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Troublante Louise

 
Photo: Angelo Barsetti

J'ai vu Louise Lecavalier danser hier soir. Je n'ose pas dire que j'ai été déçue, mais à tout le moins déboussolée. Je savais que je ne la verrais pas pirouetter comme au temps de La La La Human Steps, mais je ne m'attendais pas non plus à la voir bouger de façon si lancinante. Croisé juste avant le spectacle, le directeur du Centre culturel, Jacques Labrecque, m'avait pourtant avertie : «C'est lent. Surtout le troisième tableau.»
La première chorégraphie – ma préférée des trois – explorait l'image plutôt convenue du chef d'orchestre. C'est seulement dans cette pièce de Chrystal Pite qu'on a pu apprécier la fougue de la danseuse et voir ses longs cheveux blonds balayer ses épaules, son dos et ses flancs tandis qu'elle se contorsionnait dans toutes sortes de positions. Le duo avec le danseur Éric Beauchesne m'a aussi semblé bâti sur un cliché: ils s'agitaient sur des sons d'oiseaux qui se sont transformés en une musique répétitive et agressante. Le dernier tableau était le plus bizarre. Se glissant tranquillement dans un survêtement de sport, les chevilles renversées dans des running shoes, la danseuse se déplaçait au ralenti, avec une fluidité remarquable, offrant un spectacle à la fois fascinant et exaspérant. Tandis qu'elle rampait au sol, j'ai eu l'image du ver de terre en tête. Et quand elle a relevé son capuchon, ma collègue Julie a pensé au p'tit bonhomme pas d'cou de Bruno Blanchet! Quelques personnes n'ont pu patienter jusqu'à la fin. Malgré mes réserves, je suis contente d'avoir vu danser une si grande interprète.