Vivre et penser comme des porcs : De l’incitation à l’envie et à l’ennui dans les démocraties-marchés
Vivre et penser comme des porcs est un petit essai de Gilles Châtelet qui nous arrive de Paris bardé de comptes rendus élogieux; le bouquin a fait là-bas un certain remous dans la mare aux idées reçues sur la mondialisation.
Vivre et penser comme des porcs propose une critique des lieux communs dont ne cessent de nous abreuver les nouveaux économistes. Châtelet s’en prend avec virulence à tous ceux pour qui l’avenir doit rimer avec privatisation et déficit zéro. Il y démontre que, loin de vivre à l’heure de la démocratie triomphante, nous sommes plutôt à celle du totalitarisme marchand.
Pareils propos ne sont certes pas nouveaux; il s’agit simplement d’une leçon qu’on se doit de répéter: l’économie et la politique contemporaines sont productrices de pauvreté et de conformisme. A cause d’elles, la plupart d’entre nous sommes condamnés à… vivre et à penser comme des porcs! Mais il y a un problème avec ce livre. Châtelet traite la question d’un point de vue très étroitement français. Il faut être passablement au fait de l’actualité d’outre-Atlantique pour réussir à suivre sa démonstration. Et son argumentation donne dans la très haute voltige conceptuelle – ce qui n’est pas un défaut en soi, sauf qu’ici, ça déçoit, surtout après la lecture de l’«Avertissement» sur lequel s’ouvre le bouquin. Le meilleur de Vivre et penser comme des porcs tient dans ces sept premières pages où Châtelet présente l’essentiel de son propos avec une verve des plus stimulantes, qui nous conduit à conclure avec lui que le temps est venu de faire «plus de vagues et moins de vogues»! Mais si cette introduction se lit d’une seule traite, le reste des 140 pages s’avale de travers. Éd. Exils, coll. Essais, 1998, 148 p.