John Saul : Les Chroniques de Blackstone(La Poupée, Le Médaillon, Le Briquet)
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John Saul : Les Chroniques de Blackstone(La Poupée, Le Médaillon, Le Briquet)

Lors de l’écriture de Que souffrent les enfants, en 1978, John Saul a créé la ville de Blackstone. Par la suite, il a toujours situé les intrigues de ses romans dans cette petite bourgade américaine qu’il connaît maintenant si bien. Résultat: au fil de ses romans, il a donné vie à des personnages et à des familles, liés entre eux par de sombres drames survenus au cours du siècle dernier. «Malheureusement, affirme l’auteur américain dans le prologue de La Poupée, je n’ai pas eu l’occasion d’exploiter toutes les intrigues me venant à l’esprit. Elles auraient impliqué pour le lecteur qu’il lise mes romans dans un ordre précis. D’autre part, je m’étais assigné un défi; me surprendre moi-même en ne planifiant pas d’avance la conclusion de l’histoire. En restant ouvert à de nouveaux rebondissements, ma propre angoisse – celle de remettre à temps les manuscrits – était au service du récit.»

C’est pour ces raisons que les six épisodes des Chroniques de Blackstone s’y déroulent. Le fait qu’ils constituent un feuilleton permet à Saul d’enfin assouvir son désir, car chaque récit dévoile un secret différent, tout en mettant en vedette les mêmes personnages. La démolition de l’asile de Blackstone, fermé depuis plusieurs dizaines d’années, est le leitmotiv de chaque épisode. Suite à l’interruption des travaux, quelqu’un profite de la nuit pour pénétrer dans le vieil édifice et choisir le premier objet maléfique lui permettant de venger les patients de l’asile. Dès que La Poupée entre dans la vie de la famille de Bill McGuire, l’entrepreneur chargé de la reconversion de l’asile en centre commercial, la tranquillité des habitants de Blackstone est bouleversée. Et encore, certains murmurent que la mort tragique de sa femme était prévisible.

Une fois sa première vendetta accomplie avec succès, l’inconnu pénètre de nouveau dans le sanctuaire de l’hôpital psychiatrique, où sont toujours entassés les rares objets ayant appartenu aux patients. Dans Le Médaillon, il n’aura de cesse de régler ses comptes avec tous ceux qui ont été, de près ou de loin, impliqués dans les mystères du lugubre édifice surplombant la ville.

Ce sont finalement les événements tragiques survenus chez les Ward, dans Le Briquet, qui susciteront chez Oliver Metcalf, rédacteur en chef des Chroniques de Blackstone, le journal local, bien des questions. Ils lui rappelleront les dernières paroles de Jules Hartwick, président de la First National Bank, sur le perron de l’asile: «Le Diable, autour de nous, partout. Tu dois l’arrêter avant qu’il ne nous tue tous…» Que voulait-il dire? Il est bien décidé à résoudre l’énigme, avant que l’asile ne fasse d’autres victimes.

Dans ces trois premiers épisodes, John Saul prouve encore une fois qu’il est devenu maître dans l’art de provoquer les frissons de l’horreur et de la terreur. Le suspense est aussi fort d’une histoire à l’autre, et attise notre curiosité grâce à des flash-back sanglants sur les patients soignés – ou emprisonnés – dans l’établissement. Chaque histoire ouvre une porte sur le passé maudit de l’asile tout en épaississant son mystère. C’est avec un malin plaisir qu’on anticipe la suite, dans Le Mouchoir (avril), Le Stéréoscope (mai), et L’Asile (juin). Nuits blanches garanties. Éd. J’ai lu, 1997-98, 126 p., 124 p., 124 p.