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Martin Monestier : Les Enfants esclaves

Les Enfants esclaves
(L’enfer quotidien de 300 millions d’enfants)

Au Pakistan, des petites filles âgées de cinq à huit ans bossent dans des briqueteries de quatre heures du matin à dix heures le soir, six jours par semaine, le septième étant consacré aux travaux ménagers, pendant que leurs frères cousent des ballons de football, à raison de trois ballons par jour pour un salaire d’un demi-dollar.

On sait, en voyant le titre de cet ouvrage rapportant des statistiques (et d’insoutenables photos) de l’Unicef et du Bip sur le traitement des enfants à travers le monde, qu’on en sortira ahuri, mais le face-à-face qu’on y fait avec la réalité quotidienne de millions de petits mousses provoque finalement une indistincte émotion: mélange de révolte, d’infinie tristesse, de découragement qui laisse sur le carreau.

Voyez les enfants qui pourvoient aux besoins de la famille, soit en travaillant aux champs, dans les garages, les ateliers ou les chantiers de construction, soit en étant tout simplement vendus à un maître. Voyez les enfants volés pour servir les réseaux de pédophilie, ou être offerts à des militaires sans famille, ou être soumis à une quelconque forme d’esclavage, subissant parfois le prélèvement d’un organe qui sera vendu à mieux nanti. Voyez l’élimination des filles, en Inde et en Chine, et les millions d’enfants dont la naissance n’est jamais déclarée, les promettant à tous les abus. Voyez les escadrons de la mort qui éliminent les enfants indésirables des rues du Brésil. Voyez les smash movies, où sont filmés en trois minutes la torture et l’assassinat d’un enfant. Et quand vous penserez que tout cela se passe bien loin d’ici, vous apprendrez qu’on estime au Canada à plus de 15 000 le nombre de mineurs faisant de la prostitution.

Une des multiples solutions proposées par l’Unicef pour permettre un jour d’abolir le travail des enfants consiste à instituer l’école primaire gratuite et obligatoire: pour cela, explique dans la préface le président du Comité français pour l’Unicef, «il faudrait six milliards de dollars par an d’ici l’an 2000, soit. moins de 1 % de ce que le monde dépense chaque année en armements». Pourquoi éduquer, quand on peut vivre con et armé. Éd. Le cherche midi (coll. Documents), 1998, 271 p.