Bon, là, je file un brin cheap. L’un des moments forts du Festif!, c’est toujours le samedi après-midi. La rue festive, les artistes de rue, les acrobates, plein de shows spontanés…Mais cette année, j’en ai profité pour aller courir et faire une sieste…
Pas fort, je sais. Donc, mes mollets sont fermes, mais je passe à côté du show surprise de Dumas debout sur un comptoir de dépanneur, suivi d’un deuxième show de Dumas dans le même dépanneur pour accommoder le monde qui n’a pas pu entrer au premier (fallait s’en attendre, tsé le dép s’appelle justement l’Accomodation Baie-Saint-Paul), Canailles, les fanfares (remarquez le «s»), David Marin sur le bord de la rivière, Basia Bulat au bout du quai devant un coucher de soleil, pis qui sait quoi d’autre.
Fuck moi.
Je me pointe finalement sur le site du festival tout juste pour Ariane Moffatt. Le punk mal léché en moi me juge, mais je donne une chance à la dame. J’suis pas un fan, mais l’univers visuel de son album 22:22 est cool, alors p’tête que ses shows vont au moins faire valser mes rétines.
Sauf qu’ Ariane en spectacle, c’est finalement pas super visuel, son affaire. Aucun setup cool d’éclairage (comme Half Moon Run la veille par exemple). En fait, sur la scène immense, il n’y a qu’elle, son clavier, une claviériste (de Milk & Bone), un bassiste et un batteur…mais qui joue sur un drum électronique (-1) debout (-1). Beaucoup de talent, évidemment, mais peu de ce côté organique que je recherche.
Anyway, Ariane est très chaleureuse et elle connecte sans problème avec son public. En milieu de concert, on amènera finalement un «vrai» drum pour qu’elle puisse jouer In The Air Tonight de Phil Collins (TOUTOU TOUTOU TOUTOU TAC TAC!). On aura aussi Eye Of The Tiger un peu plus tard. J’aurai ben essayé…
La soirée sur la grande scène continue avec Champion et ses G-Strings. Ah oui j’allais oublier! Juste avant, une fanfare jamme dans les escaliers de secours de l’école et une autre dans la foule. Un classique du Festif!. Quand ce genre de truc devient presque banal, c’est signe que le festival est pas pire crinqué.
Photo par Karine Vincent
Pour revenir à Champion, encore là, j’pas sûr, mais donnons la chance au coureur. Sur scène, avec Champion, il y a quand même quatre guitares, une basse et deux chanteuses. En v’la de l’organique! Le groove est bon, mais j’ai l’impression que tous ces guitaristes rongent leurs freins. Bon, c’est le temps que je catch que je ne suis pas dans une show rock, mais plus dans un genre de club à ciel ouvert, un show «dansant». Pis le monde danse. Alors j’ai juste pas d’affaire ici finalement.
On s’accroche quelques bières et on attend le show de GrimSkunk dans le sous-sol d’église. On l’attend de pied ferme, celui-là. Dans les années ‘90, GrimSkunk a joué quelques fois dans des sous-sols d’église et plusieurs de ces shows sont devenus mythiques, quasiment des légendes urbaines. Parlez-en à ce gars de 40 ans qui a un t-shirt du Polliwog délavé, il les as tous vus.
Ce qui est prodigieux avec les gars de GrimSkunk, c’est qu’ils n’ont pas ramolli au fil du temps. Il y a quelques années, ils ont fait bonne figure juste avant NOFX au Rockfest et leur dernier album, Set Fire!, a des moments de délice. En plus, Franz à la guitare et Joe au clavier ont la même face que v’là 20 ans, à la limite weird. Anyway, on s’attend à du grand Skunk.
Et on est comblé! Du GrimSkunk à son meilleur avec une sélection de leurs plus grands hits : Gros Tas, Le gouvernement songe, Perestroiska, La Vache, Ya Basta!, No Sympathy et bien sûr, Mange d’la marde en finale…avec le clavier qui saute, comme la veille pendant le très païen show de Duchess Says. «Le p’tit Jésus aime pas les claviers», constate un pote.
Les Hôtesses d’Hilaire ont la lourde tâche de se pointer après ce putois de monument. Quand on voit le mastodonte de chanteur monter sur scène en robe et nous inviter à faire de la MDMA sur les plages de son patelin acadien, ça serait facile de se dire que ce groupe ne se prend pas au sérieux, que c’t’une grosse joke. Mais après, tu checkes entre les lignes et tu regardes le reste du band – en particulier le drummer d’à peine 18 ans – et tu te dis qu’ils ont de la profondeur et savent ce qu’ils font. Du gros rock’n’roll ben irrévérencieux.
Je gage que le band passe au moins autant de temps à pratiquer qu’à avoir les pupilles dilatées à Cap-Pelé. Ou bien à pimper leur autobus scolaire de tournée.
Défi relevé les Hôtesses, vous pouvez partir sur le chimique l’esprit tranquille. Moi, m’en va me coucher pendant que la Famille Ouellette s’installe dans le parking de l’église aux petites heures du matin. Osti Le Festif!, t’es pas tuable!