Don Campbell : L’Effet Mozart
On savait que la musique adoucissait les mours. Don Campbell veut nous faire croire qu’elle soigne, voire qu’elle guérit. Digne fils d’Alfred Tomatis, grand gourou des adorateurs de l’oreille, le monsieur est grand prêtre des thérapies acoustiques. Petit cancer par-ci? Petit ulcère par-là? Dépression? Psychose? Branchez-vous sur Mozart, et que ça saute!
Du point de vue des fondements, la théorie des musicolothérapeutes adopte l’architecture fondamentale de la pop-psychologie. Généralisation à outrance suivie d’un bémol pour rétablir l’accent politiquement correct. Enthousiasme débridé sur fond de fausse rigueur. Et surtout, surtout, acclamations des évidences. On aime la musique, sans quoi elle n’existerait pas. On aime les chiens aussi. Résultat: la zoothérapie. Et la mer, profusion de stations balnéaires, de spas réénergisants.
Le maître Tomatis a connu ses heures de gloire au début des années 80, époque de la polémique entre visuels et auditifs. Les adeptes de la chose avaient même «découvert» que la forme de l’oreille reproduisait parfaitement celle du fotus dans le ventre de sa mère, raison satisfaisante pour se brancher sur l’ombilic de la stéréo et écouter des enregistrements de borborygmes pendant des heures.
Y a pas de mal à se faire du bien. Monsieur Campbell fait manifestement dans la tautologie en insistant sur les bienfaits de la musique, et de Mozart en particulier. Comme pour la danse qui exalte le mouvement, la musique harmonise les sons pour créer des effets d’ensemble jouissifs. Que ça fasse du bien, yé! Que ça devienne le fondement d’une nouvelle religion présentée comme une science, pas d’accord.
Cela dit. Quand on se tape un cancer en phase terminale et que les médecins baissent les bras, pourquoi pas? L’histoire médicale regorge de guérisons miraculeuses, comme celle de cet homme qui s’est enfermé dans un hôtel de New York pour partouzer pendant tout un week-end. C’est en s’éclatant à brides abattues que le monsieur fit régresser sa tumeur. Je vote pour la baise. Si vous préférez la musique, lisez Don Campbell. Et si on essayait la trithérapie: faire l’amour devant son chien en écoutant Mozart? Éd. de l’Homme, 349 p.