Jack Kerouac écrivait essentiellement sur sa vie; pas étonnant que la plupart des ouvrages consacrés à l’écrivain se penchent sur l’homme plus souvent que sur son ouvre. Les biographies de Kerouac se comptent désormais par dizaines. Et L’Ange déchu, Une vie de Jack Kerouac, de Steve Turner, n’avance pas grand-chose qu’on ne sache déjà sur le petit Franco-Américain devenu l’un des plus importants écrivains du siècle.
L’intérêt du livre vient plutôt du fait que L’Ange déchu est un rare plaisir pour les yeux. Sur la couverture du bouquin, on aurait dû faire figurer, à la place du nom de l’auteur, celui de Simon Jennings, le concepteur artistique de l’ouvrage. Toute la valeur du livre tient en effet à la qualité de sa mise en pages et de ses illustrations.
L’Ange déchu est avant toute chose une ouvre d’art graphique, dont l’esprit est parfaitement fidèle à l’univers littéraire de Kerouac. Pour le texte, Jennings a utilisé un caractère évoquant celui des machines à écrire, rappelant les tapuscrits de Kerouac. A plusieurs occasions, comme on le voit sur la jaquette du livre, on a reproduit des extraits de l’ouvre de Kerouac en introduisant dans le texte des ratures et des notes qui, en «jazzant» les illustrations, rendent superbement compte de l’esprit de la prose spontanée du «roi des beats».
Le livre est rempli de photographies qu’on a rarement eu l’occasion de voir ailleurs. Les dernières pages abondent en images dévoilant d’une manière presque indécente la déchéance alcoolique de Kerouac. L’Ange déchu est loin d’être «la» biographie définitive de Kerouac. Mais le livre propose ce qui est sans aucun doute la meilleure illustration de son ouvre. Éd. Mille et une nuits, 1998, 224 p. (P. M.)