Jean-Claude Izzo : Solea
Livres

Jean-Claude Izzo : Solea

Avec les deux premiers livres de Jean-Claude Izzo dans la Série noire (les indispensables Total Khéops et Chourmo), on apprit quelques petites choses désormais essentielles: boire du Lagavulin et manger des tomates avec de l’huile d’olive et quelques feuilles de basilic. On a aussi apprivoisé une ville: Marseille, où Izzo est né et vit toujours. A la lecture de ses romans, on se demande bien effectivement pourquoi quitter une cité aussi cosmopolite que prometteuse…

Avec Solea, son troisième livre pour la célèbre Noire, Izzo ramène quelques personnages bien connus: Fabio Montale, son ex-policier favori, Babette, Fonfon et Honorine, etc. Cette fois, alors que Babette a maille à partir avec la toute-puissante mafia italienne, comme toute personne qui en sait ne serait-ce qu’un peu trop sur l’Organisation, Montale tombe en amour avec la douce Sonia. Un amour qui ne durera évidemment pas. Et encore moins longtemps que vous ne pouvez l’imaginer…

Précisons tout de suite que malgré le fait qu’il soit publié dans la Série noire, qu’il y ait effectivement enquête, qu’on y découvre de temps à autre quelques cadavres encore chauds et qu’on suive avidement des poursuites infernales, il ne faut pas se le cacher non plus: Solea («C’est la colonne vertébrale du flamenco», lui avait un jour dit Lole….) n’est surtout pas un roman policier, encore moins un roman noir. Solea, c’est un roman d’amour. Un roman sur l’amour. Sur l’impossibilité de l’amour.

Un roman qui pourrait être triste mais qui ne l’est finalement jamais. Parce que le héros est un homme clairvoyant, jamais pessimiste, mais souvent fataliste. A sa place, on le serait probablement tout autant. On assiste à ces difficiles moments en sa compagnie, et Izzo fait montre d’une telle compassion qu’on comprend le Montale. On comprend ses raisons d’être fataliste à ce point. On comprend qu’il est de plus en plus difficile de croire en l’amour. Qu’il y aura toujours un bête élément extérieur qui viendra irrémédiablement compromettre le bonheur.

On embarque dans Solea aussi facilement que dans les autres romans d’Izzo. Quelques heures après, on en sort repu, content de s’être fait raconter, encore une fois, une saprée bonne histoire, le genre qu’on ne retrouve que dans la Noire. Même si celle-ci est loin d’être fidèle à ce à quoi nous avait habitués cette collection… Éd. Gallimard/Série noire, 1998, 251 p.