sain de passer un samedi après-midi à flipper des disques que d’aligner des pintes…

La génératrice
Finalement, faut pas oublier qu’avant tout, un disquaire est un commerce qui dynamise une rue et qui fait tourner l’économie d’ici. Particulièrement les disquaires qui s’impliquent, organisent des événements ou présentent des prestations. Tsé, pour revenir au 5 à 7 de Shawn Barker, son hommage à l’Homme en Nwér coûtait au-dessus de 40$ au Capitol. Au Knock-Out, le show était gratuit…Moi, eBay m’a jamais offert ça.

Eh puis, finalement, penses-tu qu’un disquaire indépendant vaut la peine d’investir quelques dollars ? Penses-tu qu’un commerce comme ça vaut ton dernier pichet? Pense à ça samedi prochain. Et juste comme ça, samedi prochain, c’est le Record Store Day! Yé!