Julie Bélanger : Chloélia ou L'Été suédois
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Julie Bélanger : Chloélia ou L’Été suédois

Un roman écrit par une adolescente de 14 ans, cela fait figure d’événement. Soulignons donc la parution de Chloélia ou L’Été suédois, de Julie Bélanger, neuvième titre de la collection «Génération 90», chez Balzac/Le Griot.

A la mort de ses parents, neuf ans plus tôt, Chloélia a été recueillie par un oncle et une tante qui ne prisent apparemment plus le caractère belliqueux et la désinvolture de la petite, maintenant âgée de 16 ans. Alors qu’ils menacent de l’envoyer chez une grand-tante, en Australie, qui saura lui mettre du plomb dans la tête, Chloélia s’enfuit de la maison, saute dans le premier train, et atterrit, on ne sait où, dans ce qui semble être un véritable village western. Grâce à son amour des chevaux et, surtout, à sa ténacité, elle décroche un emploi de palefrenière dans un ranch tenu par une famille suédoise.

Ainsi commence pour Chloélia un été qu’elle n’est pas près d’oublier, plein d’aventures et de dangers, et qui pourrait sembler réaliste si ce n’était que la sympathique tomboy y tient plus souvent qu’à son tour le meilleur rôle. De la palefrenière hors pair, de la championne équestre, de l’adorable tête de mule, de la brave et courageuse et intelligente et généreuse et compréhensive amie, et, bien sûr, de l’amoureuse comblée. Un été dont on rêve à l’adolescence, et qui, à ce titre, pourra faire pour les lecteurs, et surtout les lectrices, une intéressante histoire.

Plusieurs coquilles se sont malheureusement glissées dans le roman. Plusieurs lieux communs, également (la fille «belle lorsqu’elle est en colère», le garçon à la «carrure athlétique» et «au regard d’acier», le père qui ne sait pas exprimer ses émotions, etc., etc., etc.), qui tendent à ranger Chloélia du côté du roman Harlequin pour la jeunesse. On aime ou on n’aime pas. Julie Bélanger a certainement des talents de conteuse, un amour du français et un enthousiasme qui lui font honneur. Mais est-ce qu’on n’aurait pas dû aussi encourager la jeune auteure à éviter la caricature? Lui suggérer de trouver une nouvelle façon d’exprimer les choses, ce qu’on appelle un style? Ainsi, Chloélia ou L’Été suédois aurait pu véritablement, comme on l’annonce dans le communiqué de presse livré par l’éditeur, «bousculer nos idées reçues de "baby-boomers" sur les générations montantes, que l’on dit peu littéraires et peu enclintes (sic) à la lecture». Ce serait service à rendre aux auteurs autant qu’aux lecteurs, peu importe leur âge. Éd. Balzac, Balzac/Le Griot éditeur, coll. «Génération 90», 1998, 181 p.