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Cette voix

Dans ce pays amnésique, celle que l’écrivaine Hélène Pedneault a qualifiée de «trésor national», la poète chantante Marie Savard, demeure méconnue, en particulier des jeunes qui sauraient tirer enseignement de ses mots. L’occasion est rare de l’entendre en scène: elle présente L’Heure dite, spectacle littéraire dirigé par D. Kimm, à la Petite Licorne. Il faut y courir, pour la pureté d’une parole chargée de vraie vie.

Auteure d’une ouvre qui se distingue par la qualité plus que par la quantité, incluant Les Coins de l’ove (1965), Journal d’une folle (1975) et Bien à moi (1979), ses Poèmes et chansons ont été réunis en 1992 aux éditions Triptyque. Car Marie Savard chante aussi: quelques microsillons parus entre 1965 et 1981, dont Québékiss et La Folle du logis, sont des pièces de collection qu’on aimerait voir rééditées en CD.

Marie Savard en scène: un moment de vacances, voyage intérieur; suffit d’y être et de se laisser (em)porter par les mots et la voix. Sa voix singulière, rocailleuse, nasillarde, un filet puis un torrent, sans en remettre, sans surcharge, fait naître des cascades, des paysages, un pays… Avec la complicité sans faille de Monique Fauteux aux claviers et à la voix, la poète enfile les plus belles perles de ses cahiers.

Est folle, La Berceuse du pays, Isabeau, Courtisanes, La Neige chaude sont de petits bijoux où s’emmêlent le drame, le rire, la tendresse et la conscience. Bonjour mon beau, chant d’amour de «la blonde d’un chômeur», est un chef-d’ouvre. Pour le plaisir, elle nous sert aussi La Vie d’factrie de Clémence DesRochers, et Le Temps des cerises. Moments de grâce, d’émotion, d’authenticité. S’il y a encore des amateurs de mots pesés, de chants profonds…

L’Heure dite
de Marie Savard
A la Petite Licorne
Les 12, 13 et 14, 19, 20 et 21 novembre à 22 heures