Le Festif!, c’est souvent trop festif (meuh!) et ma carcasse en paye le prix en ce vendredi matin. On file slack, on file relax, on a le goût de pogner le fixe sur une mouette qui vole au-dessus du fleuve. Ça tombe bien : Avec pas d’casque joue au quai à midi. Ça s’annonce mémorable.
Pis ça l’est.
Devant un bon 200 personnes rassemblées malgré les gros nuages pas smats et les gouttelettes, le chanteur Stéphane Lafleur avoue être un brin déstabilisé : «C’est la première fois qu’on joue aussi tôt. C’est notre premier brunch!». J’dirais plus l’heure du dîner, mais c’est normal d’être déphasé…
Ça n’empêche pas le groupe d’être très généreux et de nous faire vivre un grand moment. Aux atmosphères feutrées créées par la lap steel, le baryton, un archet sur une basse – et autres trucs de vieux routiers – s’ajoutent les oiseaux et le bruit du vent, ce qui fait que le groupe sonne «comme sur ma vieille table tournante», lance le batteur. Juste parfait.
L’ambiance est décontractée et Avec pas d’casque en profite pour tester plusieurs nouvelles chansons. En passant, c’est ce qui explique pourquoi ce spectacle n’était pas inclus dans le forfait tout accès. Le groupe désirait faire ces nouvelles tounes-là devant un public plus contrôlé. Plus attentif aussi j’imagine.
Un sourire pogné dans la face, on quitte le quai, on refait nos forces et on se dirige vers Barr Brothers. Sur le chemin, je reçois un texto de mon beau-frère :
Shit, une fanfare à la microbrasserie! Dans Festif, il y a «esti». Choix difficile, mais on peut pas manquer les Barr Brothers! Les gars nous donnent raison. Sur la scène, les deux musiciens surdoués se pointent avec la grosse affaire: une section de cuivres, une harpiste (et son instrument gros comme un frigo), un orgue, un xylophone pis plein d’autres instruments dont je ne me risquerai pas à nommer. C’pas mêlant, j’ai l’impression que ces gars-là pourraient sortir un bon riff avec un rack à essuie-tout.
Peut-être inspirés par une humidité ambiante digne d’un swompe louisiannaise, les Barr offrent quelque chose de plus blues et sale que sur album. Mettez-en d’la crasse, c’pas de l’onguent! Un fuzz sur de la harpe, ça s’fait-tu?
On quitte les Frères pour attraper un show surprise de Keith Kouna, dans des escaliers de secours d’une ruelle. On arrive un brin trop tard donc, dans ce temps-là, t’as ce point de vue-là:
D’un côté plus formaté et propre, Half Moon Run tirent bien son épingle du jeu sur la scène principale. Les gars se pointent avec un imposant éclairage en néon (ça a dû coûter un bras chez Rona!). Tout pour éclairer leurs jolis minois qui font grimper les gris de quelques octaves dans la foule…une foule particulièrement nombreuse d’ailleurs (un nouveau record!) et une foule qui boit beaucoup. Pour suffir à la demande, la Microbrasserie Charlevoix a dû monter en catastrophe à Québec pour chercher de la bière dans leur entrepôt!
En fin de veillée, c’est de nouveau la déchirure: Duchess Says, Koriass ou Yves Lambert, qui choisir?
On file roots, swingue-nous ça, mon Yves!
Arrivé sous le chapiteau, on est frappé par une vision d’horreur : des rangées de chaises devant la scène. On s’attendait à une foule plus âgée ou tranquille? Mais c’est pas ça pantoute. La moyenne d’âge doit être de 30 ans et heureusement, dès la 2e pièce, on claire le plancher de danse de ces inventions maléfiques à quatre pattes.
Ça crinque notre Yves, accompagné de l’illustre Michel Bordeleau et de deux copains. Le ton est donné pour plus d’1h30 de reels et même de tounes du temps des fêtes. Chanter «Y’a pas de mal là-dedans dans le temps du Jour de l’An!» par 20 degrés, en shorts, ça a quand même son charme. Surtout quand tu vois monsieur le maire embarquer dans un petit train. Est y’où la tourtière?
Pendant ce temps, Duchess Says est en train de virer le sous-sol de l’église à l’envers. Au dire des gens présents, c’est le pur chaos. Stage dives par-dessus stage dives, une bière renversée fait sauter le clavier, Jésus doit s’accrocher de peur à son crucifix.
Nous, on décompresse en écoutant Fear and Loathing In Las Vegas projeté sur écran géant en plein air (?!) alors que Koriass pousse ses derniers rimes à deux pas de là. Derrière nous, deux fanfares s’installent dans le stationnement. Y’a tu quelqu’un qui a mis de quoi dans ma bière? Sérieux là?
Aussitôt que Koriass termine, les deux fanfares se livrent à un duel (non, ça se tape pas à coups de tubas sur la gueule, ça joue plutôt à chacun son tour). C’est pas long que des dizaines et des dizaines de personnes se mettent à danser. Sans intervention de police, sans bière de pétée. Style Festif.
Sauf qu’il est 2h du matin. Ok, faut rentrer parce que le lendemain s’annonce pas plus tranquille…
Le Festif, tu vas avoir ma peau.
À Lire:
Le Festif! 2016: Jour 1