Le cas Stephen King : Anatomie d'un succès
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Le cas Stephen King : Anatomie d’un succès

Les derniers mois ont vu la parution de pas moins de sept livres signés Stephen King: la version française de Rose Madder, Insomnie en format de poche, une réédition du roman-feuilleton La Ligne verte et une réédition grand format de la série La Tour sombre (Le Pistolero, Les Trois Cartes et Terres perdues), dans le cadre du lancement du dernier tome, Magie et Cristal.

Pas surprenant que l’auteur américain le plus lu au monde nous semble aussi le plus prolifique! Mais ce n’est pas vraiment le cas, affirme Hugues Morin, auteur de la biographie de King, Trente Ans de terreur, premier répertoire en français de l’ouvre du roi de l’épouvante. Après une recherche d’un an pour les besoins de son livre, Morin est la personne la mieux placée pour discuter de l’ouvre de celui qu’on a surnommé le Bestsellosaurus Rex, qui n’accorde pas souvent d’entrevues: les demandes sont tellement nombreuses qu’il ne parviendrait plus à se consacrer à l’écriture à temps plein!

«King n’est pas aussi prolifique qu’on pourrait le croire; il écrit tous les jours ou presque (environ 300 jours par an, selon lui). Même en ne révisant ou produisant que huit pages par jour, ça donne une possibilité de 2400 pages. Donc, avec un roman de 600 à 800 pages par an, en moyenne, depuis quelques années, il n’est pas si prolifique que ça», explique Morin, joint dans son Saguenay natal, via Internet. Selon lui, c’est surtout en français que le phénomène se fait sentir, d’une part parce que, depuis deux ou trois ans, les éditeurs ont rattrapé leur retard de traduction. Par exemple, en publiant Les Yeux du dragon (96) et les deux volets d’Anatomie de l’horreur (95-96), publiés aux USA entre 1981 et 1984. D’autre part, les délais de traduction sont plus courts, notamment dans le cas de La Ligne verte. Sans compter les rééditions en petit format.

Tout porte à croire que King n’est pas souvent victime du syndrome de la page blanche… «L’inspiration lui vient de tout et de rien; il n’a pas de recettes, sinon qu’il pige toujours dans des choses qu’il connaît. D’ailleurs, c’est le conseil qu’il donne aux auteurs débutants. Fait à noter, en vieillissant, il a cessé de mettre en vedette des personnages d’adolescents ou de parents. Quand King avait de jeunes enfants, la terreur naissait souvent de ce qui arrivait aux enfants – par exemple, dans Simetierre. Dans La Ligne verte et Insomnie, il met en scène des personnages beaucoup plus âgés.»

Depuis la parution de la nouvelle The Glass Floor en 1967, King a vu ses ouvres adaptées pour la télévision et le cinéma – il travaille actuellement à la version cinématographique du roman Désolation, qui sera réalisé par Mick Garris pour New Line. «L’engouement des lecteurs pour King s’explique simplement, estime Morin. D’abord, il écrit des histoires intéressantes à lire, en plus d’être un bon conteur. Ensuite, ses récits sont à la portée d’un grand nombre de gens. Les histoires de King se déroulent généralement sur notre planète, dans un petit village ou une petite ville comme il y en a tant. De plus, elles mettent en scène des personnages plus vrais que vrais… mais qui sont aux prises avec un phénomène quelconque. Ainsi, les éléments fantastiques de son ouvre sont plus facilement acceptables, puisqu’ils sont intégrés tout d’abord dans la vie courante des personnages.» C’est en faisant exploser les limites du genre fantastique que King rejoint un si vaste lectorat.
Une mise à jour des documents (bibliographie, filmographie, etc.) de Trente Ans de terreur sera bientôt disponible sur le site Internet des Éditions Alire.
Insomnie, Éd. J’ai lu
Rose Madder, Éd. Albin Michel
La Ligne verte et La Tour sombre, Éd. 84