Un peu plus d’une semaine après la fin du Pouzza Fest 4, ce festival punk bourré d’amour, de décibels et de calories, on a rejoint au téléphone Hélène McKoy, cofondatrice de l’événement, afin de faire le point sur ce weekend pas mal dur sur le système…
Moi: Une première question qui s’impose : Le bilan est positif?
H. McKoy: Oui ! C’est l’édition qu’on a préféré à tous les points de vue. On a enfin trouvé la recette du festival qu’on croit garder pour longtemps. Ça a vraiment bien été de notre côté et de celui des festivaliers, je pense. Ben, on n’a pas eu de plaintes [rire].
Je confirme, en tant que festivalier, j’ai senti que c’était l’année la mieux rodée…
Tsé, c’est pas comme si on était une équipe d’experts en organisation de festivals, mais on a appris à chaque année. Beaucoup de choses ont changé cette année et ont rendu le tout beaucoup plus facile.
Comme quoi exactement?
Après 4 ans, nos partenaires principaux, Sailor Jerry et Pabst, sont vraiment installés avec nous. Ça aide et c’est rassurant. Au niveau des bénévoles, le 3/4 sont là depuis le début donc t’as pas de gros briefings à faire…
De notre côté, entre autre, on a pris des décisions artistiques au niveau de la programmation. On a pris le Club Soda qu’un soir et pas de Métropolis, comparé à l’an passé. On a enlevé L’Esco et Le Quaie des Brumes pour une question géographique. On trouvait qu’on dispersait un peu trop notre festival, donc on s’est dit qu’on allait se concentrer dans le quadrilatère qu’on occupe présentement.
Puis aussi, par le passé, on a essayé de faire plaisir à tout le monde en offrant plusieurs types de billets et de passes. Cette année, on s’est dit que c’était pas ça le festival. Le Pouzza, c’est 9-10 scènes, 3 jours, 250 bands, mais une seule passe. Si tu ne rentres pas à une place, tu peux aller dans 9 autres salles! On est revenu à la base et les gens ont embarqué !
En même temps, on voulait pas refuser des gens systématiquement dans les shows les plus tripants. Il y a un seul show où on a dû refuser du monde, celui de de SNFU vendredi.
Je suis allé au Fest à Gainesville il y a deux ans et je n’ai pas vu un show que je voulais voir. Il fallait que j’arrive à midi pour un show qui était à 9h le soir ! Mais j’ai vu des shows dans des bibliothèques, des cafés et des places pas rapport. J’ai découvert des bands supers avec qui je suis encore en contact !
L’an passé, tu me disais à quel point l’organisation d’un festival avec autant de groupes et de salles était incroyablement exigente. Vous avez amélioré la recette de ce côté ?
On s’est enlevé beaucoup de charge de travail. Les autres années, on offrait le service de booking d’avions et d’hôtels aux groupes, mais ça demandait quasiment un département au complet juste pour gérer ça. Là, on essaie plutôt d’offrir des rabais dans les hôtels…
Aussi, au début, on nourrissait les bands. On faisait du catering puis, cette année, on s’est dit qu’après tout, c’était un festival de fast food et de pouzza [ndlr : une pizza fusionné avec une poutine pour les incultes]
Encore une fois, on voulait revenir à l’essentiel : Fast food fast music ! On a invité des food trucks sur le site extérieur, on a fait un concours de pouzza, on s’est associé avec des restos. Ça permet de faire sortir les bands. Ils vont manger dans les restos, ils découvrent la ville et ça fait travailler tout le monde autour. Y a un côté touristique qu’on aime développer.
On met souvent la croissance d’un événement en premier plan, comme si c’était un gage absolu de succès. Dans votre cas, je ne sens pas qu’il y ait une volonté de grossir à tout prix. Je me trompe?
Non, pas du tout! On a réfléchi Hugo [Mudie, l’autre cofondateur] et moi à ce qu’on voulait vraiment comme festival. On s’est toujours dit que, au lieu de suivre la ligne que tout le monde prend, on allait faire un festival de niche. Nous, c’est sur des découvertes et des «gros groupes en devenir» qu’on veut miser. Tsé, on a quasiment fait headliner un groupe comme The Menzingers aux Foufs ! Et c’était plein !
L’un des points forts du festival, ce sont les shows secrets. Comment ils s’organisent?
Les autres années, il fallait expliquer le concept au groupe et on les courtisait pendant toute la journée. Maintenant, on book les shows surprises dès que les bands ramassent leurs bracelets. Ça se fait super facilement !
Par exemple, cette année, Hugo a croisé le chanteur de Turbo ACs sur le trottoir et il lui a demandé «Hey, j’ai un spot à 1:45am, ça te tentes-tu?». Pis le gars est comme «Oui, c’est cool. Quelle salle?».
Parmi les shows secrets, il y a eu Tim Barry sur le toit du Théâtre Sainte-Catherine. C’était comment ?
Y a pas de mots ! La foule chantait autant que lui, c’était vraiment une communion parfaite !
Un de vos gros coups cette année est d’avoir enfin réussi à présenter Dillinger Four. Comment avez-vous fait?
Honnêtement, je ne sais pas comment Hugo s’y est pris [rire]. Ils ne font vraiment pas beaucoup de spectacles, on a été chanceux !
Comment était le show ?
Chose sûre, c’est que c’est vraiment un band coup de coeur cette année. À cause du show, mais aussi à cause de Patrick Costello [le chanteur] en tant que personne. Tellement tripant et sweet…
La crowd était merveilleuse. Dès la première note, les stage dives n’ont pas arrêtés. C’était vraiment fraternel, je pense que je regardais quasiment plus la foule que le groupe tellement je trouvais ça beau. Quand on voit ça, Hugo et moi, on se regarde et on dit: «Ouais, c’est pour ça qu’on fait ça!»
Je dois dire aussi que beaucoup de bands ne connaissent pas le festival, mais ils ont toujours envi de jouer à Montréal.
Donc, Montréal a une solide réputation dans le créneau?
Définitivement! Tsé, pendant le show de Dillinger Four, la foule était vraiment intense et passionnée, mais tellement peace. Ça ne peut juste pas être ennuyant pour un band de jouer devant un public comme ça!
Une autre de vos belles prises cette année a été les Lillingtons, mais ils ont joué dimanche soir à 1h30am. Pourquoi?
Je ne sais pas, honnêtement. La programmation, c’est plus Hugo, mais les horaires, c’est vraiment un casse-tête pas facile à faire. Ce que je sais, c’est que, souvent, les bands demandent de jouer avant ou après tel autre band pour ne pas le manquer. Par exemple, Dillinger Four est un band qui était très populaire parmi les autres bands…
Dans les autres éditions, Joey Cape [de Lagwagon] et Brendan Kelly [de Lawrence Arms] étaient devenus des incontournables du Pouzza et des ambassadeurs particulièrement impliqués. Pourquoi ils n’étaient pas là cette année?
On les invite tout le temps, mais je pense que c’était juste une question d’horaire. C’est sûr qu’on veut se reprendre l’année prochaine et les avoir !
Justement, qu’est-ce que vous nous réserver pour la 5e édition ?
Au fil des années, on a rencontré des artistes qui font vraiment ça pour les bonnes raisons (même si ça sonne cliché). On s’est dit que pour la 5e édition, tous ces gens qui nous ont marqué et qui en ont donné plus, on les réinviterait pour une année de best of. On aimerait ça aussi refaire des soirées qui ont vraiment bien marché, comme la soirée Hot Water Music et Bouncing Souls lors de la 2e année. On a déjà commencé à préparer ces meilleurs moments, et ça avance bien !
On veut aussi vraiment développer le côté nourriture. Que tu puisses manger de la pouzza partout dans le quadrilatère où se déroule le festival. On sait que plusieurs festivaliers sont rentrés dans les restos en demandant de la pouzza et qu’ils se sont fait regarder avec une face «Euh, de quoi tu parles?» [rire]
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Photo: Dillinger Four aux Foufounes Électriques, crédit: Martin Blondeau