Wolfgang Sofsky : Traité de la violence
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Wolfgang Sofsky : Traité de la violence

On est généralement tellement empressé de condamner la violence qu’on essaie rarement de la comprendre. C’est à cette tâche que s’attelle Wolfgang Sofsky dans son Traité de la violence (traduit de l’allemand par Bernard Lortholary).

Le bouquin tente d’expliquer le fonctionnement de la barbarie humaine. Sofsky nous y démontre que, loin d’être un des ratés de la civilisation, la violence s’inscrit tout au contraire dans une logique. Ce Traité lève le voile sur l’horrible cohérence d’un ensemble de pratiques qui lèvent le cour: torture, massacres, combats guerriers, exécutions publiques – les pages sur la guillotine, dans lesquelles on découvre qu’elle «constitue la révolution industrielle dans le domaine de la peine capitale», sont particulièrement intéressantes.
Et, à tous les bien-pensants qui voient dans la culture l’antidote à ces atrocités, Sofsky répond que «les idées grandioses coûtent des sacrifices innombrables. […] Les guerres sont menées au nom des valeurs les plus hautes, les atrocités perpétrées pour exalter les idoles.» Étonnamment, ce Traité de la violence est malgré tout un très beau texte. Tout en jouant la carte de la démonstration savante, Wolfgang Sofsky se laisse très efficacement porter par la force des images et du style. Le livre est finalement d’une lecture des plus agréables, ce qui lui permet de jeter une lumière d’autant plus éclairante sur les horreurs avec lesquelles l’humanité ponctue l’histoire et l’actualité. Éd. Gallimard, coll. NRF Essais, 1998, 217 p.