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Rester ou non dans la rue

 

J'ai reçu ce courriel de René Chartier, à propos de la nouvelle galerie Oktoshop, dont je parlais dans la chronique Pop culture de la semaine dernière.

Que les graffiteurs aient un toit pour exposer leurs «oeuvres» me réjouit et me désole.
Je suis heureux, car les oeuvres exposées ne se retrouveront pas sur un wagon, un mur ou un pilier de viaduc. Je suis heureux, car le talent sera localisé ailleurs que dans la clandestinité.
Cependant, dans mon livre à moi, du « graffitage » dans un musée, c'est impossible. À moins que les murs du musée aient été souillés par les graffiteurs, je ne vois pas le rapprochement qui y est fait. L'activité du graffiteur n'est-elle pas par essence illégitime et antidémocratique? Elle se situe en marge des règles établies. Les graffiteurs imposent leur vision du monde comme n'importe quel extrémiste.
Ce n'est pas parce qu'un graffiteur fait maintenant un travail artistique reconnu ou qu'un autre est un employé de la ville de Montréal que le « graffitage » trouve sa légitimité. Ça demeure un acte solitaire, égoïste, irresponsable et antisocial.
Ils n'attirent pas l'attention sur leurs revendications s'il y en a, mais ils choquent. Ils sont peut-être heureux de voir cette réaction chez les bourgeois et les autres citoyens. Mais ce moyen ne fait pas changer les choses. Il fait se braquer les passants devant ce délabrement de l'environnement. Les écologistes devraient s'insurger de la chose.
C'est du vandalisme de marquer son nom sur une pierre qui ne nous appartient pas. Ce n'est pas de l'art.
Les parents qui encouragent leurs enfants à dessiner dans la rue avec de la craie devraient se questionner. Quel message laissons-nous aux enfants? Après, nous attendrons d'eux qu'ils respectent les lieux publics en ne gravant pas les bancs de parc ou le flanc des rochers ou, pire encore, les arbres avec des « Marie JE T'AIME ». Pour moi, c'est une question de congruence et de respect.
Coudon! Quelle différence ça fait?

Oktoshop est une galerie et non pas un Musée. Le but de ses jeunes proprios est de mettre en valeur des artistes talentueux dont le travail mérite de sortir de la clandestinité. Souvent figuratives, les oeuvres exposées sont créées à partir des techniques et des médiums de la rue: peinture en cannette, lignes floues côtoyant des traits hyper-définis, coulisses de peinture… Je vous invite à aller saluer Gabriel et Bruno, les deux jeunes hommes qui mènent la barque au 144, rue Wellington Sud. Ils se feront un plaisir de vous parler de la mission qu'ils se sont donnée. Et l'exposition en cours de l'artiste AXE vaut le détour.